Adoptée et maltraitée [Terminé]

Chapitre XXI

Je marche lentement, pour ne pas créer un effet de surprise négative. Je ne sais pas de quoi cette chose (personne ?) est capable.

Arrivée à ses côtés je m'accroupis pour me rapprocher le plus possible d'elle.

- Yann ?

Cette question n'était qu'un murmure, à peine audible. Elle n'a pas bougé. Pourtant il faut bien que je sois fixée. J'inspire encore un grand coup, puis repose ma question, plus fort.

- Yann, est-ce que c'est toi ?

La masse se met alors à bouger. Quand elle se retourne vers moi toujours en position foetale, je remarque immédiatement les yeux trop rapprochés bien que fermés, le petit nez frémissant et les lèvres toujours aussi roses de mon frère cadet. Ce qui m'est inhabituel par contre c'est la présence d'hématomes bleus violacés en dessous de son oeil droit, des cernes sombres qui entourent ses deux yeux d'enfants, ses joues qui étaient autrefois relevées et pleines d'entrain étaient maintenant tombantes et fatiguées. Ce garçon que j'ai en face de moi n'est que la version ratatinée de mon propre frère. Mon coeur se fend instantanément à cette constatation.

Lorsque je me tourne vers Chris, je suis un peu rassurée qu'il ne nous ait pas quitté du regard. Il articule un « c'est lui ? » auquel je réponds de la tête par l'affirmative. Il me regarde alors avec l'air de me dire « qu'est-ce que tu attends ? ». Je décide immédiatement d'agir et lui fait signe de venir. Depuis que mon petit frère a fait ressentir sa présence, Chris et moi faisons du mieux que nous pouvons pour ne pas faire de bruit. Peut-être parce que cette masse de chair n'a plus rien de celui avec qui j'ai passé toute ma vie, peut-être qu'il est devenu agressif, peut-être même qu'il ne me reconnaîtrait pas s'il se réveillait maintenant. Je ne peux être sûre de rien. Chris et moi nous débrouillons pour le soulever doucement, moi prenant l'épaule gauche et lui l'épaule droite. Maintenant que nous sommes assez proche de lui, l'odeur qui émane de Yann est agressive et prononcée. On dirait un mélange de sueur, de boue et d'humidité - à moins que ce ne soit la moisissure. Il y a également une autre odeur, que je n'arrive pas à identifier.

Nous arrivons tant bien que mal à sortir de cet endroit sombre et lugubre, si bien que la lumière du jour nous éblouit à notre sortie. Une fois à l'extérieur, la réalité me frappe en plein visage et je regarde Chris à ma droite d'un air interrogateur. Nous déposons notre charge dans l'herbe à côté de la niche. Il n'est toujours pas conscient.

- Et maintenant ?

- Je comptais justement sur toi !

Je sais que je suis la plus grande, mais si on y réfléchit bien tout ce qui nous est arrivé jusqu'à présent c'est grâce à lui. Le regard de Chris se reporte sur le corps inanimé devant nous. Je vois une pointe de panique y faire son chemin.

- Rachel, est-ce que... Est-ce qu'il est...

- Non !

Je me précipite sur Yann pour tâter son pouls. Je savais qu'il était vivant mais il fallait que je m'en assure. Je m'assois finalement à côté de lui avant de soupirer grandement.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? Je demande une seconde fois, cette fois plus pour moi même.

Yann est dans un état critique, nous ne pouvons pas aller en route en traînant un corps à moitié mort, d'ailleurs pour aller où ? Je ne veux plus remettre les pieds dans un orphelinat, la police risque soit de ne pas nous croire ou de nous renvoyer à l'orphelinat, pour ce qui est de l'hôpital nous n'avons même pas d'argent.
Je soupire encore en me rendant compte d'à quel point nous sommes encore plus dans les problèmes que lorsque nous étions chez Ben. Je frissonne d'horreur en repensant à lui.

- Je pense qu'on a besoin d'aide.

Je ris presque à la remarque de mon petit acolyte.

- Bien sûr mais qui va vouloir nous aider ? Nous sommes seuls sur ce coup. À moins que tu ne connaisse quelqu'un.

Je le regarde dans les yeux, guettant un signe quelconque.

- Non, dit-il en baissant la tête, puis après un moment de réflexion il l'a relève. J'ai bien une idée mais elle inclut de vous séparer encore...

Il me regarde timidement. Bien sûr je n'ai pas envie d'une autre séparation mais je le laisse continuer quand même.

-... On peut passer un appel anonyme à l'hôpital et leur indiquer où il est. Ils prendront soin de lui et trouveront un moyen. Et quant à nous, bah on verra bien.

Je deviens instantanément triste et plus encore lorsque je vois la logique de son idée. Je regarde mon frère à côté de moi, mon coeur se serre dans ma poitrine alors que j'essaie en vain d'empêcher des larmes de couler.

- Sans doute c'est la meilleure solution pour lui...

Je regarde une dernière fois son visage vieilli par les rides et les bleus qui se sont formés sur celui-ci. Je dépose un baiser sur son front mouillé par la sueur avant de finalement me lever. Pendant que Chris reste avec lui, je cherche la cabine la plus proche dans laquelle je décris la situation de Yann et l'endroit où il est avec les dernières pièces dont je dispose. Ensuite nous allons nous cacher dans un endroit reculé d'où nous voyons l'ambulance arriver et repartir après l'avoir prudemment mis à l'intérieur. Je pleure à chaudes larmes, Chris ne parle pas et je lui en suis reconnaissante. Nous restons comme ça un bout de temps encore avant de décider de nous en aller, peu importe où la route nous mènera.

Je m'excuse sincèrement d'avoir été si longue.

Voici donc la fin de l'histoire (mais il reste l'épilogue). Qu'est-ceque vous en dites ? Elle est plutôt triste hein 😢

Je vous aime tous-tes.
God bless you all
Kisses :-**

PS: Merci à ArmyForlife254 de m'avoir poussée à terminer ce chapitre 😊