Karine : c'est ce que je lui ai dit.
Ramata : Raïssa mom, c'est pas touche. Il va m'entendre ce crétin. Ma warou mane sow!! ( je suis étonnée)!!
Moi : heuuuuu... Je crois que vous poussez le bouchon trop loin, il a juste dit qu'il voulait faire connaissance. Je crois qu'il n ya pas de quoi faire tout un plat.
Karine : Qu'est ce qu'il t'a dit pour que tu te radoucisse comme ça? Tu semblais très en colère hier soir... Moytuko deh Raïssa, lamigne bi comme leme ( fais attention à lui Raïssa, il a la langue mielleuse).
Moi : je ne lui ai même pas reparlé. Je me suis juste dit qu'il ne me demandait pas grand chose.
Ramata : en tant que sa grande soeur, je lui demanderais ses intentions. Il n'a jamais essayé de se rapprocher de toi, maintenant que t'es devenue une belle jeune femme, monsieur veut tisser des liens.. Duffi ammer deh ( ça ne se passera pas comme ça). On a éclaté de rires.
Ramata est formidable, elle arrive toujours à me faire rire avec ses expressions en ouolof.
Tata Amina est rentrée dans la cuisine pour voir ce qu'on faisait et nous demander de servir le dîner car il se faisait tard. Et s'adressant à moi:
Tata Amina : Raïssa tu dors ici ce soir. Vous êtes trop fatiguées et ça te permettra de bien dormir.
Moi : Shiiii, maman, laisse moi rentrer rek. Je n'ai pas d'habits de rechange et je n'ai pas amené ce que je dois porter demain. Je ne l'avais pas prévu.
Tata Amina : Karine pourra te passer des habits pour ce soir. Demain très tôt, tu pourras aller chercher tes habits avec Moctar ou Karim ou Papis. Et ne dis pas non, sinon je vais t'en vouloir. Tu me fais le même coup chaque fois. Tu dors ici ce soir, point barre. Fi sa keur la. ( ici c'est ta maison).
Moi , honteusement : d'accord Maman
Tata Amina : voilà . C'est bien. Karim et Papis sont avec papa dans le salon. Dépêchez vous de vous laver, le temps que Moctar et Alassane arrivent, comme ça on va dîner tous ensemble.
Depuis qu'elle a dit Papis, je ne me sentais plus très bien. J'avais l'impression d'entendre des sons de cloches résonner dans mes oreilles. Les battements de mon petit coeur se sont accélérés. Pour éviter que les autres ne remarquent mon trouble, j'ai dit à Karine de me préparer des habits propres car je voulais prendre ma douche.
Une fois dans la salle de bain, j'ai réfléchi à la façon dont j'allais me sortir de cette situation. J'ai pensé à simuler des maux de tête, à rentrer chez moi en cachette etc.
À un moment , Karine est venue frapper à la porte, me demandant si tout allait bien, j'ai dit oui. Et je me suis dépêchée de sortir. Karine est rentrée pour se doucher. En m'habillant, j'ai remarqué que l'écran de mon téléphone clignotait.
C'était 4 messages de Papis.
Euhhh, j'ai enregistré son numéro hier soir. Je ne pouvais pas m'en empêcher.
Le 1er message disait :
Paraît que t'es ici, chez moi?! J'arrive pas à y croire.
Euhhh , même pas de bonjour ou bonsoir, okkkk...
2 eme message : Paraît que c'est toi qui as fait la cuisine. J'ai hâte de goûter à ce succulent dîner.
Pffff
3 eme message : Je vais avoir l'occasion de te dévorer des yeux durant toute la soirée. Tu ne pourras plus te cacher derrière Bachir.
Là j'ai senti une chaleur bizarre envahir tout mon corps, c'était...... excitant.
4 eme message : Descends stp, je sais que tu te fais belle pour moi, mais t'es naturellement belle. Au fait , j'ai passé la soirée d'hier et la journée d'aujourd'hui à mater tes photos sur Facebook. J'ai aimé ce que je voyais.
J'avais les jambes en coton. Comment il fait pour me rendre si vulnérable, en plus juste avec des messages. Fallait que je me ressaisisse. Je me suis habillée rapidement, j'ai attaché ma crinière tant bien que mal et l'ai amassé au milieu de ma tête en bun ( chignon) . Et je suis descendue, décidée à lui montrer qu'il m'était indifférent.
Tata Amina : ah Raïssa te voilà. Ramata est en train d'aider Moctar dehors.
Karim s'est levé et m'a fait la bise.
Karim : Bonsoir Raïssa. Tu dois être fatiguée surtout avec Karine qui est si fainéante. Moi : (en riant), non, pas du tout. Elle nous a aidé deh.
Il m'a fait un clin d'oeil, car il savait que j'étais au courant de leur relation.
Papis m'a pris par surprise dans ses bras, à défaut de bise. J'étais choquée, en plus devant ses parents. Et apparemment j'étais la seule que cette accolade choquait. Il m'a dit en chuchotant : Tu sens bon. Et en me laissant il m'a regardé avec insistance. Je n'ai pas pu soutenir son regard.
Je me détestais. J'ai presque couru vers la cuisine, pour y retrouver Ramata et Moctar. Il m'a suivi et avec un sans-gene spectaculaire, a passé son bras sur mes épaules. Le regard de Ramata est passé de lui à moi et de moi à lui.
Elle s'est écrié: Teggil ki sa lokho thiaga bi ( enleves ta main de pervers de ses épaules).. Tu ne peux pas rester tranquille.
Moctar : mais chérie, je trouve qu'il n y a rien de mal à montrer de l'affection à sa soeur. Ramata : faudrait d'abord qu'il la voie comme soeur.
Papis : (riant aux éclats ) Ramata ne mets pas du sable dans mon couscous toi aussi. D'ailleurs il faut que je te parle de quelque chose.
Ramata : ok, mets laisse Raïssa tranquille stp. Elle n'est que pas comme ces dévergondées que tu fréquentes.
J'essayais de me dégager doucement mais il ne me laissait pas partir.
Papis : Je le sais mieux que toi Ramata, Ki diabar la ( c'est une femme à épouser ).
Moi : je suis capable de me défendre Ramata. Ne t'en fais pas pour moi.
Ramata : je sais ma belle. Bon sortez de la cuisine, on doit servir le dîner.
Une fois les hommes sortis, Ramata m'a regardé bizarrement mais n'a pas fait de commentaires.
Le dîner était très simple, vermicelles aux poulets, sauce oignons et crudités. Tout le monde a bien mangé et tonton Demba a demandé à Karim de faire du thé (ataya). On était tous au salon et j'évitais de regarder en direction des hommes, mais je sentais le regard de Papis sur moi.
Et tout à coup, Ramata a dit :
Chéri, comme tu dois rentrer plus tard, est ce que tu peux conduire Raïssa à son appartement et la ramener ici? Elle doit récupérer les habits qu'elle doit porter demain.
Moctar : Bien sur . Est ce que tu veux qu'on y aille maintenant Raïssa ?
Moi : je n'aimerais pas te déranger. J'irais demain matin en taxi, avant de commencer à cuisiner.
Moctar : Dis pas n'importe quoi Allons y, comme ça on va pouvoir passer le temps en attendant que Karim serve le thé.
Papis : Reste avec ta femme Moctar, on est vendredi. Je vais l'emmener.
Moi : ce n'est vraiment pas la peine.
Je paniquais là.
Tata Amina : Moo Raïssa daal, tu te comportes comme une étrangère. Tes parents t'ont bien demandé de nous considérer comme ta famille. Mais tu veux toujours te mettre à l'écart. Papis accompagne la et passe chez Sylvie pour récupérer les bagages qu'elle devait me donner. Ça lui évitera des tracas demain.
J'avais l'impression que l'on décidait de ma vie sans mon avis. Je n'avais plus le choix. Je me levais doucement et m'adressant à Papis je lui dît : Allons y donc.
Il a eu un petit sourire satisfait, a pris ses clés de la table du salon et on est partis. Il m'a ouvert la porte de la maison pour que je sorte et la porte de sa voiture. Il a fait le tour, est entré et m'a dit : Enfin seuls.
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Le destin de Raïssa: Une amitié en péril
RomanceNée aux USA, ayant fait un tour au Sénégal pour études, j'ai tenu à partager avec vous une partie de mes experiences à mon retour . Cette chronique retrace mon vécu, mes rencontres, mes angoisses, peurs et déceptions .