Chapitre XV

2.3K 198 6
                                    

    Malgré tous mes efforts mes faibles doigts n'y peuvent rien, quelqu'un est en train de m'étrangler.

    Une fraction de seconde avant que je ne perde connaissance les doigts autour de mon cou se desserrent et l'air pénètre à nouveau dans mes poumons. Ce retour brutal d'oxygène me fait mal à la poitrine et me cause de tousser violemment.

    Lorsque je regarde autour de moi, il n'y a personne. Pas une seule ombre. Seulement moi et les meubles dans l'obscurité. Pourtant ma respiration est toujours saccadée, en attendant de reprendre son rythme habituel. Je sens même encore le mal qu'a subit mon cou il n'y a même pas une minute.

- Qu'est-ce qu'il t'a dit ?

    Je sursaute en entendant Ben sortir de la salle de bain, le visage aspergé d'eau. Je suis surprise autant par sa présence ici que par l'agressivité contenue dans sa voix.

- C'est vous qui avez fait ça ? C'est vous qui avez voulu me tuer ? Demandai-je d'une petite voix entre deux toux.

- Si j'avais vraiment voulu te tuer, je l'aurais fait depuis longtemps. Mais je ne peux pas, vous êtes des petits chanceux tous les deux. Il s'approche de mon lit et se place face à moi avant de poursuivre: Maintenant dis moi ce qu'il t'a dit et...tout...de...suite.

    Son regard est sévère sur moi. J'avoue qu'il me fait un peu - beaucoup - peur. Je ne sais pas si je devrais lui dire. Bien sûr que non ! Il va m'enfermer et m'empêcher de voir Yann.

- Je ne sais pas de quoi vous parlez. Dis-je doucement et en baissant les yeux.

- Ne me prends pas pour un idiot !

    Il cogne son poing sur le bord du lit jusqu'à faire trembler celui-ci, me faisant sursauter encore une fois. Je ne l'ai jamais vu dans cet état, il y a de quoi être tétanisée. L'instant d'un moment je considère sérieusement l'option de prendre mes jambes à mon cou pour fuir d'ici. Mais premièrement je suis encore sous le choc de ce qui est en train de se passer et ensuite je n'ai aucune chance à une course poursuite contre lui dans sa propre maison. Alors je me contente d'écouter ses réprimandes. Il est toujours dans un état terrifiant.

- Je sais que tu es allée le voir aujourd'hui. Je l'ai retrouvé plus fort que je ne l'avais laissé. Et il y avait des miettes de pain sur lui. Ses liens n'étaient même pas serrés. Je n'ai pas envie de te faire du mal alors ne me pousse pas à bout.

    Je déglutit avant de réfléchir. Ses deux poings sont toujours fermés et très serrés. Je ne veux pas en recevoir un en ce moment. Ni à aucun autre d'ailleurs. Mais je ne peux définitivement pas lui dire que je sais peut-être où il garde Yann. Il faut que je trouve quelque chose de crédible à lui dire.

- OK Ok je vais parler, mais s'il vous plaît ne me faites pas de mal.

    Je prends la voix la plus sincère et innocente possible avant de commencer mon récit.

- Je suis tombée dans cette salle par pur hasard. Lorsque je suis arrivée Chris était complètement KO. Il n'arrivait presque pas à aligner deux mots. (Ce qui n'est pas totalement faux.)  Alors je suis partie lui chercher à manger. Mais je ne savais pas exactement quoi lui prendre donc j'ai mis un petit moment à chercher. Puis lorsque j'ai trouvé ce qui aurait pu faire l'affaire, le préparer a aussi mis un certain temps. Du coup en remontant je me disais qu'il fallait que je me dépêche parce que je pensais que vous alliez bientôt rentrer.

    Un regard dans sa direction me dit qu'il a l'air de me croire. Mais il reste sur ses gardes et me regarde d'un air sévère. Je continue tout de même mon histoire. J'ai lu quelques part que pour qu'un mensonge soit crédible il faut qu'il se rapproche le plus possile de la réalité.

- Il était très faible et le temps pour lui de terminer son pain il était déjà 14 heures. Alors j'ai filé en faisant du mieux et plus rapide possible pour que vous ne vous doutiez de rien. Malheureusement je vois que j'ai lamentablement échoué.

    Je baisse la tête comme si je lui présentais des excuses.

- Ce que tu viens de me raconter est-il vrai ? Parce que j'espère pour toi que ça l'est. Je vais tout à l'heure interroger le petit garçon, tu as intérêt à avoir la même version que lui.

    Je me demande pourquoi il prend ça autant au sérieux. Il m'a pour ainsi dire kidnappée, c'est normal que je veuille m'enfuir. Non ? J'espère vraiment que la version de Chris va coller avec la mienne et qu'il ne va pas craquer. Il est si fragile. Je m'en voudrais tellement s'il lui arrivait quelque chose à cause de moi.

- Écoute moi bien, dit-il avec une voix qui s'est radoucie instantanément. Je veux pouvoir vous faire confiance, vous laisser la maison et sortir sans inquiétude. Mais pour ça il faut que vous me respectiez et que vous fassiez ce que je dis OK ?

    Il me caresse la joue avec tendresse après avoir prononcé ces paroles. Il y a une seconde il était prêt à casser le lit.

- Tu lui ressemble tellement, ajoute-t-il en regardant mon visage avec attention. Qu'est-ce qu'il raconte ?

- À qui ? Demandai-je naïvement

- À ta mère

Roulement de tambourrrrrrrr. Ça me fait du bien de faire des fins comme ça. Alors, d'après vous de quoi est-ce que Ben parle ? J'ai hâte d'écrire le prochain chapitre. C'est en quelques sortes le pourquoi du comment de l'histoire. N'oubliez pas de voter et de commenter
God bless you all
Kisses :-**

Adoptée et maltraitée [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant