Chapitre 10

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«  Connaître le passé est une manière de s'en libérer.  » - Raymond Aron

Chapitre dix

Point de vue extérieur.

Pendant que JungKook effectuait le chemin du retour, Jimin, de son coté, faisait encore face à ses erreurs.

Quatre garçons se tenaient fièrement devant lui, l'empêchant de fuir. Il savait qu'il ne pouvait pas partir tant que Jin n'était pas revenu. Depuis un an, il subissait le même sort à chaque fois que sa route croisait celle de ce garçon. Lui qui avait eu l'habitude de bousculer les élèves, de les insulter à longueur de journée, se retrouvait désormais dans le rôle de la victime. Comme si le perpétuel souvenir de cette malheureuse nuit ne suffisait pas, Jin pensait qu'il devait payer pour la perte qu'il avait subit. Un si grand vide s'était installé dans son cœur  ; la possibilité d'une journée sans verser une larme s'était évaporée devant ses yeux.

Il revoyait Jimin, souriant comme il savait si bien le faire, tenant fermement la main de Tae Hyung. Rien que l'image de deux hommes ensemble provoquait des haut-le-cœur chez l'adolescent, qui n'avait jamais pu supporter de voir ce spectacle contraire à la nature. Il se souvenait des yeux qui fixaient le couple, leur reprochant leur attirance réciproque, puis les coups qui s'en suivaient, toujours donnés par l'un des deux. Et lui, Jin, se contentait de regarder la scène d'un œil méprisant. Si ce couple n'avait pas existé, il n'aurait rien perdu. Il arriverait peut-être à trouver le sommeil.

La pièce dans laquelle se trouvait Jimin était sale et sentait tellement mauvais, qu'il n'aurait pas été étonné si un homme en pleine décomposition sortait soudainement d'un recoin. Jin entra, détournant l'attention de ses quatre compagnons. Il fit quelques pas près de la vieille porte, mâchouillant son habituel chewing-gum. Il l'aidait à extérioriser son envie de le tuer. Ses yeux se posèrent sur sa proie, qu'il ne cessait de faire souffrir depuis que cet événement déplorable s'était produit.

«  Content d'être là, camarade  ? J'ai prévenu ton charmant petit-ami que tu ne viendrais pas ce soir. Il avait l'air tellement... soulagé. Je ne serais pas surpris de savoir qu'il se fiche de toi. Vous vous connaissez depuis longtemps  ? Ça fait quelques temps, déjà, que je vous vois ensemble. J'ai enfin pu entendre le doux son de sa voix, ah, ah. Tu n'as pas tardé à remplacer Tae Hyung, à ce que je vois. T'aurais dû rester seul.

– Laisse-le, il n'a rien avoir avec notre histoire, riposta Jimin, dont les membres ne cessaient de trembler de colère. Ça se joue entre nous quatre.

– Nous cinq, tu veux dire.

Il s'avança vers lui, ses chaussures usées crissant sur le sol, pour lui attraper violemment le visage, et le tourner dans sa direction. Les yeux dans les yeux, les deux perdants se confrontaient.

«  Tu sais que je peux lui faire du mal, hein  ? Je tiens à ce que tu souffres autant que moi. Après tout, tout est de ta faute.

– Ta gueule, espèce de connard  !

Le poing du dominant s'écrasa contre le visage de son interlocuteur, qu'il trouvait un peu trop détendu.

«  C'est de la faute de Tae Hyung. S'il n'avait rien dit, rien ne serait arrivé  ! cria Jimin, qui se fichait bien des coups qu'il pouvait recevoir.

– Qui conduisait, petit fils de pute  ? Tae Hyung, ou toi  ? Hein  ? REPONDS  !

À quoi bon répondre, lorsque les deux personnes connaissent la réponse  ? C'était la raison pour laquelle Jimin gardait le silence. Le plus vieux agrippa la courte chevelure de l'autre, et tira sa tête en arrière. Le visage de Jin se tordit dans un rictus horrible, dont les lignes recueillaient la haine qu'il éprouvait pour celui qu'il considérait comme un monstre.

And now my memory won't let me sleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant