Prisonnière d'un corps.

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Neva.

-Vous pouvez me dire votre nom? entendis-je.

Tout semblait en écho. Tout semblait flotter.

J'étais encore dans les vapes.

Je ne comprenais plus rien.

Je me souvenais de l'accident, de mes organes qui ne formaient plus qu'un, de ma colonne qui avait éclatée.

Je me souvenais de tous les détails, mais j'étais tellement fatiguée, que tout me semblait trop difficile à analyser et à comprendre.

L'homme devant moi essayait de me parler depuis dix minutes. Il me posait des questions, mais en ce moment, lever mon index me faisait un mal de chien. Je ne pouvais pas m'imaginer la douleur que je ressentirais si je parlerais.

Il soupira, avant de noter quelque chose sur son calepin et de se lever.

J'étais reliée à pleins de moniteurs, quelque chose empêchait mon cou de bouger et deux tubes me rentraient dans le nez.

Il n'y avait personne, dans ma chambre. Il faisait clair. Très clair.

J'entendais des bruits et des pas.

En le voyant traverser la porte, je me sentis tout de suite beaucoup plus calme.

Être ici me rendait folle. Ne pouvant pas bouger à cause de la douleur, j'avais l'impression d'être coincée dans mon propre cors, d'être prisonnière de mon enveloppe corporel.

Harry enlevait ce sentiment. Je me souvenais de sa voix, du ton qu'il utilisait, quand il me parlait.

Il avait été avec moi, pendant que je dormais. Je le savais. Je ne pouvais dire ce qu'il m'avait dit, mais il avait été là et il m'avait parlé.

Je tentai de sourire, mais la douleur me frappa aussitôt, provoquant un gémissement rauque et faible, presque silencieux.

-T'es encore réveillée? murmura Harry en prenant ma main, ses doigts me réchauffant.

Sa peau était chaude et douce.

Il me sourit et planta son regard dans le mien, la seule façon dont nous pouvions communiquer.

-Dylan est venu, hier. Il t'a apporté trois cactus, que j'ai déposé à côté du tien.

Il me montra les trois plantes. Mon coeur se réchauffa à la simple idée que ce petit m'ait apporté ces cadeaux.

Voulant montrer à Harry que je n'étais pas qu'un corps sans âme, je serrai un peu mes doigts, autour des siens.

Une douleur me frappa, mais je la refoulai, voulant qu'Harry sache que je le comprenais.

-Tu les aimes? demanda-t'il en souriant.

Je refis cette petite pression dans sa main. Il sourit. Je voyais ses yeux s'humidifier un peu, lorsqu'il prit le sac cadeau turquoise.

-Ça aussi, c'est de Dylan. Mais il voulait que tu l'ouvres quand tu serais réveillée Tu veux qu'on le face maintenant?

Sentant ma peau contre la sienne, il enleva les feuilles de papier de soie blanche.

-Alors... Il y a un dessin que Dylan à fait, un petit ours en peluche et des bonbons, dit-il en souriant, me montrant le dessin.

Il était beau. Il représentait, si je me souvenais bien, la fois où nous étions allés voir les étoiles, tous les trois. Le haut de la feuille était couvert de petites étoiles jaunes.

Le pouce de Harry bougeait contre ma peau. Il ne pouvait pas savoir combien cela me calmait et à quel point ma douleur semblait moins pire, quand il faisait ce petit mouvement.

CactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant