Partie 23 : Vingt-troisième Grand Pas

432 43 4
                                    

POV Maryane :

─ Je sais très bien que tu es debout, entrain de bloquer cette porte avec une chaise Matthew ! M'écriai-je en changeant de chaîne.

J'avais malencontreusement oublié de fermer la porte de la salle de bain.

Oups.

J'avais d'ailleurs un léger problème avec les portes.

Tout petit.

L'ennemi était en possession de mon territoire, occupant mes terres avec d'innombrables laques Elmett et parfums Armani.

Je l'avais appelé en renfort après ma petite crise de larmes de ce matin, noyant ma peine sous la gourmandise d'une bonne crème glacée.

Je n'ai aucun complexe, vraiment.

Syndrome de la peine amoureuse: activé.

Mouchoir: sorti.

Pot de glace: sur mes genoux.

Episode de Friends: visionné.

Mes préoccupations actuelles étaient déterminées par deux critères : marche et arrêt.

Manger, dormir.

Dormir, manger.

Exactement comme les nourrissons.

Je le répète encore: je n'ai aucun complexe. Et pot d'Haagen Dazs aux noix de pécan excellent !

─ Je ne me cache pas ! J'enlève seulement les conneries futiles qui prennent toute la place !

─ Ҫa s'appelle du maquillage ! Toi, l'homme civilisé devrait le savoir pourtant...

─ Moi homme civilisé avec Patricia. Toi femme prenant toute ma place.

J'eus un petit sourire.

Je savais très bien que Matthew faisait semblant d'aller mieux, j'avais appris à lire au-delà du masque réjoui et des sourires heureux.

Toutefois, j'espérai être présente lorsque celui-ci tomberait dans l'ombre solitaire.

─ Pizza ce soir ?

─ Quatre fromages ?

─ Supplément gruyère ?

─ Vendu ! me fit-il depuis la salle de bain.

J'avais reçu un mail en fin de matinée : mes horaires de passage pour les deux dernières épreuves.

Jeudi à 17 h 30 et mardi prochain à 13 h 25.

Je n'ai vraiment pas le cœur à danser ces temps-ci : les mots de Shira et l'état de Matthew occupaient toutes mes pensées.

─ Mary arrête de broyer du noir ! Je t'entends ruminer jusqu'ici !

─ Parle pour toi...

J'entendis la chaise racler contre le sol avant qu'il n'apparaisse la minute d'après devant moi.

─ Dis tout à tonton Matthew, me dit-il en prenant place sur le canapé.

Je soupirai, ma cuillère fourrée dans le pot presque vide.

─ Elle est en couple. En couple bon sang ! Elle ne me l'a dit qu'aujourd'hui ! J'étais quoi ? Une expérience ? Un jouet dont on se débarrasse une fois qu'il devient trop encombrant ? Fis-je amère.

─ Ne dis pas de bêtises, voyons ! Elle ne t'a jamais considérée comme ça, tu le sais très bien. Tu dis ça car tu es en colère.

─ Et comment ne pas l'être ? J'ai cru qu'elle m'appréciait ! Elle se barrait avec un autre après être avec moi ! Je suis la troisième roue du carrosse dans cette histoire ! J'aurais dû le savoir: Shira est belle, a un caractère de feu et une détermination de fer, comment ne pas l'apprécier ?

Matthew grimaça, mimant un couteau sous la gorge.

─ A l'exception de vous deux.

─ Je ne sais pas, j'imagine.

─ Ses cheveux cerise, son regard de braise...

─ Hey, finit la déclaration d'amour ! Tu es censée lui en vouloir, tu te rappelles ?

Malheureusement, oui.

─ Elle est en couple...et elle ne m'a rien dit. Pas de signe avant-coureur, pas de phrases sous-entendues, rien.

─ Elle est dans le déni, Mary. Laisse faire le temps.

─ Non, je n'attendrai pas. Je refuse de vivre dans l'attente de quelque chose alors qu'elle batifole avec un autre.

Une étincelle brilla dans le regard de Matthew : il savait quelque chose qu'il refusait de me dire.

Grand bien lui fasse, je ne me débattrai pas avec ça aujourd'hui.

─ C'est ton choix, me dit-il simplement.

─ Je passe jeudi pour l'avant dernière épreuve, j'ai peur d'avoir la tête ailleurs..., avouai-je en soupirant.

─ Shira t'a donnée des techniques, non ? Il serait temps de les utiliser. Je peux t'aider, si tu le souhaites.

─ Comme avant ?

─ Comme avant.

Rien ne changera mais je me sentais capable d'avancer.
Pour elle.
Pour moi.



Arabesque (tome 1) : Entre deux dansesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant