C H A P I T R E Cinq

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Evasion
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Elsa se baladait longuement dans la forêt bordant le château, peu apte à vouloir y retourner. L'atmosphère qui y régnait, proche du chaos, ne lui plaisait guère. Plus elle était loin, plus elle s'en sentait mieux.

Et pourtant ! Bientôt, elle y serait pratiquement enfermée. Elle se consola en songeant qu'elle agissait dans ce sens pour le bien du peuple, ainsi que pour sa sœur.

« Elsa ! Je n'arrive pas à y croire ! Te marier ? Avec le Prince William ? Toi qui disais que tu n'accepterais sa proposition, faute de sentiments ! »

Voilà ce qu'avait dit Anna en apprenant l'organisation prochaine du mariage. Elsa, ne souhaitant pas la blesser, fut dans l'obligation de lui mentir :

« Tu sais, on dit une chose pour revenir dessus le lendemain. Mes sentiments pour William étaient certainement plus fort que ce dont je m'attendais, et j'ai fini par l'accepter. »

Sa soeur n'en parut pas plus convaincu mais n'insista pas. Maintenant, Elsa se retrouvait plus seule que jamais à épouser un homme qu'elle n'appréciait pas autant qu'il le faudrait dans pareilles circonstances.
« Si seulement je n'étais pas Reine... Si seulement je pouvais m'enfuir sans que mon coeur ne se serre en pensant aux conséquences ! »

C'est ce à quoi elle songeait quand un éclat de rire brisa le silence. Elle se retourna mais ses prunelles ne tombèrent que sur les troncs noueux des arbres. Se massant les tempes, elle morigéna la fatigue et l'anxiété qui lui donnaient de pareilles visions.

Le rire retentit une nouvelle fois, sarcastique et moqueur, toujours plus proche. Elsa ne pouvait accuser son état, désormais. Elle en était certaine : quelqu'un en avait vraiment après elle.

« Qui est là ?! » Cria-t-elle en sentant la magie affluer entre ses mains.

Une ombre sortit des fourrés, encapuchonnée, et Elsa plissa les yeux en tentant de distinguer vainement son identité.

« Bonjour Elsa ! » La salua la silhouette d'une voix guillerette en s'avançant vers elle d'une démarche joyeuse. « Pourquoi me réserves-tu un accueil aussi peu chaleureux ? Moi qui voulais seulement que nous discutions...

- Qui es-tu ? Martela Elsa en levant les bras, prête à utiliser son pouvoir si la personne faisait un pas de plus.

- Qui je suis ? » La silhouette féminine s'arrêta, songeuse. Elsa devina son sourire quand elle reprit la parole : « Cela n'a pas d'importance maintenant. Ce qui compte c'est : qu'est-ce que je désire ? »

Elle éclata de rire et disparut soudainement. Stupéfaite, Elsa tourna sur elle-même, distinguant l'ombre qui l'encerclait, disparaissant et réapparaissant, véritable volute de fumée riant toujours plus.

« Va-t-en ! » Hurla-t-elle.

Prise d'un soudain accès de colère, elle déchaîna son pouvoir contre la silhouette mais le froid ne l'atteignit jamais. Bientôt, tous les arbres furent enveloppés d'une couche épaisse de glace et Elsa, épuisée, interrompit toute action en cherchant son adversaire du regard.

« Oh, Elsa... Tu me déçois tellement. Regarde-toi. Toujours plus solitaire et inutile. Même ton Royaume, tu ne peux le sortir seule de la misère dans laquelle tu l'as plongé.

- Il n'y a rien de mal à reconnaître ses faiblesses » persifla Elsa en se tournant vers l'origine du son.

Cependant ses yeux ne rencontrèrent que la forêt. Son cœur partit à la chamade ; cette fois-ci, elle ne pouvait pas fuir.

« Ce ne sont que les paroles que tu sers à ceux qui te croit, Elsa. À moi, tu ne pourras jamais mentir. N'es-tu pas malheureuse, dans ce Palais ? Entre obligations et faux-semblants ? Te complairas-tu dans une existence sans sentiments ?

- Je... » Essaya de contrer Elsa mais elle du reconnaître la véracité des arguments. N'avait-elle pas songé plus tôt à fuir ? Bien sur que si. Cependant elle était Elsa, et avant d'être Elsa, elle était une Reine. La Reine surplombait de loin la personne qu'elle était, ses envies, et ses rêves. Tout ce qu'elle souhaitait passait au second plan.

« Oui, Elsa. Qui es-tu sans cette couronne ? Ne voudrais-tu pas le savoir ? » Murmura la voix, juste derrière elle.

Elsa se figea. Comme c'était tentant. Comme elle aurait aimé accepter. S'évader... Le visage illuminé par tant d'allégresse de sa sœur et le bonheur qui l'attendait avec Kristoff lui revint en mémoire. Puis enfin ses parents, son père tenant amoureusement sa mère par la taille et lui adressant un sourire triste. Ils comptaient sur elle... Ils comptaient tous sur elle ! Elle pouvait être heureuse dans ce Palais, si elle le désirait vraiment. Il fallait juste qu'elle prenne sur elle, qu'elle efface d'un coup de vent ces émotions néfastes nourris par les rêves absurdes...

« Laisse-moi en paix ! Je sais ce que tu cherches à faire, mais ta combine ne marchera pas. Je suis et resterai Elsa, Reine d'Arendelle ! Qu'importe les sacrifices que je dois faire, ce rôle me revient et je l'assumerais jusqu'au bout ! »

Elle envoya toute sa magie qu'elle trouvait en réserve, ses paumes brûlant tant la glace ne cessait de s'en déverser, et ne s'arrêta que lorsqu'elle fut certaine que l'ombre s'était volatilisé. Elle se laissa tomber, tremblante, sur le sol enneigé, ses épaules se soulevant au rythme de sa respiration saccadée. Elle laissa ses lèvres esquisser un léger sourire, heureuse de sa victoire. Jusqu'à ce qu'un pincement au cœur la ramène à la réalité.

« Je pensais que tu coopérerais Elsa, mais je vois bien que je me suis trompé. Tant pis ; de toute manière, tu n'as plus le choix ! »

Effrayée, Elsa voulut se relever pour se défendre quand le monde commença à se désagréger autour d'elle. La jeune femme recula en apercevant une fissure venir à sa rencontre, mais ne pût éviter l'interminable chute vers les ténèbres...

Dangereuse (Jelsa)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant