Chapitre 6 : « Truth be told, I'm more myself than I've ever been. »

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- April ! Maintenant t'arrête de déprimer, et tu m'accompagnes au haras !

- Je déprime pas... Et, de toutes façons, il va pas être ouvert, ton haras, on est le 25 décembre...

- Bah si, justement, fit-elle comme si j'étais stupide ; comme c'est le haras de ma tante et que personne ne travaille aujourd'hui, elle veut que j'aille l'aider.

Génial. Une milliardaire ne pouvait pas payer ses palefreniers, alors j'étais sensée décrotter les sabots de chevaux que je ne connaissais pas (et, pour être tout à fait honnête, j'avais un peu peur de ces grosses bestioles) histoire d'oublier que j'avais cassé avec mon meilleur ami. Youhou ! Joyeux Noël !

- Si tu veux, soupirai-je finalement, j'arrive.

Elle me dévisagea, et décida que je devais me changer (comme quoi je ne pouvais pas aller nettoyer du crottin de cheval en jogging gris et noir et vieux Marcel trop grand pour moi, ainsi que pour la personne qui l'avait oublié dans mon dressing, à savoir Clément) (Comment diable se faisait-il qu'il y ait des vêtements à lui dans mon dressing ?! Il avait à peine de quoi s'habiller...), et que je devais prendre des vêtements d'équitation, si bien qu'elle me tendit un pantalon d'équitation, une veste, et puis des bottines, le tout signé Hermès. Pour quelqu'un qui n'était jamais monté sur un poney de toute ma vie, j'estimais que j'aurais fière allure... Quand je soulèverai des tas de foin pleins de cacas.

Pour ce qui étaient des vêtements normaux, je ne voulais rien mettre. Rien ne me tentait, vraiment. Alors, Chloé s'impatienta et me jeta un pantalon de soie – j'avais toujours détesté la soie, pourquoi en avais-je dans mon dressing ? - et une chemise – elle avait vraiment des goûts étranges – et je la suivis, dans l'étrange accoutrement qu'elle m'avait concocté, à travers l'appartement. Et pourtant, au moment où nous allions sortir...

- Chloé, nous stoppa Elaine avec son fort accent italien, je t'interdis de la laisser sortir habillée comme ça.

- Tu m'emmerdes, Elaine ! Je trouve ça très classe.

- Et très peu April. Elle va avoir l'air de quoi, si elle rencontre des fouille-merdes ? De la fille désespérée qui a perdu tout sens du style.

- Je suis pas désespérée !

- Tu vois ? La nargua Chloé, elle aime les vêtements que je lui ai choisi.

- A vrai dire... hésitai-je

- Exactement. Viens avec moi, la naine ! Me dit-elle (si j'avais été de bonne humeur, j'aurais volontiers ri à son insulte – d'autant plus qu'elle mesurait vraiment vingt bons centimètres de plus que moi)

Je la suivis en traînant des pieds. Pour tout avouer, je n'avais pas plus envie de rester dans ma chambre que d'aller ramasser le crottin des chevaux de la tante de ma coloc... Mais Elaine me sortit un short noir, taille-haute et drapé, absolument magnifique, ainsi que des collants et des bottines en cuir suédé, bordeaux, et échancrées sur le devant. Je la remerciai de m'avoir sauvée de la méga-honte vestimentaire, et elle me dit qu'elle aurait adoré m'emmener faire du shopping plutôt que me laisser servir de palefrenier à une inconnue, mais qu'elle allait rentrer voir sa famille. Je lui souhaitai de bonnes vacances, et suivit Chloé à travers ses périples de taxi (« Bordel c'est pas possible ça, je vous demande de m'emmener à Versailles, pas en Guyane ! Pourquoi ça met si longtemps ? » « J'contrôle pas les bouchons, ma p'tite dame ! » Je serrai les dents – elle détestait qu'on l'appelle ainsi : « Enculé ! », s'écria-t-elle, avec, dans la voix, la grande classe de la parisienne bourgeoise par excellence - autant dire que nous avons dû trouver plus d'un taxi.)

Et un jour, nous arrivâmes à destination.

Et, très honnêtement, je voyais plus de verdure que de boue – et, par conséquent, n'avait aucune idée de ce que je foutais là.

April By Night 2 : Ain't No Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant