Un monde meilleur ?

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Deux tributs encerclent ma soeur qui hurle que l'on vienne l'aider. Je l'entends pertinemment mais pourtant je n'arrive pas à bouger. Je m'accroche à ce que j'ai de plus précieux près de moi. Djale. L'euphorie de nos sentiments ne me permet pas de réagir à la situation. Nos corps, l'un contre l'autre me plongent dans une illusion éphémère. Celle d'un monde parfait, où le mot danger n'existe même pas car personne n'a jamais eu à l'inventer. Pourtant ma soeur, Iris, ne semble pas pouvoir faire partie de ce monde. Est-ce le pris à payer pour pouvoir vivre en paix ? Perdre mes proches uns à uns jusqu'à ce que je n'ai plus personne sur qui compter. Plus personne à protéger. 

L'égoïsme reprend à nouveau le dessus. Je m'en rends compte et pourtant, je ne sais pas quoi faire. J'entends les lamentations qui résonnent dans ma tête mais je tente d'en faire abstraction. Comme pour faire durer le plaisir que m'octroient mes mains sur sa peau mouillée. 

Djale me regarde d'un air paniqué. Il se défait de mon étreinte et se précipite en direction de la plage, d'où les cris sont émis.

 Extérieur à la situation, je me laisse sombrer au fond de l'eau. Je me sens vide. Mes mains se resserrent autour des fines bulles qui remontent à la surface.

N'est-ce donc pas ce qu'espère le Capitole ? Une reconversion. La transformation d'un être humain en un animal avide de désirs charnels et d'effluves sanguines...



De grands oiseaux rouges planent à 20 mètres au dessus de ma tête. Ils sont une bonne vingtaine à tourner dans le ciel, à l'affût de leur proie. 

Le temps que je me relève hors de l'eau, Djale est déjà presque arrivé à la plage. Les deux tributs se sont séparés. L'un d'eux, le garçon du 6, tente de planter sa lance dans le corps de ma soeur mais celle-ci se protège avec son sac. Elle recule néanmoins petit à petit contre un rocher et se retrouvera bientôt bloquée, à la merci de son assaillant. L'autre tribut, une fille blonde, celle du district 8 il me semble, se dirige vers Djale en courant. Celui-ci est à moins de 15 mètres de l'autre tribut quand cette dernière décide de lancer son javelot dans sa direction. L'arme passe à quelques centimètres de l'épaule gauche de Djale mais celui-ci réussi à l'esquiver de justesse. Les deux tributs se jettent l'un contre l'autre et roulent dans le sable mouillé.  

Je tente de les rejoindre au plus vite mais l'eau freine mes mouvements. Le rivage n'est plus qu'à une dizaine de mètres quand j'entends de grands cris aigus au dessus de moi. Je lève la tête instinctivement et aperçois une nuée d'oiseaux rouges piquer en spirale dans ma direction. 

Je me jette à plat ventre sur le sable pour éviter l'attaque. Les vagues recouvrent mon corps partiellement. Plongé dans 20 centimètres d'eau, je relève la tête de temps en temps pour pouvoir respirer un bon coup. Je sens les oiseaux me frôler. Ils ne peuvent pas se permettre de piquer car l'eau n'est pas assez profonde alors ils se contentent de passer le plus proche possible de moi pour m'entailler le dos de leur longues griffes acérées. 

Je commence à ramper en direction du javelot que la fille du 8 à lancé. Les hurlements de ma soeur rythment les attaques des oiseaux et mes mouvements dans le sable. Grâce à eux, je sais qu'elle est encore vivante. Je jette un oeil du côté de Djale et de son assaillant. L'un des deux est en train d'étrangler l'autre. Je n'arrive cependant pas à distinguer lequel des deux à le dessus. Recouverts de sable, ils ne forment qu'une unique masse prête à s'entretuer. Il me semble que Djale vient de donner un coup dans les côtes de la fille mais je n'ai pas le temps de regarder plus attentivement. Une aile rouge sang passe devant mes yeux. Je les ferme immédiatement car un des oiseau essaie de me blesser au visage. Je me protège avec mes mains qui se font mordre par l'immense bec de l'animal. Je saisis la patte du volatile et le ramène contre moi. Il se débat et pousse de longs cris aigus. Ses ailes me fouettent le visage alors je le bloque contre mon corps. Mes mains se serrent autour de son grand cou, d'une bonne vingtaine de centimètres. Les cris de l'animal sont étouffés ce qui me permet d'entendre distinctement le craquement de ses os quand je lui brise le cou. Je relâche son cadavre qui s'écroule sur le sable humide. Mes assaillants s'éloignent dans de grands battements d'ailes.

Les 42ème Hunger Games : Comme si nous n'avions pas vécuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant