Chapitre 4 - Je ne suis jamais partie

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Note : L'apparition d'un lecteur gagnant d'un mini-jeu sur Twitter ne sera présente que dans le chapitre 5 pour des raisons de scénario.

De longues secondes passèrent, une flaque rouge commença à se former dans le T-shirt de Norrie, à l'emplacement de son cœur. Ses yeux fermés rendaient son visage éteint et morne. Joe regardait son corps inerte. Son sang se mît à affluer à toute allure dans ses veines, son souffle s'accéléra, son cœur battit plus fort, sa gorge se serra. Il se déroulait quelque chose en lui : de la tristesse, de la rage, de la colère... Soudain, sa mémoire se mît à fonctionner à plein régime, il fut assailli de milliards de flashs en quelques secondes. Son baiser devant la bombe qui explosait, Barbie lui annonçant que sa sœur avait été tué, c'était elle qui s'appelait Angie, la réalité alternative, sa première fois avec Norrie... Norrie. Celle qui venait de se faire tirer dessus était Norrie. Il se mît à courir sur ses frêles jambes jusqu'au corps de sa petite amie.
- Norrie, Norrie ! cria-t-il de toutes ses forces.
Il se baissa à son chevet, écartant les mèches de cheveux noirs qui chatouillaient son visage. Des larmes coulèrent sur ses joues, il éclata en sanglot, prononçant son prénom avec désespoir. Il se retourna vers Barbie, qui tenait toujours son arme dans la main, et qui regardait la scène avec l'émotion d'un assassin ayant déjà vu trop de victimes pour s'en émouvoir. Il allait le tuer. Lui arracher le cœur et le vider de son sang. Pour ce qu'il avait fait à son aimée et à tout les autres. Son regard retomba à nouveau sur le visage endormi de sa rouquine. Il passa ses mains sur ses joues encore humides. Il approcha son visage du sien, son souffle caressant la peau fragile de ses pommettes.
- Norrie... Je suis revenu pour toi, alors reviens pour moi. déclara-t-il dans un murmure.
- Je ne suis jamais partie.
Norrie rouvrit les yeux et esquissa un sourire. Elle captura les lèvres de Joe et l'embrassa passionnément, passant ses bras derrière sa nuque. Cela faisait un an qu'elle attendait ça, ce contact charnel, la douceur de ses lèvres, la passion de son baiser. Un an qu'elle était devenue quelqu'un d'autre, un être aussi froid que la pierre, une tueuse sans remords et sans conscience. Le corps de Joe fourmillait. L'infection venait de perdre une bataille. Une grande bataille. Lorsqu'ils se séparèrent enfin, essoufflés, Norrie se redressa pour se porter à la hauteur de son petit ami.
- Comment... ? Il t'as tiré dessus. Ce sang...
Il passa ses doigts dans le liquide visqueux coulant sur sa poitrine.
- L'émotion faisant de toi un Humain est le deuil, on l'avait bien vu avec Sam. Quelqu'un que tu aimais devait mourir devant tes yeux pour que tu le ressentes assez violemment pour te débarrasser de l'infection. C'était une balle à blanc. Et ça, juste une poche de faux sang cachée sous ma veste.
Elle retourna le tissus de son gilet, désignant un petit cube en volume imbibé de faux-sang. Barbie s'était approché du couple, son visage camouflé par la relative pénombre ambiante.
- Hé Joe, ça va ? Content de te revoir. dit-il en lui tendant la main pour l'aider à se redresser.
- J'avais pour ambition de te tuer il y a moins d'une minute. Mais je vais bien. Merci. répondit-il en hochant la tête, puis en s'aidant de l'aide proposée pour se relever.
- Tu m'as tellement manqué. lui souffla Norrie à l'oreille après s'être remise debout.
Elle passa son bras sous l'épaule de Joe pour l'aider à marcher, celui-ci étant épuisé par les quelques efforts qu'ils venaient d'accomplir.
- Même avec cette merde dans le corps, je pensais sans cesse à ton visage. sourit le jeune homme.
- Bon, les amoureux, c'est très mignon, mais faudrait y aller. déclara Barbie.
- Quelqu'un arrive ! cria à voix basse Julia.
En effet, des bruits de pas clapotèrent sur le carrelage du couloir. Des lampes torches étaient braquées à quelques mètres d'eux. Le bruit caractéristique de sécurités de revolver que l'on dégoupille retentirent.
- Ne bougez plus ! Un infecté est dangereux et agressif ! tonna un homme au timbre grave.
Entre Joe, Norrie et Julia, seul Barbie constituait un obstacle pertinent. De plus, la luminosité jouait à leur désavantage : ils étaient vu mais ne pouvait voir à cause de l'éclat des lampes.
- Cet infecté ne l'est plus. tenta Julia pour gagner du temps. Nous savions comment le guérir.
- Ces mecs sont cons et bornés, Julia. Ils ne t'écouteront pas. Et dans le pire des cas, ils n'arriveraient pas à tirer un éléphant dans un couloir. déclara Dale.
- Dale, ne les énerve... essaya de lui souffler la rousse.
- Mais allez, gros tas, montres un peu ce que t'as dans le ventre. Vous n'êtes que des lâches.
Il avança vers eux, jusqu'aux canons de leurs armes, un sourire narquois peint sur le visage.
- À terre, les mains sur la tête connard, avant qu'on te descende pour de bon. rugit le militaire en redressant son arme vers sa tête.
- Mais j'attends que ça.
Barbie profita de la tension des hommes pour glisser sa main vers sa ceinture.
- Fuyez ! cria-t-il.
Il dégaina soudainement son revolver et tira à bout portant dans les jambes du premier.
Celui-ci s'effondra en hurlant sur le sol, dans un réflexe il tira au hasard dans le couloir. Derrière Barbie, un cri féminin retentit. Puis il sentit du mouvement, signe qu'ils avaient commencé à courir. Il arracha une lampe torche des mains du second et lui braqua en plein visage. Pendant la fraction de seconde durant laquelle la vision de son adversaire dût s'adapter, Barbie en profita pour propulser son poing dans son menton et donna un ferme coup de pied à la main tenant le revolver. Celui-ci virevolta dans les airs avant de rebondir et de glisser sur le sol. Mais le troisième, que Dale n'avait même pas aperçut, agrippa fermement sa chemise et le projeta contre le mur. Son dos cogna fermement le ciment, il grimaça et expira une grande quantité d'air au moment de l'impact. Il sentit une vive douleur traverser son ventre et voulut riposter immédiatement. Mais un métal froid posé sur sa tempe stoppa son mouvement.
- Un geste de plus et j'te descend. siffla la voix d'un homme aux allures vocales féminine.
Dale redressa la tête, geste que suivit le revolver. Soudain, une fumée étouffante se mît à émaner de la militaire, qui tomba en arrière, comme en proie d'une crise cardiaque foudroyante. Barbie porta la main à sa gorge, ayant du mal à respirer. Il étouffait à petit feu, de violentes quintes de toux secouaient son organisme, ses poumons s'embrasaient . Il ferma les yeux lors d'une nouvelle quinte de toux, et lorsqu'il les rouvrit, il ne se trouvait plus dans le couloir du centre militaire. Tout était blanc autour de lui. Une fumée était encore là, mais blanche et douce, comme une vapeur apaisante. Chacun de ses gestes résonnait autour de lui et était démultiplié à l'infini jusqu'à se perdre entièrement. Il connaissait cet espace. Il ne le connaissait que trop bien. Il baissa la tête vers ses mains, à la recherche d'une certaine substance gluante transparente mais cette fois, il n'y avait rien. La voix de Mélanie émana de nul part et partout à la fois, encore plus idyllique et irréelle qu'à l'habitude.
- Il est temps de passer à autre chose... À autre chose...
- Mélanie, arrête ça ! Mélanie ! Tu ne me piégeras pas deux fois ! Où es-tu ?! cria Barbie, prit à la gorge d'une épouvante sans borne de retourner dans une réalité alternative.
- Juste derrière toi chéri.
Dale se retourna d'un bond. Elle était bien là, avec son visage aux yeux bleus, celui qu'il avait toujours connu. Elle esquissait un mince sourire. Elle posa la main sur son cœur, à l'endroit exact de la dernière fois.
- Ne t'inquiète pas, je n'ai pas la force de te retenir ici très longtemps. Je suis faible pour le moment. Cet homme allait tirer. Tu allais mourir. Je le sais. Et nous avons encore besoin de toi. À présent, bonne chance Dale Barbara, et n'oublies pas, l'échiquier est encore loin d'être complet.
- Qu'est ce que tu veux dire...
Il fût coupé par un éclat rose qui surgit de la main de la jeune femme et atteignit directement son torse.
Repoussé en arrière, il cligna des yeux.
- Il est temps de passer à autre chose... Laisses les étoiles te guider... Te guider... résonna à nouveau sa voix.
Lorsqu'il les rouvrit, il se trouvait à nouveau devant les cellules du centre. Essoufflé, il attrapa la mitraillette que portait en bandoulière l'un des militaires puis se mît à courir vers la sortie.



After The Dome [ Tome 1 : L'Invasion ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant