Partie 6 : Sixième battement

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Pov Shira :

Je réprimai un bâillement, la fatigue clairement visible à travers mes gestes désordonnés.

Trois heures trente de sommeil agité...Peut mieux faire.

Les somnifères ne marchaient plus et je n'avais pas la force nécessaire pour m'ouvrir à un professionnel.

Et étant donné que ma prothèse ne me permettait pas de danser, il ne me restait plus qu'à attendre.

Pathétique.

J'errai alors désespérément à travers les pièces sans vie de la maison, les longeant de long en large à la recherche d'une solution.

Réfléchis bon sang, sers-toi de ton cerveau !

Deux heures plus tard, je dus me rendre à l'évidence : je n'aurai pas d'idée lumineuse aujourd'hui.

Une tasse de café décaféiné en main, je m'adossai contre la rambarde de mon balcon.

Mes pensées dérivèrent automatiquement vers elle...

Elle qui m'avait brisé le cœur.

Elle que j'aimais plus que je ne le dirai jamais.

Elle qui m'avait tant donné...

Elle que je ne reverrai peut être jamais.

Mes doigts se crispèrent contre les barres d'acier.

Ma jambe contre elle, ma jambe contre elle, ma jambe contre elle...

À travers mes yeux tintaient les claquements secs des aiguilles, les jours se rapprochant dangereusement.

Le choix aurait dû être simple : elle aurait dû être plus importante qu'une satanée prothèse.

Mais c'était plus compliqué.

Ma jambe bionique était unique, il n'y en avait qu'une.

Une seule.

Et j'avais besoin de cette jambe...

Tic tac...

Un crissement sur le bitume me fit lever la tête.

Une Mercedes grise s'arrêta devant ma porte.

Tout mais pas lui !

Bon sang, la journée commençait vraiment mal...

Je ne descendis pas l'accueillir, sachant très bien que cela ne servirait à rien : il rentrerait que je sorte ou pas.

─ Shira! Tu pourrais au moins avoir la politesse de descendre pour m'accueillir !

Je l'ignorai avec superbe, buvant le plus lentement possible, évitant l'inévitable.

─ Shira !

Sa voix niaise et haut perchée me donna la migraine.

─ Tu n'as qu'à monter, il y a des escaliers pour ça.

J'entendis le bruit caractéristique de ses affreuses Azzaro claquant contre le sol.

─ Shira, tu n'as aucune excuse.

Cette fois-ci, je savais qu'il ne parlait pas de ces foutues marches.

─ Ne viens surtout pas plaider votre cause !

Arabesque (tome 1) : Entre deux dansesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant