12- Tournoi

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*Ruby*

Je rêvais que j'étais en forêt. Je courais extrêmement vite, mes pattes foulaient la terre à la vitesse de l'éclair. Je percevais tout. D'autres couraient avec moi. Je n'étais plus seule.

Plus maintenant. 

J'ouvris les yeux. Seule une faible lumière éclairait la pièce. La même lumière tous les matins. Cela faisait deux semaines que j'étais ici. Deux semaines qui me paraissaient des mois. Disons qu'Amy ne me faisait pas de cadeau. Chaque matin, elle me réveillait à 5h et ne me laissait en paix que tard dans la nuit. Même que parfois, elle m'obligeait à rester debout pendant plus de 24h. Selon elle, les loups devaient apprendre à lutter contre le sommeil. 

Les jours se ressemblaient presque tous. Entraînement, entraînement, entraînement. Comment frapper, comment se protéger, comment se servir d'une arme... Tous les trucs utiles que doivent savoir les surnaturels. Elle m'apprenait aussi à me contrôler, à mordre et à griffer, mais surtout, à tuer. 

Amy était très impatiente au début. Elle me lançait constamment des "contrôle-toi", "arrête de pleurnicher", ferme-la et apprend", bref, des trucs assez rudes. Mais plus je m'améliorais, plus elle semblait se détendre.

Et en terme d'amélioration, j'avais brisé les records.
Je pouvais contrôler mon loup intérieur, maintenant. Plus de danger de tuer quelqu'un à chaque crise de colère. J'étais encore un peu instable, mais j'étais capable de me retenir de sauter à la gorge de tous ceux qui m'insultaient. J'avais l'impression que l'animal et moi avions fusionné, en quelque sorte: j'entendais mieux, je sentais tout, j'étais plus agile et plus forte, tout ça sous ma forme humaine. 

Je refusais toutefois toujours de me transformer simplement pour le plaisir. Sous ma forme animale, je me sentais bien et je savais que j'étais à mon plein potentiel, mais à moins qu'il y ait une urgence, je restais moi-même, c'est-à-dire l'humaine. C'était par contre devenu de plus en plus difficile de supporter Amy. Plus les jours passaient, plus l'envie de la tailler en morceaux grandissait. Comme si ma haine pour les vampires s'accentuait de jour en jour. Mais après tout, les loups et les vampires ne sont pas censés être amis. Je crois que seul le fait qu'elle et moi ayons un côté humain nous empêche de nous entre-tuer. 

D'ailleurs, je me demandai où était passé cette chère Amy. 

Je me levai doucement. Amy m'avait installé un petit lit dans un coin de la "pièce centrale", comme je l'appellais. C'était étrange. D'habitude, elle venait toujours me réveiller tôt, mais pas ce matin...

J'ouvris une porte qui donnait sur un long couloir. Il y avait de la lumière au loin, je me dirigeai donc vers celle-ci. Je me mis alors à repenser à Thomas, à Daniel et à Emma. Il n'était pas passé un jour sans que je ne pense à eux. Je m'en voulais horriblement de ne pas leur dire que j'étais encore en vie, mais même si je le voulais, Amy ne le permettrait pas. J'avais essayé de m'enfuir, deux fois je crois. Ces tentatives avaient toutes les deux échoué. J'avais finalement abandonné l'idée de m'enfuir, juste après qu'elle m'ait dit qu'elle allait me laisser partir quand j'allais être prête. J'avais donc fait tout mon possible pour m'entraîner et pour m'améliorer, afin de pouvoir avoir la chance de retrouver mes amis au plus vite. 

J'arrivai devant une pièce partiellement éclairée. Amy était assise au centre près d'une table, dos à moi, ses longs cheveux retombant en cascade dans son dos. Elle avait beau être une "méchante", "celle qui m'a tuée", mais elle m'avait expliqué ses intentions, et je ne lui en voulais pas. 

Elle faisait en effet partie de la même bande que Joey, c'est-à-dire de la bande qui veut me tuer. Elle avait été envoyé ici après la mort de Joey, pour terminer le travail qu'il n'avait pas pu accomplir. Amy, qui était elle-même une hybride, n'avait pas voulu me tuer, car je faisais en quelque sorte partie de la même famille qu'elle, celle des hybrides. Elle trouvait injuste que l'on tue tous les hybrides loups alors que les hybrides vampires avaient le droit de rester en vie, même si la plupart des vampires ne les considéraient pas comme des leurs à part entière. En fait, elle m'avait sauvé la vie. 

Nouvelle LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant