L'Exotique

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Point de vue omniscient

Mme Catherine de Sinee marchait à vive allure dans le long corridor. Ces talons claquaient sur le sol, et lui rappelèrent incontestablement l'épisode de sa vie, où elle n'était alors qu'une enfant. Sa mère dansait vigoureusement sur la scène du vieux théâtre de Luchi, faisant claquer ces chaussons sur le parquet abîmé de celui-ci. Elle se souvint des cris d'excitation de ces messieurs sur le deuxième balcon, et du regards du propriétaire sur ces jambes nues qu'elle exhibait comme seule les danseuses de rabais en connaissait les plus vils secrets. Salement et avec hargne.

La dame secoua vivement la tête comme pourchassé par un insecte invisible. Les souvenirs étaient pour elle de mauvaises choses, et les mauvaises choses ne ramenaient pas de profit au commerce. Tant qu'il n'y avait pas de rentrer d'argent, toutes choses externes étaient simplement synonyme de futilité. Catherine de Sinee le regard déterminé, traversait son empire en oubliant jamais de prêter attention aux bruits qui provenaient de chaque chambre closes. Le bruit signifiait de l'agitation, l'agitation signifiait du sexe, et le sexe signifiait de l'argent. Elle esquissa malgré elle un sourire de satisfaction. Ce mois promettait d'être fructueux.

La femme souriante arrangea d'un coup bref ces cheveux rassemblaient en un vertigineux chignon. Elle était arrivé à la porte de sa poule d'or. Celle qui rapportait à elle seule une majeure partie des gain du commerce. Sa favorite... sa Lena Myfield.

 Sans attendre, elle entra et referma de suite derrière elle. Lena n'avait pas de clients, pourtant elle vit la jeune fille accoudé au meublier de toilette, brosser ces longs cheveux roux. Un frisson lui parcouru l'échine.

Lena était divine. Divine n'était qu'un bien petit mot face à la personne qu'il représentait. Elle l'avait trouvé enfant, couché à même le sol sur le quai du petit port de Cambridge. Ces cheveux atteignaient déjà le bas de son dos, mais alors qu'ils auraient puis lui donner un air de sauvageonne, il la rendait unique. Sa peu de porcelaine affecté légèrement par la poussière et la terre l'avait surprise, autant que sa petite bouche en forme de cœur pourpre. Ce jour-ci, ce qui avait le plus marquer Catherine de Sinee ne fut pas le physique bellissime de la petite rousse, mais son âme. Elle dormait si paisiblement, si calmement que l'on eusse dit qu'elle ne semblait guère affecté par la misère, le froid et la faim qui rongeait chaque recoin du port. Elle semblait entouré d'un cocon invisible qui la protégeait du monde miséreux dans lequel elle en respirait chaque bouffée d'air. Elle semblait n'être qu'un délicat pétale de rose dans un paysage dénué de beauté. L'enfant n'était pas seulement un être vivant mais une éclatante lumière salvatrice .

La patronne de la maison close, se racla légèrement la gorge et eut de se fait l'attention de la jeune fille à la beauté vénusienne. 

" Lena mon enfant, j'ai reçu une lettre toute particulière d'un de nos clients. Celui-ci à payer d'une haute compensation la demande de t'avoir à ces côtés pour la nuit. Evidemment comment refuser une telle avance !  s'exclama sur un ton aiguë la madone des lieux. C'est pour cela que tu te rendra à la nuit tombé chez cet homme. Il enverra son cocher venir te chercher. Bien-sûr, je ne me permettra pas de te rappeler l'importance des gains mis en jeux... Nous savons toutes les deux, que le client sera pour ce soir non pas un roi, mais un dieu n'est-ce pas... "

Lena ne pipa mot. Catherine de Sinee n'en fut que satisfaite est parti sans outre forme. 

La jeune fille ferma les yeux doucement et serra les poings. Elle savait d'ores et déjà qui était le client qui avait déboursé autant pour elle. Elle savait ce qu'il adviendrait de cette nuit, autant qu'elle savait qu'elle n'allait pas simplement dans la demeure de cet homme... non... ce soir, elle irait chez lui, dans l'antre du Diable.

Noir désirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant