Chapitre 7 : « Ne soyez pas surpris si des morts reviennent à la vie. »

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J'avais mis la plus mauvaise robe que j'aurais pu choisir : si le dress code imposait que tout le monde soit vêtu de noir, j'étais habillée d'une robe blanche, avec une superbe jupe en tulle – qui était loin d'arriver jusqu'à mes genoux – et un large décolleté– qui, lui, n'en était pas si loin ; quand aucune des autres femmes présentes n'osaient montrer leurs jambes. Mais on me laissa entrer quand même, parce que qui refuserait la publicité d'April Anderson ? Tout le monde se contentait donc de me regarder avec désapprobation : « Alors c'est elle, cette pimbêche pleine aux as qui fait parti d'un jury d'exception pour la seule raison que sa famille a envoyé son bouquin et qu'elle pourrait, dans une autre vie, avoir un prix ? C'est elle la garce qui se casse en Italie,revient, fout le bordel, repart, revient en refusant de respecter le dress code ? Mais elle se prend pour qui ? »

Étant en pleine opération sabotage de réputation familiale, je me contentais de répondre aux regards jaloux des femmes par des clins d'œil à leurs maris, et aux regards libidineux par des baisers.Dès le lendemain, j'en avais conscience, je serais la gamine la plus détestée de la haute société Parisienne. Alors je pris une coupe de champagne, allumai une clope – que je n'avais pas volée, pour une fois – et me contenta de rester plantée là, à savourer cette petite victoire.

- Mademoiselle, on ne peut pas fumer ici, vint m'interrompre un jeune serveur à qui je jetai un regard langoureux. Celui-ci rougit jusqu'à la racine des cheveux, et me pria de faire comme il me plaisait. Alors je me hissai sur la pointe des pieds pour lui plaquer un léger baiser sur sa  joue.

C'est alors qu'un des gardiens de la sécurité vient me demander, à son  tour, d'éteindre ma cigarette. Mais la stratégie était,évidemment, de ne pas le faire. Plutôt me faire virer de là qu'éteindre l'objet du délit. Alors, je lui fis les yeux doux, et il garda son sérieux. Alors, j'explosai de rire ; et vint le directeur de la galerie, qui me demanda de sortir. Je le dévisageai de haut en bas, et de bas en haut, avec tout le mépris dont j'étais capable. Il réitéra la demande qu'on m'avait déjà exprimé par deux fois, et je crachai ma fumée au nez du directeur... Ce qui poussa le vigile à me prendre par les bras, pour me jeter dehors.Ils ne devaient vraiment pas être de bonne humeur, pour oser virer April Anderson de leurs locaux pour si peu. Mince, mon plan m'échappait, tout allait trop vite...

Je jetai un œil à la place dans laquelle je me trouvais. Une large route encadrait une petite place avec, en son milieu, une majestueuse fontaine à vœux. Je m'adossai à la fontaine, ce contre-temps n'était rien, je devrais juste attendre ici en frissonnant. Mon plan, je le jugeais infaillible.

C'est alors que Max, mon dealer, vint me voir. Génial, pile à l'heure. Il me tendit un joint pré-roulé, et un sachet de weed ; je le remerciai avec un billet de 100 euros. Ce qu'il me vendait en valait largement le prix. Cent euros, c'était le début du prix de la liberté. Le dixième seulement, mais le début tout de même.

Max et moi étions en très bon termes. Je le payais très gracieusement ; il était à la fois rapide et discret. Il me tendit donc son briquet pour que j'allume mon joint, et allait commencer à me parler, mais il ne fallait pas.

- Max ?

- Oui ?

- Cours.

C'était un bon petit soldat, habitué aux ordres bizarres. « 200 balles de salade à la Sorbonne », il comprenait ; de même que « plonge dans la fontaine ». Alors, si je lui demandais de courir, il ne demandait pas son reste ; aussi fuit-il sans demander son reste. Je m'emparai de mon portable, inscrivant rapidement le numéro de téléphone d'Elaine, celui de mon père, et d'Elinor, sur un bout de papier que je mis dans le triangle droit de soutien-gorge, en mettant le sachet dans le triangle de gauche... Je repris mon téléphone, et le jetai dans la fontaine. J'étais prête, et pouvait profiter de mon joint – qui, sérieusement, était parfait. Max était vraiment génial, il ne fallait surtout pas qu'il tombe pour une nouvelle connerie Andersonnienne.

April By Night 2 : Ain't No Sunshine.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant