Chapitre 3 : I fall in love every day with someone new

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L'éclat de vos yeux supprime la souffrance du monde. – Franz Kafka

Chapitre trois

Le reste de la journée est passé très vite. Les gens de ma classe étaient encore plus bizarres depuis qu'ils m'avaient vu avec Jimin et Yoongi. Surtout... Comment il s'appelle, déjà  ? Ah, pourtant il était avec Nam Joon... Tae... Tae Yang  ? Tae Nim  ? Tae Hyung  ! Un petit brun, au visage tordu, et au sourire flippant. Oui, je commence à parler comme Jimin, en «  jeune  ». Il m'a dit que ma façon de parler n'était pas adaptée au lycée, mais que je pouvais parler normalement la nuit.

Ah, vous pensez que j'ai oublié de parler du garçon, hein  ? En fait, je le gardais au frais – façon de parler, je ne mets personne dans mon frigidaire, je vous rassure.

Ce garçon... Ce truc... C'est Nam Joon. Une sorte de racaille. Il habitait à coté de chez moi, lorsque j'étais encore chez mes parents, et nous fréquentions le même lycée. Vous devez vous rendre compte que je ne le porte pas vraiment dans mon cœur... En réalité, je ne le déteste même pas.

J'ai juste peur. Peur qu'il ne dévoile certaines choses sur ma vie. Il habitait à coté de chez moi, il entendait sûrement les cris et les insultes. Et je ne veux pas que les cris et les insultes me suivent.

Une heure après être rentré chez moi, dans mon studio miteux du centre, je m'étalais sur mon lit. La journée avait été chargée, je n'avais pas eu le temps d'y repenser. Alors c'est maintenant que mes souvenirs m'attaquaient. Il y en avait un, en particulier, qui revenait souvent. C'est comme si c'était hier.

Ses mains froides m'agrippaient le poignet droit, et ses yeux me transperçaient. Elle avait l'habitude de les ouvrir en grand, comme lorsque l'on dispute un enfant. Mais, à quinze ans, on est plus un enfant. Sa main gauche frappe violemment mon visage qui se retrouve projeté vers la droite. Je ne bouge pas. Je ne sais plus bouger, ni même parler, dans ses moments-là. Mes larmes hésitent à tomber, et je les retiens tant bien que mal. Elle me pousse sur le sol avec plus de force qu'un homme, et ses mains saisissent mon cou fragile. Elle serre, et serre encore, jusqu'à ce que mon visage et le sien deviennent rouges, jusqu'à ce qu'elle se rende compte qu'elle a encore tenté de m'étrangler. Mais au lieu de s'écarter, elle met plus de force dans son emprise, sûrement pressée d'en finir.

Et sa voix surgit de ses sanglots. Elle répète inlassablement sa phrase fétiche  : Je préférerai te voir dans un cercueil plutôt que chez moi  !

Elle n'était pas allée jusqu'au bout, vous devez vous en douter. Sinon, je ne serai pas en train de vous conter cette histoire. Ne vous apitoyez pas sur mon sort  ; d'autres personnes ne sont pas sorties de ce cauchemar. J'ai eu la force de partir.

Mes pensées s'échappèrent vers Jimin. Je regardai le radio-réveil qui trônait sur mon étagère. Il était presque vingt heures. Il n'était pas encore au café.

Mes yeux se fermèrent, laissant le sommeil s'emparer de moi.

*

«  Tu sais vraiment rien faire de tes mains, abruti, va  !  »

Mes paupières se rouvrirent dans un sursaut. La sueur perlait sur mon front, mes mains agrippaient ma couverture, tremblantes. Ses mots se répètaient dans ma tête, comme lorsqu'elle avait encore du pouvoir sur moi. Mais ce temps était révolu.

Je sortis lentement de mon lit, avec une seule chose en tête  : voir Jimin. Le radio-réveil indiquait trois heures, l'heure parfaite pour notre rencontre nocturne. J'espèrais seulement qu'il serait là, car j'avais besoin de lui...

Le beignet grésillait, cette nuit, et Sandy n'était pas là. C'était un vieux monsieur qui la remplaçait. Debout devant le café, j'hésitai à entrer. Je balayai rapidement le petit commerce des yeux, et une silhouette se dessinait près d'une fenêtre, comme toujours. Mes jambes prirent les devants, pendant que ma tête était encore encombrée par les images cauchemardesque qui m'avaient secouées quelques minutes plus tôt.

And now my memory won't let me sleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant