Note aux lecteurs : Ce chapitre fait encore parti du prologue de " Que sont-ils devenus ? ", les prochains chapitres seront plus longs.
Des bruits de pas tirèrent Joe de son assoupissement. La femme d'une soixantaine d'années qui occupait la cellule en face de la sienne dût les avoir entendu elle aussi car elle releva faiblement la tête. Un bip informatique l'alerta de l'ouverture de sa cellule. La porte vitrée pivota, laissant entrer deux femmes dont on ne devinait la féminité que par la légère bosse que faisait leur poitrine dans leur combinaison. Elles tiraient derrière elles un chariot garni de fioles de produits et de seringues de différentes grosseurs.
- C'est le combien ? demanda la première avec une voix étouffée par le masque qu'elle portait.
- Le numéro 8. répondit la seconde en s'approchant de lui.
Joe se colla au mur, il sentit la froideur du ciment dans son dos.
La plus grande des deux lui attrapa fermement les poignets et les chevilles puis les enferma dans des lanières en cuir, présentes à cet effet, sur le côté de son matelas. Il ne tenta même plus de résister, il était déjà bien assez faible comme cela. Elle resserra les liens jusqu'à lui couper la circulation, ce qui le fit grimacer. Puis, l'autre rempli une seringue d'un liquide verdâtre et chercha d'un coup d'œil la veine la plus apparente de Joe. Elle bloqua la pointe de l'aiguille sur sa peau et la poussa d'un coup dans la veine. Le liquide se répandit petit à petit dans son organisme, parcourant son sang, entrant dans ses muscles. Joe commença à avoir chaud, comme une fièvre sans merci ayant le pouvoir de le tuer sur place. Puis, il ressentit des brûlures intérieures qui se mirent à le démanger, et à devenir graduellement de plus en plus douloureuses. Il avait l'impression qu'on le brûlait vif de l'intérieur. Des gouttes de transpiration coulaient le long de sa nuque, sur son front, créant d'énormes flaques sombres sur son T-shirt. Tout était flou autour de lui car ses yeux étaient baignées de larmes de douleurs. Il planta ses ongles dans ses paumes jusqu'au sang. Lorsque le liquide atteignit son paroxysme, il poussa un hurlement glaçant suivi par de petits gémissements.
- Arrêtez... Arrêtez... les supplia-t-il, à bout de force. Je ne suis plus des leurs. Je ne suis plus des leurs.
Ses quelques paroles l'avaient essoufflé, il se cambra dans ses liens en ressentant une nouvelle vague de brûlure l'envahir.
- De quoi as tu besoin ? demanda l'une des deux femmes en plaquant sa main contre son ventre pour le maintenir contre le matelas.
- Je... J'ai besoin de... commença Joe en grimaçant.
Une lutte intérieure se déroulait en lui : sa conscience contre l'infection. Il voulait leur dire. Leur dire qu'il avait besoin de sa liberté, de cette jeune fille brune dont il ne se souvenait plus du nom. Ne s'appelait-elle pas Angie ? Non, ça n'était pas elle. N'était-elle pas rousse avant ? Des flashs s'éveillèrent dans son esprit pendant de longues secondes. Puis, torturé par l'infection qui faisait rage dans ses veines, n'en pouvant plus de la douleur atroce qu'il éprouvait, il finit par laisser son corps parler, arrêtant de lutter.
- J'ai besoin de ma Reine. dit-il d'une voix étranglée.
La plus petite secoua la tête d'un air navré. Elles le détachèrent et quittèrent la cellule, le laissant avec ses membres douloureux et courbaturés. Comme d'habitude, il avait perdu.Les nuages n'avaient toujours pas changés de place lorsque Barbie arriva à l'immeuble qui abritait les bureaux de rédaction du quotidien pour lequel travaillait Julia. En quelques minutes, il arriva devant la porte et ne prit même pas la peine de toquer. Julia était plantée devant la baie vitrée, elle ne se retourna pas.
- Barbie, on doit réunir les autres. Je crois que rien n'est terminé. Et que tout commence.
- Je sais, j'ai à te parler d'une ou deux choses qui me sont arrivées tout à l'heure.
Elle fixa l'horizon puis remonta son regard vers celui de Barbie.
- J'ai vu une étoile rose.C'est dans la nouvelle résidence de Big Jim que tous se réunirent le soir même, une fois la nuit tombée. Dans un bureau richement décoré où des meubles en bois d'époques côtoyaient des fauteuils en hermine. Ils y étaient déjà venus il y a une quinzaine de jours, et voir l'ancien conseiller municipal en costume trois pièces leurs faisait toujours la même impression étrange. Hunter était installé dans son fauteuil roulant derrière le bureau, concentré comme à son habitude à pianoter sur son clavier. Lily était à côté de lui, elle avait posé son bras sur son épaule dans un geste affectif. Barbie entra en dernier juste derrière Julia et Jim, et referma la porte. L'atmosphère était lourde dans la pièce, personne ne bougeait à part les doigts nerveux de Hunter. Jim s'installa lourdement dans l'un des fauteuil et posa ses bras sur les accoudoirs. Il fit un léger signe de la main avant de prendre la parole.
- Hé bien, que la deuxième réunion sur une histoire de cinglés datant d'il y a un an commence.
Julia esquissa un faible sourire, puis s'assit elle-aussi sur un canapé. Barbie, lui, posa ses mains sur le dossier et se mît distraitement à triturer l'une des mèches rousses de Julia entre ses doigts. Indy, le chien de Jim, vint s'installer avec un naturel touchant sur l'assise de la place à côté de Julia.
- Vous avez réussi à retrouver Norrie ? demanda-t-elle en se tournant vers Hunter.
- Je crois bien que oui. Mais j'ai l'honneur de vous annoncer qu'elle a changé de coupe et de couleur de cheveux. Et je pense que depuis, son coiffeur est en prison pour le crime qu'il a commit.
Il appuya sur une touche de son clavier et un video-projecteur se mît en marche. L'image de l'ordinateur fût retransmit sur un écran de cinéma situé sur le mur derrière lui, permettant à tous d'y voir clairement.
- Sympa la salle de ciné. commenta Barbie en souriant légèrement.
- Mon nouveau poste a du bon, niveau salaire. répondit Big Jim.
Hunter diffusa une capture provenant d'une caméra de surveillance située dans un aéroport de Syrie, datant de la semaine précédente. Des militaires en uniformes étaient disséminés parmi les passagers, semblant attendre quelque chose, ou quelqu'un. Il zooma sur le visage de l'un d'eux, qui tenait son casque réglementaire dans la main. Ils eurent tous du mal à reconnaître Norrie, ses traits semblaient creux et fatigués, elle avait minci et son changement capillaire était déstabilisant.
- J'ai un peu fouillé dans les affaires de l'armée. commença à expliquer le hacker. Illégalement, cela va de soi. Une certaine Jekkins fait parti de cette section. Et il n'y a qu'une seule femme.
- Tu as des nouvelles d'elle ? Parce que ce monde, c'est pas pour une ado d'à peine 18 ans.
- Non. Juste qu'elle a loupé son intervention ce matin, c'est écrit dans un journal de bord.
- Bon... Je suis le mieux placé pour savoir que l'armée est un milieu coupé toute communication, mais si jamais tu arrives à la contacter...
- Je vais faire mon possible.
Jim s'affaissa dans son dossier en réprimant un grognement agacé.
- Hé rouquine, je croyais que tu avais des événements spectaculaires à nous raconter ? dit-il à l'intention de Julia.
Julia bascula sa tête vers l'arrière, croisant le regard de son amant. Il posa sa main sur son épaule. Tous étaient pendus à leur lèvres, seule Lily semblait plus absorbée par l'écran d'ordinateur.
- J'ai vu une étoile rose ce matin. déclara Julia en plongeant son regard dans celui de l'ancien conseiller municipal.
- J'ai été appelé pour une intervention ce matin, le ministre avait été prit en otage, avec sa femme, et sa fille. Et parlons de sa fille justement. Il s'agit de Mélanie. Elle vit dans un nouveau corps mais elle récupère parfois son ancien, je ne sais pas comme l'expliquer. Elle m'a transmit un message : celui de ne pas chercher à les arrêter ou nous allons regretter de ne pas être mort sous le dôme. Ce sont ses mots.
Jim contracta sa mâchoire, ses yeux se froncèrent et son visage se referma.
- Je retire ce que j'ai dit sur les mauvais films : Apparement, même lorsque l'on voit le cadavre, ils sont toujours en vie.
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After The Dome [ Tome 1 : L'Invasion ]
FanfictionIl y a un an, un dome invisible s'est abattu sur Chester Smill, nous séparant du reste du monde. Il nous a fait subir de multiples épreuves, allant même jusqu'à nous pousser à la guerre. À présent que le dome est tombé, cela voudrait-il dire que tou...