Suicide hospitalier.

327 36 2
                                    

Harry.

La vibration continuait sans cesse.

Une fois, deux fois par heure.

Toute la nuit.

J'essayais de l'oublier, juste pour cette nuit, juste pour reprendre du mieux.

Je savais qu'elle était malheureuse. Je savais qu'elle devait m'en vouloir à mort de ne rien faire pour la sauver de cet enfer.

J'étais couché dans le salon, Caleb à mes côtés.

Nous regardions la télévision à deux heures du matin. Elle ne dormait toujours pas.

-Je pense que demain je vais aller parler au médecin, pour voir si Neva ne peut pas avoir une infirmière qui vient ici deux, trois fois par semaine, murmurais-je en le regardant.

-Harry, elle ne peut pas revenir ici tout de suite. L'appartement n'est pas adapté. Elle aura mal, elle se fatiguera. C'est impossible, m'expliqua Caleb.

-Je sais, mais j'ai l'impression qu'elle ne guérit pas, parce qu'elle reste là-bas. Un peu comme si, inconsciemment, elle s'empêchait de guérir puisqu'elle n'est pas pleinement maître d'elle-même. Elle a autant mal qu'au début. Je le sais. J'ai vu son regard qui changeait lorsqu'une infirmière rentrait, pour que personne ne se doute de rien. C'est flagrant.

Il soupira, avant de prendre mon cellulaire lorsqu'il se remit à vibrer.

-Toujours le même message? murmurais-je en fixant mon regard à la télévision.

-Toujours, répondit-t'il en relançant mon cellulaire sur le canapé.

Je ne regardais pas ses messages, parce qu'ils me faisaient mal. Je n'aimais pas savoir qu'elle et son petit corps, ses atébas, ses seins et son esprit étaient seuls, là-bas.

Je n'aimais pas savoir qu'elle en virait folle, d'être dans sa chambre.

-J'irai la voir, demain matin. Essayer de lui faire comprendre que si elle devient un peu plus positive, les résultats seront plus intéressants, tentais-je en repliant mes jambes contre moi.

Caleb hocha la tête, avant de me regarder.

-Elle n'a pas manger depuis sa crise de panique, m'informa-t'il lentement.

-Je sais.

Je m'en doutais, en fait. Je savais qu'à partir de maintenant, Neva ferait tout pour avoir de l'attention.

Ce n'était pas dans un mauvais sens. C'est juste qu'elle avait besoin qu'on se rende compte qu'elle allait plus mal en restant à l'hôpital qu'en étant à la maison.

Je ne serais aucunement étonné qu'elle arrête de parler, qu'elle reste couchée ou qu'elle se débranche elle-même de l'intraveineuse.

Elle était trop mal en point pour me comprendre. J'avais beau lui promettre de lui faire l'amour, de l'embrasser, d'aller sur les plages et de la faire voyager, ce n'était pas assez. Elle avait besoin de concret.

Et à l'hôpital, elle n'avait rien de concret. Elle était couchée et ne faisait rien d'autre.

***

Sa chambre semblait triste. Elle était stoïque, dans son lit. Son visage planté dans le mur en face d'elle.

Un plateau repas près de son lit.

Son cactus qui devenait terne, parce que les employés de l'hôpital ne pouvaient l'arroser et qu'aucun soleil ne plongeait directement sur la plante.

CactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant