Chapitre 12

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«  Ce n'est pas l'esprit qui fait les opinions, c'est le cœur.  » - Montesquieu

Chapitre douze

Je me sentais encore bizarre, même si trois jours s'étaient écoulés. Les paroles de cet inconnu, sa proposition, la tristesse que je lui avais décrite...

Une lumière en moi, éteinte depuis plusieurs années, s'était rallumée. Je cherchais la beauté et la différence partout. Je sentais que j'étais passé à coté de quelque chose qui aurait pu tout changer.

Et si je n'avais pas eu de mal à m'endormir  ? Et si je n'étais pas allé dans ce café  ? Et si je n'avais pas aperçut Jimin  ? Et si, tout simplement, nous ne nous étions jamais parlé  ? Et si... Et si, en réalité, il était la source de ma tristesse  ? Il était tellement perdu, tellement brisé par son passé, que je faisais toujours le lien avec ma propre histoire. En la laissant de coté, j'aurais pu refaire ma vie. Au lieu de cela, je passais des nuits entières à parler dépression.

Jimin et Yoongi me trouvaient, eux aussi, bizarre. Il m'était arrivé de rire subitement, au beau milieu d'une banale conversation. J'avais envie de déposer une pincée de béatitude et d'insouciance dans leurs cœurs meurtris. J'avais soif de ces sourires différents des sourires faux qu'ils m'adressaient le plus souvent. Je me sentais différent, moi-même, pendant de brefs instants  ; juste assez longs pour réaliser que je m'étais muré dans mon propre désespoir. Je me disais  : et si l'on recommençait tout  ?

Bref, un changement remarquable s'était opéré en moi. Et je me sentais heureux. C'est pourquoi j'avais décidé, cette nuit-là, d'en parler à Jimin.

Le café était étrangement sombre, contrairement aux autres jours où la luminosité en venait parfois à me faire mal aux yeux.

Je réfléchis à la conversation que nous allions avoir, en attendant mon ami.

Il mit peu de temps à arriver. Son sourire faux m'apparut, et il s'assit en face de moi.

«  Salut, JungKook, commença-t-il. Ça va  ?

– Ouais  ! Et toi  ?

– Mmh. Tu voulais me dire quelque chose  ?

– Tu te rappelles du gars dont je t'ai parlé  ?

– Tu ne parles que de lui...

– Ce serait cool que tu le rencontres, un de ces jours. C'est comme un psy, mais en beaucoup plus optimiste, annonçai-je.

– Tu veux que je rencontre un mec que tu n'as croisé qu'une fois dans ta vie, et que je lui raconte mes problèmes alors que je ne suis même pas capable de t'en parler  ?  »

Il n'avait pas totalement tort. Dans ma tête, Jimin se serait tout de suite lancé dans l'aventure.

Il tapota la table de ses doigts pour combler le silence.

«  Qu'est-ce que t'as, en ce moment, JungKook  ? Je ne te reconnais plus...

– J'ai ouvert les yeux.

– Sans rire. On dirait que tu me fais de la publicité pour faire partie de ta secte, là. Ce gars t'a lobotomisé le cerveau, ou quoi  ? Où est passé le garçon que tu étais  ? (Il soupira.) On dirait que tu n'es plus le même.  »

Je ressentais de nouveau ce poids sur la poitrine.

J'étais heureux de ce changement, mais pas lui.

Mais était-il important à mes yeux au point de renoncer à mon propre bonheur pour lui  ?

«  Tu ne comprends pas. J'ai envie de passer à autre chose. Pas de... (Je baissai la tête, hésitant à parler.) Pas d'être le gentil garçon à qui on ne dit rien.

And now my memory won't let me sleepOù les histoires vivent. Découvrez maintenant