6- 1er Entraînement

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*Thomas*

Plusieurs jours avaient passé depuis mon arrivée à Seattle. Au moins deux semaines s'étaient écoulées, et je m'étais adapté plutôt vite. On aurait dit que j'avais commencé à vivre seulement depuis l'incident. Ma vie d'avant ne semblait plus qu'un rêve flou. J'avais encore un peu de mal à concevoir que tous mes ancêtres maternels étaient des loups-garous, mais je préférais ne pas y penser. Après tout, ils demeuraient humains en ma présence, sachant bien que je ne savais pas décoder leur langage non-verbal sous forme animale. Et aussi parce qu'être entouré de gens nus une fois qu'ils se retransformaient me mettait mal à l'aise.

Cependant, je m'entendais bien avec ma famille. Nous avions les mêmes réactions et même façons de penser. Évidemment, quand Emily ne décidait pas de rabaisser mon point de vue (elle semblait faire ça par pur plaisir, et cela depuis toujours, j'étais donc habitué). Je n'avais peut-être pas les capacités physiques de loups, mais j'avais bien leur esprit.

Ce matin-là, je ne tenais pas en place. Après deux longues semaines de cours théoriques au C.E.S.S., Centre d'Entraînement et de Spécialisation des Surnaturels, ce que nous attendions tous arriva enfin.

Le premier entraînement.

C'était le premier cours pratique, mais principalement un programme de mise en forme pour pouvoir suivre le cours ensuite. En effet, le cours pratique nécéssitait certaines conditions physiques et le but des entraînements était de mettre tout le monde à niveau. Même si plusieurs étaient stressés, comme Ruby qui semblait avoir toujours eu peur des attroupements de personnes, moi j'avais hâte.

J'avalais mon déjeûner en vitesse. Entre deux bouchées, Emily me demanda d'un ton monotone:

- Mais qu'est-ce qui te prend, aujourd'hui?

- Il a son premier entraînement, répondit maman à ma place, pour me permettre de ne pas interrompre mon repas.

- Oh, juste ça, râla-t-elle.

- Pas d'attitude de ce genre ici, Emily, dit une voix derrière.

Je me retournai brièvement et vis, depuis ma chaise, grand-père Stan Walker. Lorsque je l'avais vu la première fois, je n'avais pas cru une seconde que c'était mon grand-père. À cause de sa stature imposante et de son visage illuminé, il avait l'air d'un homme de 50 ans. Seuls quelques reflets gris dans ses cheveux noirs, pareils aux miens, trahissaient son âge. Quand ma mère m'avait dit son âge, j'avais failli tomber par terre. Il avait 130 ans. C'est à ce moment que j'avais appris la longévité des loups. Moi qui avais cru du premier coup d'oeil qu'il était mon oncle ou quelconque.

Il s'approcha alors de moi, alors que je finissais de manger, et posa sa grande main chaude sur mon épaule. Il planta son doux regard de l'ambre des loups dans le mien, et me dit de sa voix profonde:

- Chaque vie a ses grands moments. Même si on peut penser qu'en ayant vécu si longtemps, les personnes comme moi oublient la raison de vivre, la réponse n'est pas là. Au contraire, cela m'a premis de réaliser vraiment pourquoi on vit. Moi, c'est pour ma famille. Tu trouveras ta mission à toi un jour, mais pour cela tu dois vivre des expériences. Alors, mon petit Thomas, vois ce premier entraînement comme une de ces expériences. Retiens-en le plus de connaissances.

- Papa, il va être en retard, dit maman avant qu'il ne poursuive son discours philosophique, le ramenant sur terre.

- Oh, oui, pardon, s'excusa-t-il.

Il me fit un clin d'oeil. Je souris.

- Tu peux y arriver, un Walker y arrive toujours, me dit-il juste avant que je ne passe le cadre de porte.

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