Partie 2 : Seconde valse

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Pov Shira:

Je maugréai dans ma barbe et pestai encore une fois.

Pourquoi est-ce que j'étais assise à l'intérieur de l'Opéra Garnier alors que je m'étais jurée que je n'y remettrais jamais les pieds, déjà ?

Ah oui ; parce que l'on me l'avait gentiment demandé.

"─ Shira tu n'as pas le choix ! Ton handicap ne te permet pas d'avoir l'assurance d'être enfermée ici toute ta vie !

─ Je ne remettrai plus jamais un pied là-bas Maman ! Pas après ce qu'il m'est arrivée !

─ Bien-sûr que si, et tu vas le faire, avec le sourire en prime.

─ Je refuse de les voir faire ce dont je suis privée, tu m'entends ? Je refuse de les voir danser !

─ Tu dois faire cette apparition Shira, montrer aux gens que tu ne t'es pas laissée aller..."

C'est pourtant ce que j'ai fait: laisser ma rancœur et mes larmes gagner du terrain et piétiner l'assurance que j'avais avant, jusqu'à ce que je ne puisse plus me relever.

Je n'avais pas gagné cette partie et me voilà donc en train de noter la performance de chacune des candidates qui me regardaient toutes d'un air surpris et profondément incrédule lorsqu'elles me reconnaissaient.

Je n'avais jamais prêté attention aux rumeurs mais j'aurais dû ; ça m'aurait permis de savoir quelle opinion les personnes avaient de moi à l'heure actuelle.

Ce n'était pas comme si j'en avais quelque chose à faire bien sûr...

Ilanka et Viktoria étaient revenues en jubilant d'avoir enfin trouvé la perle rare.

Une fille, semblait-il, aussi douée que je l'étais.

Je me redressai brusquement de mon siège et les écoutai avec une attention toute particulière.

Intéressant...

Cette compétition me paraissait d'un seul coup beaucoup plus attractive.

─ Qui est donc ce fameux petit génie ? Leur demandai-je d'un air nonchalant.

─ Maryane Faure, vingt-quatre ans, une vraie pierre précieuse dans son école de danse...

Maryane.

Ce nom ne me disait rien.

Le présentateur l'appela quelques minutes après et je vis une jeune femme svelte qui me coupa le souffle.

Élégante, les pommettes hautes, les cheveux châtain foncé, la peau scintillante et les yeux d'un bleu clair où se jouait des nuances de vert pâle.

Elle était magnifique.

Néanmoins, la demoiselle semblait extrêmement tendue.

Le stress sûrement.

Elle me regarda à son tour et ses yeux s'arrondirent.

Je gardai une mine impassible mais cette réaction m'agaça.

Je lui demandai alors silencieusement de m'épater et la vis déglutir.

Sois à la hauteur petite, soit à mon niveau...

La musique s'enclencha et je dus me retenir de sourire: bien sûr, il fallait que ce soit l'une de mes musiques préférées.

Elle commença à se mouvoir et je dus me décrocher la mâchoire en ouvrant ma bouche d'admiration.

Arabesque (tome 1) : Entre deux dansesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant