Désespoir intense

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Elle est restée dans son lit, toute la journée.

On était Mardi, donc elle avait cours, mais pas le courage d'y aller. Et de tout manière elle se voyait mal aller en cours, pas dans l'état où elle était. Des cernes immenses sous les yeux, le teint blafard, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi mal.

Depuis la mort de ses parents en fait.

Elle se demanda un instant ce qu'elle serait en train de faire si elle avait été au lycée. Elle tourna la tête vers son réveil : 10h46.

Mathématiques, sa matière préférée. Mais elle n'écoutera pas le prof aujourd'hui, son stylo ne griffonnera pas le papier quadrillé de ses feuilles, elle ne verra pas Thomas, mais elle ne verra pas Léo non plus.

Peut-être était-ce la meilleure solution après tout non ?

Elle n'en savait rien en fait. La jeune fille était tiraillée entre s'éloigner de Léo comme lui avait demandé Thomas, ou rester avec lui. La deuxième solution lui paraissait tellement égoïste. Mais elle avait été seule depuis la mort de ses parents, ou quasiment, et le fait que quelqu'un s'intéresse à elle et veuille rester à ses côtés lui avait fait tellement chaud au cœur qu'elle ne voulait pas qu'il reparte. Elle le voulait à ses côtés, elle se voyait mal retrouver sa solitude d'avant.

Marcher dans les couloirs, faire en sorte que personne ne la vois, se cacher des gens, ignorer leurs regards, encore, encore et encore. Et être seule.

Mais la peur de le voir souffrir était toujours là, encore plus présente. Tellement qu'elle n'avait pas eu le courage d'aller en cours aujourd'hui, et de croiser Léo.

Et aurait sûrement fondu en larme au moment où leurs regards se seraient croisés.

Ou alors elle aurait vu Thomas avant, et d'un simple regard il lui aurait fait comprendre qu'elle n'avait même pas le droit d'espérer revoir Léo, et qu'il fallait qu'elle l'évite à tout prix. Elle l'aurait écouté, elle le savait.

Parce que même si elle n'osait pas se l'avouer clairement, Thomas lui faisait peur.

Lui, le gentil voisin qui lui souriait à longueur de journée, qui l'encourageait, et qui avait toujours été là quand quelque chose n'allait pas. Elle ne savait même pas à quoi elle pouvait s'attendre, elle ne l'avait jamais vu haïr quelqu'un comme il la haïssait maintenant.

Elle se recroquevilla dans ses draps, ramenant la couverture et sa chaleur sur ses jambes.

Il faudra pourtant qu'elle lui fasse face un jour ou l'autre, et qu'enfin ils s'expliquent.

*

Ses boucles tombaient devant ses yeux, mais elle ne s'en rendait pas compte, trop occupée à reproduire l'image qu'elle avait en tête sur ce bout de papier. Elle s'était rendue compte qu'elle avait beaucoup dessiné ces derniers temps, signe qu'elle avait plus de mal à supporter tout ce qu'il se passait dans sa vie, ou peut-être parce que Thomas n'avait que renforcé la pression qu'il exerçait sur elle et que la jeune fille avait besoin d'extérioriser.

Elle était sortie sur un coup de tête, ne voulant pas déprimer toute la journée, d'un geste rapide elle avait pris ses crayons et du papier. Elle arrivait sous le cerisier vers onze heures.

C'était calme, comme toujours, et elle ne risquait pas de croiser Léo ou même Thomas.

Il faudrait juste qu'elle pense à bouger avant le repas de midi. Elle avait toujours mangé à l'extérieur depuis la mort de ses parents, évitant de croiser les élèves à la cantine. Léo avait fait pareil depuis qu'il était arrivé, alors peut-être serait-il de sortie vers cette heure-là. Peut-être irait-il à sa recherche, et il viendrait ici directement.

Mais elle ne sera sûrement plus là depuis un moment.

Pour le moment elle se concentrait sur la mine de carbone entre ses doigts, la déplaçant agilement sur le papier, se détachant du monde réel pour se plonger dans le sien, plus sombre mais tellement plus calme.

Elle ajouta des détails, encore et encore, elle gommait rarement mais prenait son temps.

Sous ses mains une jeune fille se matérialisa à nouveau. Recroquevillée sur elle-même, la tête entre les mains, les traits figés dans un hurlement violent et inaudible. Cléa avait renforcé les ombres, augmentant l'intensité et la profondeur du dessin, le rendant aussi plus sombre. Quasiment chaque parcelle du papier avait été foulée par son crayon au moins une fois.

Seuls le blanc de ses yeux exorbités avait échappés au crayon, les faisant encore plus ressortir, et accentuant le noir de ses pupilles.

Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas dessiné de cette manière. Sans vraiment prêter attention aux proportions, ou à l'aspect réaliste du dessin. Juste en voulant transmettre des émotions.

Elle observa longuement le papier recouvert de graphite maintenant, et elle se dit que cela représentait tellement bien ce qui se passait dans sa tête.

La jeune fille semblait hurler à la mort, comme l'aurait fait Cléa si elle ne ressentait pas le besoin de tout garder pour elle.

Puis son ventre réclama à manger.

Machinalement elle regarda l'heure. 14h38. Le temps était passé si vite ! Et finalement Léo n'était pas venu.

Elle ravala sa déception, ce n'était pas comme si elle l'attendait, et avait délibérément oublié de regarder l'heure dans l'espoir de le croiser. Non, bien sûr.

Cléa se leva, rangeant feuille et matériel de dessin, et se dirigea vers le magasin le plus proche. Là-bas elle acheta un simple sandwich, elle n'avait pas le courage de manger plus. Puis elle retourna sur le banc blanc sous le cerisier et commença à croquer dedans.

Elle y était bien, c'était un peu son coin à elle, loin du bruit et des gens de la ville. Puis c'était là qu'elle avait rencontré Léo.

Son poing se serra. Il ne fallait pas qu'elle pense à lui.

Il n'était pas venu, peut-être avait-il autre chose à faire. Peut-être avait-il mangé à la cantine finalement, avec les autres. Peut-être n'avait-il même pas remarqué son absence.

Elle inspira et expira profondément pour se calmer. Il ne fallait pas qu'elle pense à lui.

Peut-être n'était-elle qu'un moyen de ne pas être seul pour lui. Peut-être n'en avait-il rien à faire d'elle au final. Peut-être qu'il s'amusait avec ses nouveaux amis maintenant.

« Arrêtes ! » pensa-t-elle pour se recentrer.

Le papier vide de son sandwich atterri dans la poubelle à ses côtés, et elle ressorti son papier et ses crayons, il fallait que son esprit se concentre sur autre chose que Léo. Elle était devenue trop dépendante de lui bien trop rapidement. Ce n'était pas correct, ce n'était pas bien. Il n'était que de passage, et elle avait vécue seule depuis un moment déjà, elle avait l'habitude, et elle retrouverait cette habitude.

Elle s'éloignerait de Léo et se retrouverait seule à nouveau, ce n'était pas bien grave, non?



Voilà un nouveau chapitre!

J'arrête définitivement de poster sur Fyctia, et je pense réécrire les derniers chapitres que j'avais postés sur cette plateforme! Je vais poster à ma vitesse, et quand j'arriverai aux chapitres que je n'ai jamais publiés sur Fyctia ils seront sûrement un peu plus longs x)

Enfin bref, vous en avez sûrement rien à faire, alors je vous laisse!

Bisous! et rejoignez moi sur Twitter si vous le voulez! (Pseudo: _CrazyIsBeauty)

Bonne lecture!

CrazyIsBeauty


Sous le cerisier [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant