Chapitre 4 - Provocation papillon

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« Les battements d'un cœur,
Insouciant de craintes
Alourdi d'amour,
S'envole vers le firmament,
Les étoiles avec lui. »


Un bruit strident le sortit légèrement de son inconscience. Il était comme dans une bulle. Il ne sentait pas le sol sur lequel il était couché, il ne pensait pas, son corps vivait simplement, mais son esprit n'était plus actif. Seuls ses sens le rendaient vivant. Il sentait une odeur désagréable d'essence et entendait un bruit strident s'approcher. C'étaient des sirènes. Il avait les yeux fermés et sa conscience se battait pour rester présente. Il voulait revenir à lui, mais quelque chose le tirait dans un abîme de sommeil profond. Il avait du mal à respirer normalement. Les sirènes étaient juste à côté, on le tira et le mit sur une civière. Il ne sentait pas la douleur, il avait juste l'impression qu'il n'avait plus de thorax, comme si on le lui avait effacé. On lui mit un masque à oxygène. Il fut soulagé. Ses paupières s'entrouvrirent, puis se refermèrent. Où était-il... ? Il y avait des petites ombres floues et nombreuses autour de lui. On lui prit la main, le bras, on le tirait vers la conscience. Des voix, des bruits, cela l'effrayait. Une portière se ferma, des sirènes, de la lumière, et encore des sirènes. Des voix qui grésillaient. Il était éprouvé. Fermer les yeux, juste une fois... Il les ferma définitivement. L'inconscience l'emporta dans un état de vulnérabilité, avec ses bras voluptueux et sombres.
Baekhyun vivait.
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Il avait eu de la chance de tomber sur cette naïve. Il l'avait repérée de loin, devant sa maison, avec son dos bossu et son vieux visage ridé. Il l'avait abordée, au bord de l'hypothermie et cette conne l'avait aussitôt logé dans sa maison de solitaire. Il fut heureux de voir qu'elle vivait seule. La vieille femme semblait ne plus avoir toute sa tête et parlait parfois en monologue, mais il s'estimait heureux de pouvoir dormir et manger dans un endroit chaud, en attendant que Baekhyun se soit remis de son choc. Qu'est-ce qu'il avait ri quand il avait compris qu'il s'était enfui du restaurant et que la serveuse l'avait mené en bourrique. Ils s'étaient bien foutu de sa gueule ! Baekhyun était donc passé de putain à serveur. Ça le faisait vraiment beaucoup rire. Un rire jaune. Il avait mené une belle vie pendant ces huit années, alors que lui il pourrissait dans une petite cellule blanche. Baekhyun avait trouvé un boulot, une amie, une maison et un compagnon. La vie parfaite. Et lui, pendant ce temps, il avait dû ramer pour trouver de l'argent à sa sortie de prison et pour payer ce gars en échange de l'adresse de ces deux tourtereaux. Mais désormais, il avait cette vieille demeurée qui le logeait naïvement chez elle, avec un vrai lit et de la vraie nourriture. Et pas les lits raides et la nourriture fade de la prison ou de l'hôpital psychiatrique. Il attendrait aussi longtemps qu'il fallait. Il avait trouvé leur maison, mais il n'y avait personne.  La voiture ne se trouvait pas devant et les lumières des pièces étaient toutes éteintes. Ils étaient sûrement partis pour un bout de temps. Mais il les attendrait. Minseok était patient s'il le fallait.
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Il n'y avait pas d'odeurs, pas de couleurs. Quand il ouvrit les yeux, il aperçut un visage familier. Il se trouvait dans une chambre d'hôpital, claire et blanche avec des rideaux légers. Sa tête et ses paupières étaient lourdes. Il était couché dans un lit près des fenêtres. Il soupira fortement mais regretta aussitôt son geste. Toute sa cage thoracique était entourée d'un bandage et sa respiration était douloureuse. Ses yeux étaient recouverts d'un film de sommeil. Il dut cligner plusieurs fois avant de pouvoir voir correctement. Il tourna lentement la tête, analysa l'état de la situation. Il avait des courbatures et la bouche pâteuse. Il prit le temps de comprendre et de se rappeler. Le visage familier sourit.

- Baekhyun...

Il reconnut cette voix féminine, c'était Mei Lin. Soudain il se souvint.

- Chanyeol... murmura-t-il la gorge et la bouche sèches.

Envol d'un papillon de nuit [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant