Premier C H A P I T R E

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ARC 1 : Arendelle.

Elsa, souriante, lissa son jupon et lança un dernier regard à son reflet. Bien, elle était exactement comme il le fallait ; pas assez belle pour éclipser sa sœur, mais assez pour prétendre être sa demoiselle d'honneur. Vêtue d'une magnifique robe bleue qui mettait en valeur sa taille de guêpe et partait par la suite en évaser, dissimulant ainsi ses jambes et la paire d'escarpin qu'elle avait enfilé, elle était tout simplement charmante. Une parure à la fois simple mais élégante ceignait son cou de cygne, assortie à de scintillantes boucles d'oreille qui faisait ressortir son maintien altier.

Après avoir tressé ses cheveux platine en une natte lâche, elle tourna sur elle-même et, satisfaite, rejoignit sa sœur qui l'attendait impatiente dans la pièce voisine.

« Oh, Elsa ! S'exclama Anna en la voyant arriver. »

Elle lui aurait volontiers sauter dessus si l'imposante tenue blanche dont elle était accoutrée ne l'en empêchait pas. Elle se saisit néanmoins des bras de sa sœur, y imprimant toute la joie et la détresse qu'elle ressentait en l'instant même.

« J'ai hâte et tellement peur à la fois ! Avoua-t-elle à voix basse, comme si elle avait crainte qu'on eut pu l'entendre.

- Avoir peur ? Tu ne devrais pas ! Kristoff est un ange, et il t'aime autant que tu l'aimes. Si tu savais comme je suis heureuse pour toi ! Se réjouit ouvertement Elsa, en répondant à l'étreinte de la jeune femme. Avec lui, tu auras tout le bonheur dont tu rêves ! »

Anna approuva d'un hochement de tête, ses yeux luisant d'une fine pellicule humide - des larmes de joie, Elsa ne pouvait en douter. Son allégresse rajoutait à sa beauté naturelle un éclat encore plus éblouissant, caractérisée par ses joues rouges et l'apparition de ses dents, causée par l'immense sourire qui barrait son visage lumineux.

Soudain, la musique solennelle commença et Anna sursauta, enfonçant ses ongles dans la chaire de sa sœur. Elsa se permit un sourire amusé, quoique grimaçant, puis avec une élégance volontairement exagérée, proposa son bras à sa sœur qui s'en saisit avec férocité. Bras dessus bras dessous, Anna tentant d'égaler l'aisance d'Elsa, elles passèrent la porte qui s'ouvrit sur leur passage.

Les invités étaient disposés de façon à ce qu'un chemin soit tout tracé pour permettre à la future mariée de rejoindre l'homme qu'elle aimait en quelques pas. Des murmures admiratifs retentirent dès que les sœurs parurent ; en effet, Anna, glissé dans un fourreau de nacre, était d'un charme inégalable. Les années avaient raffermi ses traits doux, et maintenant âgée de 22 ans, elle était devenue une véritable femme pleine de bonté et de vivacité.

Anna releva les épaules, fière, heureuse, et Elsa comprit que sa petite sœur se passerait maintenant très bien d'elle et du bras qu'elle lui tenait depuis bien longtemps.

Elle partit rejoindre celui qui l'attendait au bout de l'allée, rayonnante, en lançant un dernier coup d'œil de remerciement à sa chère sœur. Celle-ci recula humblement tout en observant, émue, le couple qu'ils formaient. Pourrait-on lire plus de joie que celle qu'elle devinait dans les prunelles de la jeune Princesse ? Ou plus de sincérité dans celle de l'homme ?

Son instant d'allégresse fut rompu par l'étrange impression que quelqu'un de malsain la fixait. Déconcertée, elle posa ses yeux sur la petite assemblée, à la recherche de celui ou celle qui pourrait causer son malaise, tandis que Kristoff et Anna, mains et âmes jointes, prononçaient leurs vœux.

« Désormais, Elsa, tu es seule... Tellement seule... Ta sœur n'a plus besoin de ton affection, maintenant qu'elle a celle de son mari. Et toi qui n'a jamais pu trouver la force d'aimer, perdu dans ta méfiance envers autrui, que vas-tu faire ? Tu n'es plus que la simple décoration d'un Palais, le magnifique joyau inutile qui borde une couronne superflue. »

Elsa frémit quand la voix féminine se détacha distinctement du bruit alentour dans sa tête. Inquiète de sa propre santé mentale, elle s'enjoint à se moquer d'elle-même. Quelles étaient ces drôles de pensée qui la traversaient ? Elle était heureuse du bonheur d'Anna, mais savait tout autant que ce mariage ne changerait en rien leur relation.

« Tu as tort de croire que rien ne changera. Tout change. Excepté toi. Tu auras beau courir, encore et encore, jamais tu n'arriveras à la hauteur de ceux que tu aimes. Car ils sont normaux, et toi tu es... différente. Dangereuse. »

Dangereuse (Jelsa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant