La douleur envahi son corps, fulgurante, dévastatrice. Elle l'avait presque oubliée, presque.
Des voix autour d'elle, graves, masculines. Des élèves, des Terminale assurément, mais elle ne savait pas lesquels, elle n'avait pas vraiment eu le temps de les détailler avant de recevoir le premier coup.
Même en se concentrant ces voix restait indistinctes, comme si une bulle protectrice avait élu domicile autour d'elle, altérant les sons, dissimulant les insultes.
Puis un nouveau coup, puissant, douloureux.
Elle tomba à terre, ses genoux entrant en collision avec le sol.
La bulle explosa.
-On ne veut pas de toi ici !
-Retourne chez toi !
-Pourquoi ne te suicides-tu pas ?!
Elle releva la tête à la dernière remarque, folle de rage, prête à cracher à la figure de celui qui avait osé dire cela. Mais un nouveau coup, à la tête cette fois-ci, l'incita à se taire. Cela ne servait à rien de riposter, ils revenaient toujours, plus forts, plus nombreux.
Il valait mieux se taire, et endurer ces brimades en silence.
Un nouveau coup, plus fort, plus douloureux, la fit tomber sur le côté, sa tête heurtant le sol sale de cette ruelle déserte. Instinctivement, ses bras s'enroulèrent autour de son abdomen, comme s'ils pouvaient faire que la douleur cesse, ou diminue.
-Pauvre petite Cléa, dit quelqu'un sarcastiquement.
Puis elle entendit quelqu'un cracher, sur elle sûrement, et des pas s'éloignèrent.
Mais elle n'ouvrit pas les yeux pour autant. Elle attendit.
Les minutes passèrent, et rien ne se produisit.
Sa respiration se calma, ses muscles se détendirent un peu. L'attente n'était pas longue, c'était même réconfortant. Le silence autour était réconfortant.
Elle avait espéré que cette année serait différente, qu'elle pourrait vivre en paix. Les amis n'étaient pas indispensables, une vie sociale ne lui semblait pas importante. Mais elle voulait que toute cette douleur physique et mentale cesse. Elle espérait qu'il l'ait pardonné.
Cléa ouvrit un œil, une de ses boucles brunes était tombée sur son visage.
Ils étaient partis, ou du moins elle ne les voyait plus. Elle soupira de soulagement, et gémit quand la douleur la rattrapa.
Le sol dur et froid sous elle était presque réconfortant après ce qu'elle venait de vivre. Cela n'était pas la première fois, et ce ne sera pas la dernière apparemment.
Elle tenta de se relever difficilement, ignorant la douleur, retenant ses gémissements et ses larmes.
-Il faut que je rentre, souffla-t-elle pour elle-même.
Après s'être remise debout, elle posa un pied devant l'autre, et recommença, encore et encore. Ignorant la douleur.
Elle avait connu pire, bien pire. Juste avant les vacances d'été ils étaient venus, et l'avait entraînée dans cette même ruelle, mais plus loin de la rue principale, là où personne ne pourrait l'entendre hurler. Elle connaissait ses agresseurs, Cléa les croisait tous les jours dans les couloirs de son lycée.
D'anciens amis, transformés en monstres.
Ou des inconnus qui aimaient se défouler.
Elle mit dix bonnes minutes à rejoindre son petit appartement, situé au quatrième étage de son immeuble. Heureusement l'ascenseur n'était pas en panne. Arrivée là-haut, en sécurité, elle s'allongea doucement sur son matelas, posé à même le sol.
Six mois qu'elle vivait là, depuis que ses parents étaient décédés.
Elle venait d'avoir 18 ans à ce moment-là, et ne voulait pas de famille d'accueil. N'étant pas une bonne élève, personne n'aurait voulu d'elle de toute manière. Elle avait redoublé son année de seconde, n'ayant pas réussi à s'habituer au changement de rythme entre le collège et le lycée.
Mais c'était l'année dernière que tout avait basculé.
C'était pendant son année de Première, elle se demande même comment elle a pu passer en Terminale après tout ce qu'il s'était passé. Enfin peu importe, les profs ont dû avoir pitié d'elle.
Elle ouvrit les yeux, et son regard bleu se posa sur le miroir en face d'elle, ou plutôt son reflet. Elle y vit une jeune fille, mince, fragile, et encore tremblante de peur. Ses vêtements trop grands flottait autour de son corps, renforçant le sentiment qu'elle pouvait se briser n'importe quand.
Une coupure, fine et nette, courrait sur sa joue, elle saignait encore un peu. C'était sûrement la seule blessure physique qu'elle avait.
Elle pensait qu'elle s'était habituée à tout ça. Aux coups, aux insultes. Et qu'elle pouvait vivre avec. Ou du moins survivre. Avant elle était forte, elle aurait pu se battre contre n'importe qui, contre n'importe quoi.
Avant elle n'aurait jamais laissé personne la traiter de cette manière. Cléa était sûre d'elle, souriante, et ne se laissait pas marcher sur les pieds. Mais elle avait changé ces derniers mois.
Son but était de passer le lycée, d'avoir son bac et de partir. Loin de tout ça.
Elle avait un objectif maintenant, sa vie avait retrouvé un but en quelque sorte. Elle pensait que ça pourrait l'aider à traverser une nouvelle année.
Alors elle endurait en silence, attendant que le temps passe.
*
La sonnerie de son réveil empli la pièce, extirpant Cléa de son sommeil pas vraiment réparateur. Elle chercha son portable à tâtons, et fit glisser son doigt sur l'écran. Le silence revint dans la pièce.
Elle n'osait pas bouger, de peur que la douleur revienne. Après tout, elle était bien, là, au chaud. Son lit était sûrement le meilleur endroit au monde en ce moment.
Sa douce chaleur était réconfortante, et la suppliait de rester ici malgré ses cours qui commençaient dans une heure. Mais elle se leva difficilement et douloureusement, frottant ses yeux bleus pour en chasser la fatigue, prit son portable et l'alluma.
Il était 7h19, et le mois de Septembre venait de commencer. Cela faisait une semaine que Cléa se levait le matin pour aller en cours. C'était vendredi, et ce soir, elle serait en week-end. Le premier week-end de son année de Terminale.
Elle mit de la musique, et quelques instants plus tard les Arctic Monkeys entonnaient 505 dans la pièce. Si elle n'avait pas mal partout, elle se serait mise à danser doucement, au rythme de la chanson. Mais là elle ne fit que fermer les yeux et chuchoter doucement les paroles.
Comme beaucoup de personne, la musique l'aidait beaucoup à supporter sa vie. Enfin l'art en général, car elle dessinait aussi. Beaucoup.
La jeune fille prit ses crayons et du papier blanc, et le fourra dans son sac de cours. Puis elle y ajouta des livres, des feuilles quadrillées et quelques stylos. Enfin elle le jeta dans un coin et se dirigea vers sa petite table pour manger un peu avant de partir.
La journée qui commençait allait être longue.
Bonjour/ bonsoir!!
Je tiens à dire que ces chapitres sont plus courts que ce que j'ai l'habitude de faire, mais comme je continue le concours malgré tout sur Fyctia (enfin y'a peu de chance que je publie encore des dizaines de chapitres) ça sera comme ça au moins jusqu'au chapitre 10.
Je verrais peut-être après si je ferai des chapitres différents pour Wattpad.
Enfin bref, j'espère que ce premier chapitre vous a plu, n'hésitez pas à commenter et à voter!!
Je vous aime fort et bonne lecture!
CrazyIsBeauty
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Sous le cerisier [en pause]
Fiction générale-Que fais-tu ici? demanda-t-il. Elle leva la tête vers le ciel, caché en partie par les branches de l'arbre. -J'essaie d'oublier. Histoire entièrement créée par moi, merci de ne pas plagier! J'ai mis l'histoire en mature parce qu'il y a quelques scè...