District 7

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La neige craque sous mes pieds engourdis. J'avance prudemment au cœur d'une vaste forêt enneigée. Une fine vapeur sort de ma bouche, à chacune de mes expirations. Sur mes gardes, je tends l'oreille, dans l'espoir d'entendre le bruit d'un animal à chasser. Je continue d'avancer sur quelques mettre quand, soudain, mes pas se mettent à résonner dans la neige. Je me stoppe net. Un bruit de pas continue d'envahir le silence de la forêt. Impossible de savoir d'où vient le bruit exactement. Mes doigts se crispent sur mon couteau. Je scrute les alentours quand une flèche vient se figer dans un arbre, à quelques centimètres de mon visage.

Sans réfléchir, je me mets à courir le plus vite possible dans la direction opposée à mon chasseur. Les arbres défilent à mes côtés. Les branches des sapins me lacèrent le visage. Mes pieds s'enfoncent dans la neige mais la couche se fait de plus en plus épaisse, si bien que j'ai de plus en plus de mal à avancer. Je me retourne vivement mais ne perçoit pas mon assaillant. Je ralentis fortement à cause de la quantité de neige qui embourbe mes jambes. Mes genoux sont à présent recouverts de poudre blanche.

Alerte, je me cache derrière un conifère. Je porte mes mains gelées contre mes lèvres afin de faire le moins de bruit possible. Ma respiration est haletante mais mes paumes bloquent la vapeur qui devrait s'échapper de ma bouche. Planqué sous les branches épaisses du sapin, j'attends que le danger s'estompe. Je sais que l'autre tribut me cherchera encore longtemps, mais avec ce froid, je peux espérer qu'il renoncera assez vite et tentera de se trouver un abri pour la nuit. Les minutes passent lentement. Les doigts serrés sur mon arme, je plaque mon dos contre le tronc de l'arbre. C'est alors que je remarque avec stupeur les traces de mes pas dans la neige. Comme paralysé face à cette découverte, il me faut une bonne dizaine de secondes avant de penser à agir. Je tente de garder mon calme mais aucune solution ne s'offre à moi. Soit je m'enfuie à nouveau mais mes traces de pas me trahiront toujours, soit je reste ici et attend que le mal vienne me trouver. Je choisis la deuxième option et me tourne discrètement pour regarder derrière mon arbre. Je ne vois aucun signe de vie. Mon soulagement se transforme en terreur lorsque je constate des traces de pas différentes des miennes dans la neige. Ce qui signifie que mon assaillant n'est pas loin et qu'il sait où je suis. Mon cœur se met à battre très fort, comme s'il allait sortir de ma poitrine en me brisant les côtes. Je me retourne rapidement, prêt à me battre quand une hache s'abat sur moi.

Un sifflement dans l'air puis le silence.

Je me réveille en sursaut, les mains moites, tremblantes et le front perlé. Je m'agrippe à mes draps trempés de sueur. J'ouvre les yeux sur une chambre presque vide. Il fait encore nuit. Les faibles lumières du district 7 dessinent les ombres des arbres sur les murs décrépis. Je me tourne vers le corps de Maria, allongé auprès de moi, sur le ventre, le bras gauche posé sur mon torse. Je me redresse et m'adosse contre la tête du lit. Je la regarde tendrement. La tête enfouie dans un oreiller jaunis, ses longs cheveux noirs retombant dans le bas de son dos. Je l'ai rencontrée à la scierie il y a quelques années. Depuis nous nous voyons certains soirs pour passer le temps et nous extraire de ce monde le temps d'une nuit. Je soulève son bras et me penche hors du lit. J'attrape un vieux t-shirt et un pantalon noir. Je m'habille dans la pénombre, embrasse Maria dans le cou puis sors de la chambre. Nous nous donnons régulièrement rendez-vous dans cette bâtisse abandonnée, que nous avons aménagé avec le peu de moyen dont nous disposons. C'est un peu notre repère, un endroit où nous pourrions presque nous sentir en sécurité, à l'abris des regards du Capitole et des pacificateurs.

J'ouvre la porte d'entrée qui racle le sol avant de se bloquer à la moitié comme à son habitude. Je me faufile donc à travers l'écart entre le mur et la porte et déboule dehors. J'entame alors mon retour chez ma famille. Il doit être environ 5 heure du matin si j'en crois la position de la Lune. Les rues sont désertes, un silence de mort y règne.

Les 42ème Hunger Games : Comme si nous n'avions pas vécuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant