C H A P I T R E Quinze

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« Funny Day »
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Jack déglutit, loin d'être convaincu par son choix de boutique.

« Tu veux vraiment aller ici ? Se risqua-t-il à demander.

– Bien sûr que oui. Rétorqua aussitôt Elsa, levant les yeux vers l'enseigne du magasin qui avait immédiatement attiré son regard quand ils avaient fait le tour de la ville. Pourquoi ?

– Ben tu sais... C'est une boutique pour enfant... »

Elsa se dérida, ravie.

« Justement, c'est le but ! Lui avoua-t-elle sournoisement. Allez, viens. »

Elle hésita puis, portée par l'adrénaline de cette folle journée, le prit par le bras et entra, souriante, suivi par un Jack peu rassuré.

Et il avait plus que raison de l'être.

~×~

Jack releva les bras, désespéré, puis les relâcha brusquement, soupirant. Il jeta un rapide coup d'œil au miroir et y découvrit le reflet d'Elsa derrière lui, qui enfonçait si profondément ses ongles dans la chair de sa paume pour s'empêcher de pouffer qu'elle atteindrait bientôt le sang.

« Tourne-toi, s'il te plait » S'efforça-t-elle de dire, contenant son réjouissement dans une voix qu'elle voulait plate mais qui vacillait légèrement sous les afflux du rire bloqué dans sa jugulaire.

Le visage du jeune homme était, lui, on ne peut plus neutre, bien que ses pupilles reflétaient un amusement profond en voyant l'état dans lequel la jeune femme était. Parce qu'il n'était pas dupe. 

En même temps, comment ne pas réagir comme elle en voyant l'accoutrement dont elle avait affublé Jack ? Il avait fallu plusieurs essayages avant qu'elle ne soit pleinement satisfaite, et maintenant, le jeune homme se prenait à regretter douloureusement de l'avoir ainsi sous-estimé.

« T-Tu es parfait comme ça, Jack ! » Elsa éclata de rire, n'y tenant plus.

Il grimaça, peu convaincu, se retournant vers le miroir et l'image qu'il lui offrait. Un clown. Voilà ce dont Elsa avait décidé de l'habiller. Un clown avec un nez rouge sang, un vêtement bouffant orange flashi lui recouvrant le haut du corps tandis que le bas, lui, était jaune poussin. Rajoutez-y son expression morne, et vous obtenez le parfait cocktail pour un individu plus que comique.

Un mélange détonnant de couleurs vives qui l'obligea à détourner le regard. Trop "brillant" à son goût.

Ce fut d'ailleurs en plein geste qu'il entendit soudainement le bruit caractéristique d'un flash. Il s'étrangla à moitié quand il découvrit Elsa, son téléphone en main, le visant du mieux qu'elle le pouvait de l'appareil photo.

« Épique ! » Le complimenta-t-elle dans un rictus diabolique.

Il aurait dû le savoir ; cette fille était pire qu'un démon ! C'était étrange, car c'était en partie pour cela qu'elle lui plaisait. Sa faculté à le sortir de son quotidien, à... Il se reprit brusquement, perdant le sourire qui s'était installé sur son faciès. Lui plaire ? N'importe quoi ! Qu'est-ce qu'il racontait encore ?

Il secoua farouchement sa tête, se forçant à rejeter toutes les pensées de ce genre qui l'avaient brusquement assailli. Elsa baissa le portable, fronçant les sourcils en remarquant sa soudaine perte d'enthousiasme.

Quand les derniers songes interdits eurent fini de s'évaporer, une idée germa lentement dans l'esprit de Jack. Diabolique, oui elle l'était. Mais lui... 

« Jack ? Est-ce que ça va ? Demanda Elsa d'une voix sourde.

– Je... J'ai mal à la tête » murmura-t-il, posant une main sur son front, lui jetant un œil en coin.

Elle eut immédiatement la réaction escomptée ; inquiète, elle s'approcha, baissant sa garde, retirant le masque joueur qu'elle avait arboré.

Jack ricana intérieurement. Elle l'avait beau l'avoir eu une fois, elle restait naïve.

Quand elle fut assez proche, il la prit par surprise, se jetant sur sa main qui tenait la boîte métallique lui appartenant.

Il ne prit pas néanmoins pas en compte le déguisement qu'il portait ; Elsa eut tout juste le temps de se décaler que son pied se coinçait dans le pantalon trop grand. Il remua désespérément des bras, tentant vainement de garder son équilibre puis s'écroula à terre dans un bruit mat.

Un silence précéda la scène. Le nez rouge glissa de son appendice nasal pour venir rouler sur le parquet ; Elsa ne put alors réprimer plus longtemps le rire qui enflait dans sa gorge. Il résonna dans la pièce, l'emplissant de ses tonalités cristallines.

Il laissa son visage s'écrouler sur le sol, désespéré, fermant ses paupières. C'était vraisemblablement de pire en pire ! Il se ridiculisait à chaque fois devant la belle Reine, tandis que, malgré l'inconnu dans lequel elle était plongée, elle en restait parfaite. Quelle injustice !

« Alors là... Bredouilla-t-elle enfin, se calmant. Tu as fait fort !

– Merci de ton soutien, Princesse, »  grommela-t-il, honteux d'avoir ainsi échoué, mais ne pouvant - il ne savait pourquoi, et malgré tout - s'empêcher de sourire.

Il se sentit soudainement maladroitement soulevé ; Elsa tentait de le relever en le tirant par le bras. Une fois les pieds au sol, et ayant fait son possible pour l'aider, il soupira de soulagement et se retourna vers la jeune femme, posant ses mains sur ses hanches. Les yeux de la jeune femme pétillaient, une ébauche de sourire étirant les commisures de ses lèvres.

« Bon, tu m'aides à retirer ce truc ? Ce n'est pas que qu'il ne me plait pas mais vois-tu, il cache mes formes de rêve » Déclara-t-il sarcastiquement, souhaitant éviter ses prunelles de glaces scrutatrices qui avaient parfois le don de le rendre mal à l'aise.

Elle hocha de la tête, amusée, mais acceptant d'arrêter le jeu et de le libérer, gardant cependant soigneusement le portable hors de sa vue. Il pivota, lui dévoilant son dos. Il l'entendit alors plusieurs fois tirer sur la fermeture éclair, grommelant quelques mots intelligibles.

« Euh... Jack ? Se risqua-t-elle enfin, éclaircissant sa voix.

– Oui ? Dit-il, la bouche sèche tant il appréhendait la mauvaise nouvelle.

– Je n'arrive pas à l'ouvrir...  » Balbutia-t-elle, désolée.

Il lâcha un « quoi ?! » ahurissant qui se répercuta contre les murs. La propriétaire arriva au pas de course, le boucan que les deux compères avaient installé l'ayant attiré. Elle les jaugea d'un œil sévère qui doucha immédiatement leur joie.

Au plus grand soulagement de Jack, elle accepta néanmoins - avec réticence - de lui retirer le déguisement.

Ils sortirent de la boutique, se permettant enfin de rire à cœur ouvert.

La rue résonna bientôt de leur conversation mouvementée, Jack essayant d'extorquer son portable à la jeune femme qui refusait catogériquement de le lui rendre.

Et alors qu'ils s'éloignaient, épaule contre épaule, trop occupés à accorder leur attention l'un à l'autre, ils ne virent pas que sur l'un des toits d'une maison, assise sur la courbure inconfortable des plaques d'ardoises, l'ombre les contemplait...

Je vous avoue, ce chapitre ne devait pas exister normalement x) C'est pour ça que j'ai mis un peu plus de temps à poster que d'ordinaire ! Bref, sinon, vous en avez pensé quoi de ce chapitre du point de vue de Jack ?

Dangereuse (Jelsa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant