Chapitre 5

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Point de vue de Rob

Rob à Elina : « Il faut qu'on parle. Ce soir, chez toi 18h30. »

Voilà le message que j'envoyai à Elina, le lendemain matin, du jour où j'ai croisé Will dans les toilettes. Ce n'était absolument pas rassurant, ni gentil, ni rien de tout cela. Mais ce que je m'apprêtais à faire, ne l'était pas non plus, parce que oui, j'allais la quitter. Après avoir bien réfléchi, j'avais compris que c'était la meilleure solution. Je ne ressentais rien pour elle, je ressentais même, plus de choses pour Will, en fait, c'était même plutôt bizarre. Mais la veille, quand j'avais croisé son regard dans le miroir, il s'était passé un truc bizarre, comme si une sorte d'électricité traversait l'air pour nous relier, faisant vibrer chaque cellule de nos corps, comme les cordes d'un piano, sous le rythme effréné des cœurs qui battaient fort. J'avais l'impression que le mien soulevait mon pull tâché, et que mes poumons étaient bloqués. J'avais retenu mon souffle, observant son doux visage, et ses yeux bleus cachés derrière ses lunettes. Et puis, en plus, je devenais niais. C'est quoi cette connerie d'électricité dans l'air sérieux ? Mais je pouvais dire ce que je voulais, il s'était passé un truc, un truc vraiment troublant. Et qui n'arrivait jamais avec Elina, et qui m'avait poussé à me dire que la quitter était vraiment une bonne idée. Mais, il allait falloir être fort, et pas se laisser avoir par son discours ou ma tendance à tout lui passer. Je bus une dernière gorgée de jus de fruit, et soupirai, avant de partir me préparer pour les cours.


Pendant toute la journée, j'avais eu des remords ou des coups de colère, en me disant que j'avais raison. Je me sentais vraiment perdu, stressé, mais en même temps heureux que tout cela soit fini. Alors, avec tout le courage qu'il me restait, sans voir Will une seule fois, j'étais rentré chez moi. J'avais bu un thé, posé mon sac, et avait enfilé un blouson en cuir par dessus mon t-shirt. Et James, depuis le canapé sur lequel il était affalé, me regardait en fronçant les sourcils, se demandant ce que je fichais, sûrement. A présent, je me retrouvais là, devant chez Elina, les mains enfoncées dans mes poches, et le col remonté haut sous mon menton. Il faisait froid, et le vent giflait ma peau barbue, comme la main d'Elina. J'appuyai sur le bouton de la sonnette, et attendis. Je regardai mes pieds en patientant, me demandant comment ça allait finir. Elle allait pleurer ? Me gifler ? Ou les deux ? Je réfléchissais trop, tellement que j'allai faire demi tour et prétendre ne lui avoir jamais envoyer ce sms. Mais, la porte s'ouvrit, sur Elina. Elle avait un slim noir, et un pull blanc, je détestais tout à coup ce pull, il lui donnait un air de bonne humeur, et heureux. J'adorais le blanc, mais maintenant, ça me rendait encore plus coupable. Elle passa une main dans ses cheveux auburn et clairs, ils tombaient, un peu en désordre, dans son dos. Elle me sourit et moi, je lui rendis son sourire. Je serrai les dents et m'obligeai à rester, à ne pas partir en courant. Elle sortit, et referma la porte derrière elle. On s'assit sur un petit mur devant chez elle. Elle étira ses longues jambes devant nous, vers la rue, et moi je regardai mes lacets, comme si leurs croisements étaient l'œuvre d'art la plus belle du monde. Je soupirai doucement, avant d'ouvrir la bouche.

-Ok, je suis désolé.

-Quoi ? Elle demanda, surprise.

Son visage s'était tourné vers moi, elle était magnifique, j'avais l'impression de détruire la Joconde à coup de cutter. Je soupirai encore, mais pour me donner du courage.

-Je suis désolé, mais toi et moi, on va arrêter là, ça ne marche plus. Je t'adore, mais pas comme ça...

La douleur, la tristesse, la colère, les larmes. Tout se succéda dans ses yeux, et moi je me mordais la lèvre pour ne pas lui dire que c'était juste une blague, parce que je n'aimais pas faire du mal aux gens. Je n'expliquais pas cet altruisme presque idiot mais je m'en fichais, je me sentais mal.

I love a boyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant