Chapitre 3 - Forêt vierge

380 24 3
                                    


« Tel un oiseau qui se pose,
Sur la rosée de ce matin morose,
Gonfle son torse en refrain,
Et laisse ce désastre prendre fin,
Bientôt il ne reste que rose,
Blesser ce que mort nous propose. »

Il faisait chaud pour un premier jour de printemps. Les rayons de soleil qui se projetaient à travers les rideaux en une arabesque amenaient la chaleur avec eux. Dans les draps blancs en bataille était couché Baekhyun. Il était sur le flanc, les bras légèrement étalés sur la place vide de Chanyeol. Sur ses cheveux noirs et sa joue reflétait un rayon, éclaircissant ainsi ce morceau de visage. Ses paupières étaient fermées et il ne semblait pas dérangé par la luminosité. Chanyeol était là, debout au milieu de la pièce et observait ce paisible visage endormi. Le chemisier de nuit à moitié déboutonné de Baekhyun laissait découvrir un torse mince et d'une blancheur accentuée par la lumière. Il avait les jambes couvertes par le drap. Chanyeol laissa lentement son regard dévier sur son cou. Puis, il s'approcha doucement du bord du lit et posa délicatement sa paume sur la joue de Baekhyun, effleurant sa commissure. Il la fit ensuite glisser jusqu'à une mèche qu'il coinça derrière son oreille. Les yeux de Baekhyun papillonnèrent et deux pupilles sombres se posèrent sur celles de Chanyeol. Il se tourna sur le dos. Ses cheveux ébouriffés s'étalèrent sur l'oreiller. Ils se regardèrent ainsi un instant. Lorsque la main de Chanyeol effleura la peau fine de l'arrière de l'oreille de Baekhyun, celui-ci poussa un léger souffle à peine audible.

- J'aime te voir comme ça, parla finalement Chanyeol de sa voix rauque qui n'avait pas encore dit mot.

Baekhyun sourit doucement et s'étira tandis qu'avec sa main il attrapa le pan de la chemise ouverte de Chanyeol. Le regard levé vers lui, il tira légèrement dessus.

- Je sais... murmura-t-il.

Chanyeol sourit au ton futilement provocateur de Baekhyun. Il se pencha lentement sur lui et posa un baiser furtif sur ses lèvres, sans plus ni moins. Baekhyun ferma brièvement les yeux et les rouvrit posément lorsqu'il ne sentit plus ce contact subtil.

Chanyeol n'en disait rien, mais l'histoire de Baekhyun l'émouvait bien plus qu'il ne l'imaginât. Il essayait de faire comme si rien n'était, mais c'était avec un effort surhumain qu'il passait au-dessus de cela. Il trouvait cela horriblement triste. Pourtant il savait que cette tristesse faisait partie de Baekhyun, que c'était quelque chose qu'il gardait toujours même lorsqu'il souriait. Et pourtant... Il ne comprenait toujours pas comment il avait pu vivre avec cela pendant tout ce temps. Il admirait Baekhyun, cette façon qu'il avait de continuer de vivre malgré tout. Cette envie de s'accrocher et de réussir. Cet entrain qu'il avait à vivre cette vie difficile. Il fallait vraiment beaucoup de courage pour arriver à respirer encore après de telles atrocités. Il en fallait énormément. Baekhyun était quelqu'un de tellement humain, de tellement abîmé et pourtant de toujours aussi gentil, qui n'hésitait plus à rire et mordre la vie à pleines dents quand il le pouvait. Il savait gérer ses peurs, ses cauchemars et ses traumatismes sans qu'on ne s'aperçoive de la moindre chose.
Alors le voir ce matin-là, paisiblement endormi et souriant par la suite malgré tout ce qu'il avait appris la veille, oui, il aimait cela.

- À quoi tu penses, Chan ? demanda doucement Baekhyun.

Chanyeol s'était redressé et se tenait immobile à sa droite. Il porta à nouveau son attention au moment présent.

- À rien. Tu te réveilles petit à petit ?

- Hm... Il fait beau. J'aimerais prendre l'air.

Le regard de Baekhyun était vague.

- La forêt, la nature et le soleil, me changer les idées.

Chanyeol hocha lentement la tête.

- D'accord. On va se faire un pique-nique et tu pourras penser à ce que tu veux.

Envol d'un papillon de nuit [TOME 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant