Coincée.

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Harry.

L'eau coulait sur mon corps, me rappelant la douche que j'avais pris, avec elle, en Californie.

Nous avions encore le désir dans les yeux, le goût de l'autre sur les lèvres, la texture de la peau sur le bout de nos doigts, les gémissement dans nos têtes.

Je m'ennuyais de sa lucidité, de son bonheur, de sa philosophie. Je m'ennuyais de la voir vivre.

Je soupirai, enroulant la serviette autour de moi, avant de retourner dans ma chambre.

Le lit était encore défait. Des trucs traînaient sur le sol. Le stéréo était en marche.

Comme si rien n'avait changé. Alors que tout avait changé.

Je m'habillai rapidement d'une paire de jeans et d'un chandail simple, avant de jeter mon linge sale dans le panier.

Je souris en voyant la chemise de flanelle.

Elle s'en était souvenue. Elle se souvenait de cette chemise et de ce qu'elle avait fait en portant cette chemise.

Finalement, je la fourrai dans un de mes sacs de sport noire, avant de me diriger vers sa chambre.

Les tissus bohèmes aux murs, les petites plantes vertes sur l'armoire, les cadres dépareillés, son hamac usé...

Tout ça, c'était elle. Et c'était bien de revoir ces petits trucs, ces objets qui me rappelaient mon cactus.

Dans mon sac, j'ajoutai quelques paires de pantalons et de chandails larges, qu'elle adorait. Je choisis ses petites culottes que je préférais, en n'oubliant pas la paire avec un chat, en avant. Et la bleue marine, avec des triangles turquoises.

Quatre pantalons sarouels et deux pulls plus tard, je refermai la fermeture éclair, avant de m'étendre dans son lit, regardant son plafond.

Elle avait posé quelques affiches d'étoiles et de constellations, probablement pour se rappeler le ciel, quand elle s'endormait.

Et en haut d'une constellation, à côté d'une photo de son mini-cactus, il y avait une photo de nous.

En Californie. Dans la voiture, juste après l'acte.

Je me rappelais de ce moment.

Neva était en sueur. Ses joues étaient rosées et ses yeux, un peu vitreux. Elle était encore nue. Et moi aussi. Je la tenais dans mes bras, respirant rapidement contre son dos.

Et elle avait sortie son cellulaire, proposant qu'on prenne une photo.

J'aimerais bien avoir un souvenir de nous, en plein état d'extase et de jouissance. Juste après qu'on ait fait l'acte le plus naturel possible qui soit, par des humains, avait-elle dit en me regardant.

Et je ne sais pas par quelle manœuvre elle y était arrivée, mais sur la photo on voyait tout.

Elle était entre mes jambes, son dos contre mon torse. J'avais une main contre son ventre, la retenant contre moi. Mon autre main était sur l'appui-tête de la banquette arrière.

On voyait la buée dans les vitres. La trace de sa main.

On voyait ses seins, son pubis.

Neva souriait, mais pas d'un sourire photogénique.

Elle ne souriait pas parce qu'elle prenait une photo. Elle souriait parce qu'elle souriait, parce qu'elle était heureuse.

Et moi, j'avais encore mon bandana, et je la regardais. Probablement ses seins, parce que j'étais un garçon, mais c'était pas ça l'important.

CactusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant