2 : Appel inquiétant

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A la fin du déjeuner, je retournais en cours en pensant à cette première journée qui débutait mieux que je n'aurais pu l'espérer. En plus d'avoir mangé à côté d'un homme dépassant toutes les attentes que j'avais pu avoir sur la gente masculine, j'ai rencontré Ethan et sa copine Elsa, Mathias et Paul. Ce petit groupe n'a laissé ni mon frère ni moi-même de côté, et nous avons tous pu bavarder ensemble. Je croisais les doigts pour que cette nouvelle amitié ne tienne pas que quelques jours.

- Alors, on fait partie des populaires ? me siffla-t-on à l'oreille.

Lucie arrivait derrière moi, au pas de course. Elle arborait un sourire malicieux et semblait avoir des millions de choses à m'apprendre. Elle me précéda dans la salle d'allemand puis se mit à justifier ses propos.

- Mademoiselle vient d'arriver avec son frère, lui-même un canon de beauté, ça va sans dire, et mange avec Marchal et ses potes. Mais je rêve ! riait-elle aux éclats.

- Hey moins fort ! rougissais-je alors. Et puis, qu'est-ce qu'ils ont de spécial, ces mecs ?

- Ce sont les plus fêtards du lycée. Tu peux compter une centaine de personnes minimum à chacune de leurs soirées.

- Intéressant ! Tu y as déjà été ? tentais-je de dévier un peu du sujet principal.

- Une fois, pour fêter la fin des cours en juin. Je n'ai jamais vu une maison aussi grande, et autant de monde dans un même endroit ! Tu sais, on aurait dit les soirées dans les séries américaines.

Je me mis à rire gentiment. Je voyais parfaitement de quel type de fête elle parlait.
Le professeur d'allemand arriva à ce moment-là et j'eus pour la première fois de la journée un cours ennuyeux à mourir. Alors je laissais mon esprit divaguer vers Jay qui, intelligemment, avait préféré fuir en espagnol. Ensuite, j'ai eu cours de philosophie pendant deux heures et, n'ayant jamais eu ce cours aux Etats-Unis, j'ai commencé à regretter mon déménagement. A la fin de la première heure, mon cerveau était déjà réduit en bouillie. Les questions du professeur étaient insoutenables, on aurait dit celles que je me pose avant de dormir !

Quand la sonnerie retentit enfin, à 17 heures, Lucie me raccompagna jusque dans la cour. Son copain était censé l'y attendre mais il n'y était pas. Aussi, voyant mon frère au loin m'attendre avec notre nouvelle clique, je fis signe à ma nouvelle camarade de me suivre.

- Ah, parce qu'ils t'attendent en plus ? gloussa-t-elle en me laissant la tirer jusqu'à eux.

- Apparemment.

Je n'étais pas moins étonnée qu'elle. Une fois à leur niveau, je leur présentais brièvement Lucie puis cherchais Jay du regard. Il n'était pas avec eux.

- Bon, annonça Paul en se levant, on va s'en fumer une ?

- Mon paquet est dans ma caisse, répondit Matt.

- On va sur le parking, on passera devant. Vous venez ? nous demanda-t-il ensuite.

Jordan accepta et je fis de même. Et c'est à partir de cet instant que nous avons créé notre petite routine. Déjeuner avec Jay et ses amis puis, à l'heure de la sortie, nous nous retrouvions tous autour du même banc avant d'aller fumer une cigarette sur le parking. Lucie avait trouvé les garçons si gentils qu'elle avait même demandé à Adam de la retrouver plutôt sur le parking pour pouvoir passer un peu de temps avec nous. Au bout de trois semaines, je me sentais plus à ma place que je ne l'avais jamais été aux Etats-Unis.
Paul, c'était le motard. Cheveux bruns, yeux ambrés, toujours un cuir sur le dos et un sourire à faire flancher la moindre fille. Et quand il vous parlait de son retour au pays natal en Italie avec son accent ravageur, seule une nonne pouvait rester de marbre. Et encore. Ethan, lui, était le fils à papa de la bande. Toujours une montre de luxe pour vous le rappeler, ou des manchettes si jamais il était d'humeur plus fantaisiste. Mais il gardait cet esprit enfantin, taquin, et c'est ce qui le rendait si agréable. Son amour pour Elsa n'avait d'égal que sa hantise envers sa mère qu'il ne voyait plus depuis bien longtemps. Sa copine, très timide, était toujours épaulée par cet homme qui l'idéalisait tant. Ils étaient vraiment beaux tous les deux. Il y avait Mathias aussi. C'était l'un des plus mystérieux du groupe. Je ne savais pas grand chose sur lui hormis qu'il était celui qui s'entendait le mieux avec mon frère au caractère pas facile. J'aurais aimé en savoir un peu plus sur lui qui paraissait d'un petit enfant perdu, surtout quand des petites fossettes apparaissaient sur ses joues creuses ou que son nez parsemé de tâches de rousseur se retroussait au gré d'un rire. Enfin, il y avait Jay. Et je ne savais rien de lui alors qu'il était toujours le plus près de moi, qu'importe où nous soyons. Il me faisait rire et je me sentais unique, ravissante et sexy à ses côtés. Il me faisait un effet fou. Mon frère l'aimait un peu moins. Je n'aurais su dire pourquoi.

Killer LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant