Les 42ème Hunger Games : Comme si nous n'avions pas vécu

Le Bain de Sang

Je m'enfonce dans la sombre jungle en direction de la corne d'abondance. Pour rejoindre Iris, le plus simple était de la retrouver au centre de l'arène. En effet, Marks m'avait expliqué qu'elle sortirait du tube à l'opposé de ma position. Par conséquent, si je coure tout droit, j'atteindrai sa plateforme. J'espère simplement qu'elle n'a pas pris la même initiative que moi, sinon, nous allons tout les deux nous retrouver noyés dans un bain de sang.

Je coure le plus vite possible, écarte les lianes et les feuilles de mon passage, enjambe des racines encrées dans un sol humide. L'enchevètrement des branches m'empêche d'avancer rapidement, malgré tout l'énergie que je déploie. J'aperçois la fille du 2 qui coure à une trentaine de mètres de moi. Sa chevelure rousse me permet de la reconaître dans cet amas d'obscurité. Par réflex, je m'éloigne de sa position mais trébuche sur la racine d'un grand arbre dont les premières branches se situent à plus d'une vingtaine de mètres de haut. Ces racines sont immenses et s'entrelacent avec celles des autres plantes tropicales.

Je me redresse rapidement et après cinq minutes de course, j'arrive à la lisière entre la fin de la forêt et la clairière où trône la corne d'abondance. Je m'apprète à m'élancer vers les armes et les provisions qui ponctuent le tour de la corne, lorsque la fille du 2 et le garçon du 8 surgissent de la pénombre la jungle. Ils foncent vers les armes les plus proches et commencent à se battre.

Je me cache derière un immense tronc d'arbre noir tandis que les tributs commencent à envahir la clairière.

Soudain j'ai une idée. J'aggripe l'écorce du tronc et commence à monter vers le sommet de l'arbre. Je coordine mes mouvements de façon à grimper les plus aisément possible. J'attrappe une branche, m'y appuie de toute mes forces et remonte une jambe après l'autre. J'ai fait ça toute ma vie monter à la cime des sequoïas de mon district, et ils étaient bien plus hauts que l'arbre que je suis en train d'escalader.

Arrivé au sommet, je domine l'arène entière et plus précisément la corne d'abondance. Une bonne dizaine de tributs se combattent de toutes leurs forces. Deux cadavres viennent déjà rougir le sol de la clairière. La fille du cinq et le garçon du district 9, celui qui se battait avec la fille du 2 il y a trois minutes à peine. Cette dernière est déjà en train d'enlever une seconde vie. Celle de la fille du 3 qui n'en a plus pour très longtemps. Aucun tribut n'est cependant arrivé jusqu'à la corne. Tous se sont munis des premières armes qui leur tombaient sous la main, sans se soucier des plus importantes, celles qui peuvent assurer la victoire.

Les coups de canon se succèdent et je repère Iris, ma petite soeur, qui émerge de la forêt tropicale. Derière elle, se trouve le garçon du quatre qui la poursuit avec un sabre.

Paniqué, je redescends dans la précipitation pour lui venir en aide et manque de faire une chute vertigineuse.

Arrivé en bas, je pique un springt en direction de ma soeur. Je traverse le champ de bataille, me saisissant d'un sac à dos au passage. Iris tente d'esquiver son sabre qui fend l'air de sa lame tranchante. Dans sa volonté de l'abattre, il donne de grands coups imprécis tandis qu'Iris apeurée, trébuche sur un sac et s'étalle sur le sol.

Je me rapproche de plus en plus d'elle. Une vingtaine de mètres nous séparent. Le garçon du 4, assaille ma soeur de coups de sabre mais elle parent ses attaques avec le sac sur lequel elle a trébuché et qui lui sert à présent de bouclier. Sous la puissance des chocs, Iris commence à faiblir. Il s'apprète à lui infliger le coup de grâce lorsque je bondis et le plaque au sol. Nous roulons sur le dos, accrochés l'un à l'autre si bien qu'il lâche son épée. N'ayant aucune arme sur moi, je lui assène un coup de poing magistral qui vient lui disloquer la machoire. Fou de rage, il me propulse à quelques mètres de lui en me repoussant violement avec son pied.