Sous le cerisier [en pause]

Bonne surprise

Cléa observait calmement son petit appartement.

Elle l'avait acheté avec une partie de l'argent de la vente de la maison de ses parents. Le reste lui permettrait de vivre décemment jusqu'à ce qu'elle trouve un boulot cet été. Le désir de se séparer de la maison avait été très rapide, en fait à partir du moment où elle avait su pour ses parents elle n'y avait jamais plus remis les pieds.

Cléa avait eu la chance de vendre rapidement, puis de trouver ce petit appartement dans la foulée. Pas trop cher, elle l'avait acheté plutôt que de le louer. Maintenant c'était son cocon à elle, là où elle était seule et tranquille.

Elle entendit un miaulement, et un grattement à sa fenêtre. Elle sourit en voyait les moustaches de Lalie et se leva pour la laisser entrer.

-Je pensais que tu ne reviendrais plus, souffla la jeune fille.

En réalité, elle était heureuse de revoir le petit animal qui la regardait avec de grands yeux brillants. La jeune fille lui prépara un bol de lait, et le lui donna. La boule de poil buvait goulument le liquide.

La présence de l'animal lui faisait chaud au cœur, et elle appréciait qu'il soit là.

Cela faisait une semaine qu'elle n'avait plus vu Léo, ni Thomas. Le premier parce qu'elle n'était pas allée au parc, le second parce qu'elle l'évitait dans les couloirs du lycée.

Léo lui manquait.

Elle s'était rendu compte de cela la veille, quand elle avait pris ses feuilles de dessin et qu'une fleur de cerisier qui avait dû s'y glisser était tombée au sol. La jeune fille s'était demandé s'il l'attendait là-bas, au cerisier. Ou s'il l'avait tout simplement oubliée, s'il la détestait d'une façon ou d'une autre.

Puis elle s'était répété que si c'était le cas, ce n'était pas bien grave, qu'elle avait l'habitude.

Mais ce n'était pas vrai, et à force de penser que ce n'était pas grave, elle s'était rendu compte que si, c'était grave pour elle. Il était le seul qui lui avait parlé normalement depuis des mois, et qui ne l'avait pas fui ensuite. Peut-être était-ce parce qu'il ne savait pas.

La jeune fille ramassa le bol vide de Lalie, le posa dans le petit évier de sa cuisine. Elle ouvrit le robinet et laissa l'eau chaude glisser sur ses mains.

Elle voulait le voir.

Mais elle avait aussi cette envie de parler qu'elle n'avait pas eue la dernière fois. Elle ne voulait pas de la pitié du jeune homme, elle ne voulait pas voir cela dans son regard bleu profond qu'elle avait appris à apprécier. Mais il faudrait qu'il sache un jour non ? En tout cas si elle voulait que leur relation dure un peu. Et peut-être deviendront-ils amis.

Cette pensée lui réchauffa le cœur. Cléa n'avait jamais fait partie des élèves populaires. Elle n'avait jamais eu des tonnes d'amis. Mais le manque de présence à ses côtés devenait bien trop pesant.

-T'en penses quoi ? demanda-t-elle.

Un miaulement lui répondit, et elle lâcha un petit rire.

*

Il n'était pas là.

Elle avait pris la décision de venir au cerisier pour lui parler, pour s'excuser, pour lui expliquer, pour lui dire tout plein de choses !

Mais elle n'avait même pas envisagé la possibilité qu'il ne soit pas là.

-Quelle idiote !

Déçue par elle-même, elle s'assit sur le banc et mis sa tête entre ses mains.

Elle était venue, sûre d'elle, avec l'envie d'avancer dans la vie et de se confier à quelqu'un. Mais maintenant elle se trouvait juste complètement stupide.