18 : Solutions

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- Oui, tu me manques.

J'avais encore la main sur la poignée, je pouvais encore rentrer dans le bar comme si je n'avais rien entendu. Mais, le temps que je tergiverse, Jay s'était avancé vers moi, emjambant la dépouille d'Antoine, et m'avait tournée vers lui en posant une douce main sur mon épaule.

- Jay, je ...

- Liv ...

C'était un discours de sourd. Il fallait désamorcer la bombe, et vite.

- Ecoute Jay, je ne sais pas ce qui ne va chez toi mais tu as très clairement passé un cap. Avoir tué Dave, c'était compréhensible mais ce pauvre Antoine était déjà au sol. As-tu seulement encore un cœur ?

- Liv, je voulais te protéger.

Je pleurais à chaudes larmes, traumatisée par ce corps à nos pieds. J'avais beau tenté de me couper de tout ça, je ne le pouvais pas ! Comment Jay osait-il faire tout ceci, sans état d'âme ? Mon corps tremblait, mes nerfs me lâchaient. Tout allait trop vite et j'avais l'impression d'avoir vécu six mois d'expérience en seulement un week-end.

- Je crois que tu en as assez fait.

- Laisse-moi au moins le temps d'être honnête avec toi, implorait-il.

- Tu l'as déjà été ce matin. Tu ne pouvais pas être plus clair, répondis-je sèchement.

- Laisse-moi t'expliquer, me suppliait-il en agrippant toujours mon épaule.

- Tu as trente secondes.

Il me libéra de son emprise et enleva sa capuche avant de faire son monologue qui, je le savais, serait un ramassis de sornettes. Je ne pouvais décemment plus avoir confiance. Peut-être ais-je cru en lui trop tôt.

- Je t'aime Liv, et même quand mes sentiments me font défaut, il en reste toujours pour toi. Faire taire mes émotions quand tu es en face de moi, comme maintenant ? Pas possible. Le problème, c'est que j'ai besoin de venger mon frère, qu'importe le prix à payer. C'est viscéral.

- Je pouvais t'aider Jay. On y serait arrivé.

- J'ai besoin de l'appui de Billy. Mais on peut faire semblant de se détester peut-être ? Il ne m'a pas mis sur écoute, me sourit-il en croyant vraiment à l'ingéniosité de sa proposition que j'aurais sûrement pris pour une blague s'il n'avait pas eu l'air si sérieux.

- Je n'ai plus douze ans. Je ne sais même pas si tu m'aimes vraiment, avouai-je alors.

- Si, je t'aime ! Crois-tu vraiment que je pourrais te dire tout ça en te priant de m'excuser si je n'étais pas sincère ? Mais je pourrais me poser la même question : et toi ? me provoquait-il.

- Les choses vont trop vite Jay, à un tel point que je ne comprends plus rien à ce qui se passe autour de moi. La seule chose que je sais, là, à cet instant, c'est que je t'ai aimé. Puis, la confiance est abîmée et je ne sais pas si ma colère n'a pas remplacé mes sentiments. Voilà. Maintenant, laisse-moi.

Et j'appuyai enfin sur la poignée pour retourner dans le bar, pour tomber nez à nez avec Alex qui s'apprêtait à ouvrir cette même porte, suivi de près par André. Mon air déboussolé parut les alarmer car ils posèrent leur question d'une seule et même voix :

- Ça va ?

- Oui, ne vous inquiétez pas.

- Va voir si le mec est encore là, ordonna Alex tandis que ma vue se troublait.

Mon champ de vision commençait à rétrécir, mon ouïe s'affaiblissait. André fonça vers la porte tandis qu'Alex me mena en vitesse jusqu'à une banquette vide. Allait-il découvrir Jay en train de traîner le corps d'Antoine jusqu'à sa voiture ? Oh, vision d'horreur. Ce n'était pas acceptable pour ma morale. Le visage d'Alex s'approcha du mien, répétant mon nom, mais tout devenait flou.

Killer LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant