25 : Trop vite

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Alex avait roulé à toute allure, si bien que nous ne mîmes que vingt-cinq minutes pour arriver à bon port. D'ailleurs, il tenait du miracle que nous fûmes encore en vie une fois au bar. J'avais expliqué à Alex que je ne devais parler à personne du secret de Matt et l'avait imploré de me laisser y aller. Il accepta, me précisant qu'il attendrait juste en face. Alors j'avais pu descendre tranquillement de la voiture et rejoindre mon ami et son père biologique, attablé autour de pintes de bière. Une chaise était libre entre son père et lui. Je m'y installais.

-      Bonjour ! Excusez-moi du retard, vraiment.

Le sourire de Matt me prouva que j'était toute pardonnée. Son stress parut redescendre d'un cran.

-      Voici Olivia, ma meilleure amie.

-      Enchanté ! me sourit son père. Mais tu sais Matt, tu peux me dire que c'est ta copine.

-      Nous ne sommes pas en couple, Monsieur, limitais-je de suite les dégâts.

-      Oh excuse-moi, condit-il en plates excuses. Mais tu peux m'appeler Richard.

J'acquiesçai, tout sourire. Cet homme était adorable, malgré son erreur de jeunesse. D'ailleurs, j'espérais que noous abordions ce sujet rapidement. J'avais besoin de réponses.

-      Je peux te poser une question ? s'enquit Matt après une longue gorgée.

-      Tout ce que tu veux.

-      Où est ma mère, Richard ?

Le plus croustillant était maintenant. Je priais pour entendre ce que je souhaitais. Malheureusement, la vie n'est pas toujours douce.

-      Elle a mis fin à ses jours. Je suis désolé, avoua-t-il en finissant sa bière cul sec, noyant son chagrin dans le houblon.

-      Pourquoi ? demandai-je plus amples précisions.

-      Parce que je suis parti. J'ai changé d'avis une semaine après mais elle avait déjà commis l'irréparable. Tout est de ma faute et c'est impardonnable.

Le pauvre homme avait une telle culpabilité sur les épaules. Il avait perdu son fils, provoqué le suicide d'une femme, détruit une famille. Son fardeau devait être si lourd. Et maintenant, il y a une chance que son fils soit le criminel le plus recherché de la capitale ? Non. Il n'y aurait pas ce problème à ajouter à la liste. Matt était innocent. Mes nerfs commençaient à lâcher quand je compris. Je me levais, prévins mon ami que je devais partir et que lui et son père avait encore plein de choses à se raconter, puis je rejoignis Alex dans la voiture. Matt ne savait pas que sa mère était morte et c'était la preuve de son innocence.

-      Emmène moi à l'hôtel Paribis !

-      Mais c'est à Paris même ça, Liv ! renchérit Alex en me voyant arriver catastrophée dans la voiture.

Cette heure de route fut la plus longue de toute ma vie. Mille scenarii tournaient dans ma pauvre cervelle meurtrie. Je n'avais plus le temps de réfléchir, de toute manière. Il me fallait foncer.

-      Chambre de Monsieur Sax, s'il vous plaît ? m'enquis-je.

J'étais à bout de souffle et le personnel de l'hôtel paraissait s'en ficher royalement. Prenant son temps pour taper sur son clavier, la standardiste signait son arrêt de mort.

-      La 142.

-      Merci.

Je parvenais à peine à respirer, la chaleur me montait aux joues, mon champ de vision rétrécissait. L'ascenseur étant occupé, je me ruais dans les escaliers.

-      Olivia ! Attends-moi !

Alex était à mes trousses mais je courais à en perdre haleine et personne n'aurait pu me ralentir. La chambre 142 était devant moi et, sans réfléchir, j'appuyais sur la poignée. La scène qui se déroulait devant mes yeux était digne d'un film d'horreur. Jordan était bel et bien là, les yeux luisant et la bouche tordue en rictus malsain, pervers. Le fou était là, en face de moi, le tueur de Paris. Mon frère. Celui qui m'aurait protégé envers et contre tous, qui ne m'aurait jamais fait de mal. Mais aujourd'hui, ce n'était plus Jordan. C'était un monstre au sourire sadique et au regard rieur, attendant la sentence. Était-il fou ? Il ne pouvait pas réellement être conscient de ces actes, si ? Son regard restait rivé dans un coin de la pièce. Jay s'y trouvait, un pistolet pointé vers Jordan. Il allait appuyer mais il me vit et se résigna tandis que je m'effondrais en larmes. Alex entra à son tour et referma derrière lui avant de m'attraper à bras le corps pour que je ne me jette pas entre les balles.

-      Ne fais pas ça Jay ! Je t'en supplie ! pleurais-je, agonisant de peur.

-      J'ai besoin de me venger, Liv. Je ne pourrais pas continuer à vivre si je laisse passer cette occasion ! expliqua-t-il en laissant une larme couler sur sa joue.

-      Je ne peux pas supporter la mort de mon frère, Jay ! Lâche ton arme, le suppliais-je à genoux.

-      Jay, mon frère, tenta Alex. Tu mérites de vivre sans le sang d'un autre sur les mains.

-      J'ai déjà celui de Daniel.

-      Tu sais bien que c'est faux !

Jay avait le visage trempé de larmes. Ses yeux ruisselaient. Pluie torrentielle d'émotions. Il se tourna vers moi et m'adressa quelques mots, d'un calme olympien.

-      Olivia, j'ai promis de ne jamais te faire de mal. Mais je ne pourrais pas vivre sans avoir tué ton frère.

-      Tue Jordan et tu me tueras intérieurement, hurlai-je de terreur. Si tu m'aimes vraiment, ne le fais pas ! Il ira en prison ! Jordan sera puni mais je t'en prie, laisse le en vie ! Je mourrais avec lui, tu sais ce que ça fait de perdre un frère, Jay !

-      Je le sais bien. Occupe toi de Zach s'il te plaît. Alex, occupe toi de Liv. Rends la heureuse, je n'ai pas pu le faire moi-même. Je t'aime ma jolie.

La seconde d'après, il était trop tard. Jay avait appuyé sur la gâchette. Le canon pointé vers son propre corps. Il s'effondra au sol et une mare de sang s'écoula de la dépouille. Le rire hystérique de Jordan et les derniers mots d'un homme détruit par la vie avait rendu toute la scène impossible à réaliser. Mes cris alarmèrent tout l'hôtel, les larmes d'Alex inondaient mes cheveux. Tout s'était passé si vite. Trop vite.

Killer LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant