La parade

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Une éternité.

Voilà le seul terme que j'ai trouvé pour qualifier ma préparation à la parade. Mes préparateurs étaient d'un ennuie profond, jacassant tout le temps : rouge à lèvres, soirées au Capitole, coiffeurs et galeries marchandes. Je n'écoutais qu'à moitié et me préparais surtout à rencontrer mon styliste, qui, je l'espère toujours, ne vas pas être aussi barbant.

J'attends depuis une bonne heure que mon styliste arrive. Une heure de repos, de tranquillité. Une heure où je me repasse le tirage au sort de la moisson en boucle dans ma tête. Les 2 papiers, saisis hors de la boule. Les quelques secondes de battement avant que le nom de ma soeur retentisse dans le silence planant de la place. Aux oreilles de tous les habitants de Panem.

Puis le mien.

- On m'a dit que tu avais été parfait durant ton séjour en salle de préparation. Bonjour je suis Poenus, ton styliste.

Je sursaute, mes pensées s'évanouissent. Ce retour à la réalité n'est pas aussi brutal que j'aurai pu le penser. Poenus a plutôt l'air gentil. Il m'inspire confiance. A le voir, il n'est pas habillé comme les autres préparateurs, tous sur-maquillés. L'une d'elle avait une coiffure tellement ridicule que je me suis demandé si elle n'était pas forcée par le Capitole à porter ce genre d'artifice. En y réfléchissant bien, je penses que la mode du Capitole écrase ces gens là et qu'ils n'ont pas d'autres choix que de la suivre. Néanmoins, ça n'a pas l'air de les gêner.

Poenus n'est pas comme ça. Il est vêtu d'un simple T-shirt blanc et d'un jogging en coton de la même couleur. Il a le crâne rasé et est assez grand et athlétique.

- J'ai conscience que tes préparateurs sont un peu lourds mais pour ma part, j'essaie d'être le plus proche de mes clients. Comme ça je peux analyser leurs altitudes pour adapter au mieux mes vêtements à leur caractère.

"Ses clients"... Comme si j'avais fait le choix d'être ici.

- J'imagine que vous voulez connaître tous mes secrets ?

- Oh pas la peine que tu me donne une liste, je vais me faire une petite idée tout seul.

Il commence à me tourner autour, inspectant les moindres recoins de mon corps.

- Tu es assez musclé, remarque-t-il, tu fais de la lutte ou quelque chose dans le genre ?

J'esquisse un sourire. S'il a remarqué ce détails alors d'autres le pourront. Des sponsors par exemples. Et s'il pense que je sais me battre c'est que certains habitants du Capitole le penserons aussi. Je ne sais pas si c'était voulu mais Poenus me donne de l'espoir dans ces remarques. Ne reste plus qu'à savoir si mon costume pour la cérémonie d'ouverture me fera me démarquer des autres "clients".

- Je sais manier la hache. J''aidais mon père à porter les bûches à la maison.

- Je constate en effet. Attends deux secondes, je reviens.

Deux minutes plus tard, le voilà qui entre avec une multitude d'accessoires. Il m'aide à enfiler une combinaison moulante puis me demande de fermer les yeux. Je le sens me poser quelque chose sur les épaules, m'enfiler des bottes, je crois, et me poser quelque chose sur la tête. J'entends ensuite la porte se fermer pour se rouvrir quelques minutes plus tard.

- C'est un grand miroir. Me dit-il.

Poenus me demande ensuite d'ouvrir les yeux, ce que je fais immédiatement, trop impatient de découvrir le résultat. Un sentiment de fierté m'envahit aussitôt. Un jeune homme imposant se dresse devant moi, enveloppé dans une combinaison recouverte de feuilles vertes. De massives épaulières en écorces de chêne trônent sur ses épaules et une cape en peau de loup blanc est attachée dans son dos. En regardant plus bas je constate qu'une ceinture de lierre est attachée autour de sa taille et que ce jeune homme se tient droit dans une sublime paire de bottes en peau de daim. Pour finir, une magnifique couronne en or surmontée de bois de caribou surplombe sa tête, lui donnant une allure majestueuse et un sentiment de puissance. Je ne réalise pas tout de suite que cet homme n'est autre que moi-même. Je ne doute pas une seule seconde que ce costume fera sensation lors de la parade. Pour ma part, à vrai dire, j'ai surtout l'impression d'être déguisé, déjà prêt à me faire chasser dans la forêt. Je suis comme un sublime plat que le Capitole s'apprête à dévorer, trop heureux de pouvoir se divertir de la sorte. Néanmoins, je ne peux nier que le costume est d'une qualité remarquable. Je ne comprends juste pas l'intérêt de ce genre de fantaisies. Enfin si, les sponsors.

Les 42ème Hunger Games : Comme si nous n'avions pas vécuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant