Nouvelle Lune

2- L'Incident

*Daniel*

Je marchai pour quitter l'école, c'était déjà mieux que de prendre l'autobus. Je n'aurais pas pu supporter la présence d'autrui encore plus longtemps. J'arrivai chez moi et poussai la porte en m'écriant: «Salut Rachel, je suis rentré!»

Avant même qu'elle ne me réponde, je courus dans ma chambre déposer mes affaires. C'était qui, ce gars louche, derrière moi dans la salle de bain? Un élève qui voulait faire une blague? Ça n'expliquerait pas le phénomène bizarre au dîner. J'ouvris ma garde-robe et une boîte remplie de peluches tomba par terre. Je la pris et la déposai sur une tablette. J'aperçus soudain un carré découpé dans le plafond. Je ne savais pas qu'on avait un grenier.

Lampe de poche en main, je me mis à errer dans le grenier poussiéreux et humide. Des boîtes s'éparpillaient partout. Je pointai le faisceau lumineux sur l'une d'entre elle où il était inscrit au sharpie noir: Jason. Qui est Jason? Piqué de curiosité, je ne puis m'empêcher d'ouvrir la vieille boîte. À l'intérieur, il y avait plusieurs albums photos et un journal enroulé. Je pris un des albums photos et je commencai à le feuilleter. On voit un garçon qui me ressemble sur les photos. Il y a des photos de lui avec une fille. Je pris le journal et le déroulai soigneusement. En couverture, deux automobiles après ce qui semblait avoir été une collision frontale. Dans l'article, ils parlaient d'une femme qui a été retrouvée écrasée et du conducteur dont le corps n'a pas été retrouvé. De plus, ils disaient que l'enfant avait survécu à l'accident. Je saisis immédiatement un autre album. Il contenait... Des photos de moi bébé.

C'est donc ici qu'elles étaient, tout ce temps-là. Je continuai à feuilleter et tombai sur une photo de ce Jason avec la fille et... Un bébé.

Jason... C'était mon père.

Derrière nous, on pouvait voir une jolie maison accueillante et parfaite pour une famille. Je sortis la photo de l'album et regardai derrière: 316 Rue des Rosiers. Bingo.

***

- Je vais chez Thomas ce soir, je reviens vers 10h!

Après mon excuse précipitée, et avant que grand-mère ne puisse répliquer, ni même comprendre ce qui se passait, je pris mon vélo et me mis en route. Il commencait à faire noir, et la pluie s'était arrêtée. La chaussée était mouillée, je devrais faire attention. Au lieu de tourner à gauche pour aller chez Thomas, je tournai à droite. Direction: Rue des Rosiers. Quand j'arrivai, je constatai qu'elle était bien moins chaleureuse que ce qu'on pouvait supposer.

C'était une rue qui avait été construite dans les tous débuts de West Pine Mount, si ma mémoire était bonne. On aurait dit que les maisons étaient inhabitées depuis longtemps, vu leur piteux état. Je stationnai mon vélo devant la maison 316. Je sortis la photo de ma poche et comparai. C'était bien la même maison. Et elle était bien plus négligée que sur celle de la photo. C'est fou ce que 12 ans pouvaient faire. Je m'avancai vers la porte d'entrée, encadrée de fenêtres brisées, ce qui avait couvert le patio de morceaux de verre qui craquèrent à mon passage. Soudain, à ma grande surprise, je remarquai que la porte était déverouillée. Je la poussai. Elle glissa lentement et douloureusement sur ses vieux gonds, dévoilant l'intérieur sombre et lugubre.

Muni de ma lampe de poche, je fis quelques pas hésitants dans la demeure. Je m'avançais dans l'entrée, lorsque soudain, j'entendis un bruit en haut des escaliers. Pris de panique, je criai:

- Qui est là?!

Je m'engagai dans l'escalier de bois, vers le bruit. Les marches grincèrent atrocement sous mon poids. Tout à coup, sans que je ne puisse réagir, une des planches se cassa d'un craquement sec.