Dahlia

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"Encore", l'implora-t-il dans un râle de désir, se roulant dans les draps étirés, le bras tendus vers elle. Royale, elle se retourna vers lui, avec un air fatigué qu'elle s'était composé, lui présentant la torsade de ses reins et la vague roulante de ses cheveux déversés sur son dos nu, surmontée de son visage de profil.

- Plus tard...

Et elle se leva, s'étirant tout à fait pour exposer son corps cambré aux yeux avides de Mark. Les draps blancs crissèrent derrière elle, et une main chaude et mate se posa sur sa hanche pâle, la retenant de s'en aller. Elle posa sa main douce d'ivoire sur la main rugueuse de l'homme, qui la tira vers le lit qu'elle venait de quitter.

- Non. Maintenant.

Et il embrassa la nuque froide, relevant les cheveux blanchis de Dahlia qui soupirait, les yeux fermés. Puis elle se retourna vivement, au dessus de Mark allongé, et lui mordit doucement le nez, avec un éclat rieur dans les yeux. Elle se mit à jouer du bassin d'avant en arrière, se rendant maître de l'homme respirant difficilement. Il laissa tomber sa tête en arrière, et elle s'allongea sur lui, la bouche collée à son cou puissant. Puis, à côté de son oreille, elle murmura :

"Anastasia"

C'était dans un soupir d'amour que le mot avait été prononcé, coupant net l'élan du puissant homme en dessous. Elle cessa son mouvement, et se releva au dessus du lit, dominant parfaitement le grand seigneur. Puis elle pointa la porte :

"Plus tard", rit-elle.

Elle descendit, se leva sans plus prendre en considération Mark, allongé et dépité. Dahlia s'habilla de sa petite robe de mousseline, jeta un dernier regard à la pièce, et acheva le combattant d'un :"dépêche toi, c'est bientôt l'heure à laquelle elle va rentrer.", avant de sortir de la chambre dans laquelle elle avait passé la plus grande partie de la journée, emportant une coupe de vin dans un porté impérial.

Coupe qu'elle rendit à un des serviteurs de la maison dès qu'elle fut sortie de la chambre. Sa pièce de théâtre était terminée pour aujourd'hui. Mais elle était inquiète. Encore une fois, elle avait aimé ça, aimé sa manière de l'embrasser, de la traiter avec force et parfois plus de pudeur qu'il le ferait pour sa femme, peut être. Il était tendre des fois, l'enlaçait étroitement, s'unissant à elle dans une étreinte qu'elle trouvait trop appréciable. Beaucoup trop. Être une pute, c'est surjouer, c'est ne jamais éprouver ce qu'on montre. Et Dahlia avait été beaucoup trop sincère ce jour là. Elle avait même eu un véritable orgasme, non pas simulé comme d'habitude. C'était très perturbant.

Elle se dirigeait vers la salle de bains quand la voix de Mark l'interrompit.

"Dahlia, appela-t-il ! Dahlia attend !"

Elle se retourna, redevenue lascive en une fraction de seconde, pour le point d'orgue, le rappel du public.

- Tiens, dit-il en lui tendant une bourse pleine. C'est pour toi.

Interloquée, elle laissa tomber son déguisement, pour une gratitude ébahie. C'était plus que ce qu'elle avait jamais eu de sa vie, et elle eut presque peur du poids de l'objet lorsqu'elle tendit la main pour s'en saisir. La bourse n'était pas trop lourde, et, embarrassée, Dahlia se hissa sur ses pointes de pied pour l'embrasser sur la joue.

"Merci", lui glissa-t-elle au passage

Puis elle se retourna pour courir dans les escaliers. Les marches de vieux bois craquaient sous ses pas légers alors qu'elle montait sous les combles du bâtiment. La maison était, contrairement à la plupart des bâtiments de la ville, composée de plusieurs étages, en dure pierre sur les trois premiers niveaux, puis du torchis sur le dernier étage avant le toi presque plat et percé de quelques fenêtres ensoleillées, du moins lorsque le printemps était clément. Les chambres se répartissaient dans les étages, avec une salle commune au rez de chaussée et une autre, plus petite, au premier étage. Les salles de bain étaient au premier, et les quartiers des employés résidents, des putes, étaient au quatrième, sous les toits. C'était là qu'ils allaient lorsque ils étaient interdits de pratiquer par Tricia, qu'ils étaient malades ou qu'ils dormaient, tout simplement. Il peut être étonnant de penser que des putes dorment, mais il est évident que les gens pratiquant cette profession atypique ne peuvent jouer leur spectacle sans dormir huit heures par jour, comme toute personne normale. Les horaires sont seulement plus instables.

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