C H A P I T R E Neuf

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Réveil
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Ce fut les bavardages rieurs résonnant dans la pièce qui tirèrent Elsa de son sommeil. Elle se frotta les yeux, pleinement reposée, puis ouvrit enfin les paupières.

Et ne put retenir le cri de frayeur qui perça sa gorge.

En haut ! Elle flottait en haut ! Elle plaqua une main horrifiée sur sa bouche, interrompant le cri qui s'échappait de ses lèvres et dédaigna poser un regard sur la distance qui la séparait du sol.

Toutes les conversations s'étaient tues, mais quelques rires étouffés retentirent quand elle entendit la voix familière de Jack requérir un moyen pour l'atteindre.

Le jeune homme apparut dans son champ de vision, volant sur une sorte de lit dont les bordures étaient tressés – certainement le soi-disant hamac – dissimulant avec peine le rire qui menaçait d'exploser dans sa jugulaire.

« Elsa, je suis désolé, je ne pensais pas qu'il irait aussi haut...

– Je veux descendre ! » Exigea-t-elle aussitôt, et il acquiesça en se mordant l'intérieur de la joue jusqu'au sang, évitant ainsi le sourire de naître.

Il lui fit signe de s'approcher de lui, et elle obéit, se débarrassant des draps qui l'entravaient. Le froid colonisa rapidement la pièce, victime de la peur d'Elsa, alors que Jack l'amenait sur son propre hamac et qu'ils redescendaient tranquillement vers le sol, la Reine ne cessant de lancer des regards assassins au jeune homme.

Ils atteignirent le sol et Elsa s'y précipita, respirant enfin pleinement lorsque ses pieds le frôlèrent. Bon sang, combien de crises cardiaques faudrait-il qu'elle fasse avant de s'habituer à ce monde ? Depuis quand dormir dans les airs était-il devenu banal ?

Elle se retourna et leva la tête ; tous ceux présent la dévisageait, intrigués par cette fille dont le cri avait transpercé la plupart des tympans. Ils avaient à peu près son âge, remarqua-t-elle, le plus jeune devait certainement aller sur ses 18 ans. Ils étaient tous perchés sur leur couchette, curieux, tournés les uns vers les autres en petits groupes de bavardages déjà créés excepté leur visage qui obliquait vers elle. Leurs jambes pendaient allègrement dans le vide sans se soucier de la hauteur à laquelle ils se tenaient, sans se soucier même de la gravité qui, s'ils faisaient un faux mouvement, appliquerait instantanément sa loi sur leur corps.

Elle se sentit rougir, honteuse. Apparemment, dormir sur ces sortes de hamac volant était ordinaire chez eux.

« Ce sont ceux qui maîtrisent l'air qui ont créé ces dispositifs » Lui expliqua Jack en voyant l'intérêt soudain qu'elle leur portait. « Ils font voler les lits, cela permet d'utiliser toute la place. Malheureusement, seuls ceux comme nous peuvent y dormir, les Élémentaires de feu, d'eau, et de terre doivent coucher ailleurs. Mais c'est marrant, non ? »

Elle lui jeta un oeil noir en se souvenant de la peur qu'elle avait eu, ce qu'elle était loin de trouver « marrant », mais s'adoucit devant le ton admiratif qu'il employait sur le sujet.

Effectivement, il lui désigna un point et son regard glissa sur un escalier menant à une balustrade, où plusieurs portes de chêne se trouvaient encastrées dans le mur, chacune marquée par le symbole d'un élément.

« Une goutte pour l'eau, une flamme pour le feu, une plante pour la terre... » Comprit Elsa, surprise.

Alors quand il disait hier qu'ils n'étaient pas uniques en leur genre, c'était qu'il existait aussi d'autres personnes pouvant utiliser des éléments différents ?

Avant qu'elle n'ai pu obtenir de réponse claire, une tornade brune apparut dans l'encadrement de la porte, mains sur les hanches, scrutant les personnages des yeux, esquissant un sourire satisfait quand ils tombèrent enfin sur celui qu'elle souhaitait trouver.

« Jack Frost ! » Aboya Cindy, ses prunelles lançant des éclairs dans sa direction. « Je n'arrive pas à croire que tu aies donné ton lit à Elsa sans même lui faire connaître ce point ! Imagine si elle était tombée, si quelque chose de grave lui était arrivée... »

Elle fit mine de le frapper mais il esquiva habilement, prenant Elsa par les épaules et s'en servant comme rempart face à la jeune femme qui lui faisait face.

« Wow wow wow, tout doux ! Elle était fatiguée, moi aussi, et je n'ai pas vraiment fait attention, voilà tout ! Tu sais parfaitement que les explications, ce n'est pas mon fort.

– Frost, ton excuse est pitoyable, le cingla Cindy en agitant vers lui un doigt agacé. Je te préviens, recommence un de tes coups foireux destinés à faire fuir les petits nouveaux, et je te colle la corvée toilettes pendant deux mois, compris ? »

Jack grimaça mais hocha piteusement de la tête en libérant Elsa de son étreinte qui observait la scène avec un amusement non dissimulé.

Était-ce toujours autant mouvementé ? Cela lui rappela Anna, son rire en clochette et sa mine de trublion, Anna et les farces qu'elle disposait absolument partout, Anna et sa bonne humeur perpétuelle qui envahissait tel un virus tout le château.
Elsa sentit une aigreur remonter dans son œsophage tout en pensant à l'état dans lequel devait se trouver sa soeur maintenant qu'elle avait disparue, une fois de plus.
Ce fut une voix étrangère qui la tira de ses amères songes :

« Dit, intervint un jeune homme à la tignasse châtain en avançant vers eux mais s'adressant à la Reine d'Arendelle en particulier, la nouvelle, tu voudrais bien arrêter de transformer notre dortoir en congélateur, s'il te plait ? »

Elsa fronça les sourcils, ne comprenant pas un traitre mot de ce qu'il venait de prononcer quand il lui désigna d'une main agacée le plafond produisant des flocons en masse. La plupart des adultes se frictionnaient les bras dans une vaine tentative de se réchauffer, et des exclamations irritées retentissaient dans la pièce.

« C'est pas encore un coup de Frost, ça ? » « Non, apparemment c'est la nouvelle ! » « Pas encore un qui contrôle la glace, par pitié ! » « On ne devrait même pas les accepter dans notre dortoir... » Murmurèrent les Élémentaires de l'air, ce qu'Elsa et Jack entendirent parfaitement mais n'en bronchèrent même pas, l'une parce qu'elle était trop occupée à essayer de justifier la perte de contrôle qu'elle possédait sur ses pouvoirs, et l'autre parce qu'il riait tellement qu'aucune autre parole ne pouvait s'extraire de sa bouche.

Cindy se massa les tempes, profondément irritée par le comportement puéril de Jack et par les plaintes des Élémentaires.

« Bon ! Je vais emmener Elsa à l'infirmerie où nous pourrons tout reprendre depuis le début ; de votre côté, vous n'avez plus qu'à déblayer la neige ! »

Les gémissements redoublèrent d'intensité mais Cindy fit la sourde oreille et attrapa Elsa par le bras. Jack, souhaitant échapper au nettoyage du dortoir, décida de les accompagner ce que la brune finit par accepter dans un soupir exaspéré.

Je voulais vous remercier pour tous vos commentaires, vos votes et vos encouragements ! J'espère que ce chapitre vous a plu !

Dangereuse (Jelsa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant