Adieux

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- Iris Awüston, Iris Awüston, Iris Awüston !

J'entends encore la voix d'Ilda Cookers dans ma tête. Une voix aiguë, pleine d'enthousiasme.

L'enthousiasme, voilà ce que je hais le plus au monde le jour de la moisson, ces gens qui s'exclame devant l'arrivée des tributs au Capitole. Le Capitole, je crois que je le hais surtout parce que je ne le comprends pas. Et si j'étais né là bas ?

Un courant glacial me parcourt la colonne vertébrale. Cette sensation de froid dans le dos, comme si le temps s'arrêtait à l'annonce de l'identité de ma petite sœur.

- Approche ma Belle, approche ! L'encourage Ilda.

Je la cherche, elle est là perdue dans la foule qui s'écarte de plus en plus d'elle.

- Iris ! Je crie.

Elle ne bouge pas.

Des pacificateurs s'approchent d'elle, la saisissent par les bras et la traînent jusqu'aux marches de l'estrade. Elle se laisse faire, sanglotant doucement

- Iris !

Je me précipite entre les garçons en bousculant les plus petits pour la rejoindre.

- Non, laissez là ! Je hurle aux pacificateurs. Elle va y aller toute seule ! Lâchez la ! Vous lui faites mal !

- Allons, allons ! Minaude Ilda, laissez-la, vous ne voudriez pas faire fondre en larme un si joli visage !

- Accompagne-moi Shelk, me supplie Iris.

En guise de réponse, je la prends dans mes bras et la porte jusqu'au micro.

Ilda Cookers lui saisit les poignets et lui chuchote :

- C'est trop chou.

Deux pacificateurs vêtus de leurs uniformes blancs comme neige me raccompagnent dans mon rang.

- Très bien, passons maintenant au tribut mâle.

Elle se déplace jusqu'à la boule pour les garçons et proclame d'une voix mielleuse :

- Mesdames et messieurs, j'ai l'honneur de vous présenter...

Elle tapote la boule, y plonge sa main et en sort un papier contenant mon nom.

- Shelk Awüston !

Mon cœur rate un battement.

- Oh c'est magnifique, frère et sœur pour les Hunger Games, Quel chance ! Elle sautille sur place ce qui fait basculer son chapeau bleu sur le côté. Ou-là-là ! J'en perds mon chapeau !

Je m'avance dans l'allée centrale, paralysé par la peur.

Comment est-ce possible ?

Il y avait des milliers de papiers et c'est tombé sur ma sœur et moi. Je prends alors conscience d'une triste réalité. Nous quittons le district 7 ensemble, mais nous ne reviendrons pas ensemble.

Je me dois de la protéger, elle est si jeune, il faut la ramener en vie.
Je monte les marches latérales et gagne l'estrade.

- C'est formidable ! Mes chéris, imaginez la chance que vos parents ont ! Deux enfants qui partent pour le Capitole donc deux fois plus de chance d'avoir un vainqueur dans la famille. Olalala, j'adore ça ! Allez, on applaudit les tributs ! S'exclame-t'elle.

Grâce au ciel, personne ne l'écoute. Au contraire, les filles et les garçons se prennent par la main et s'allongent tous ensemble contre le sol. Une sorte de manifestation pacifique pour nous soutenir. Uns à uns, la masse d'enfants s'étale sur le goudron de la place publique. Les plus réticents, apeurés par les possibles représailles du Capitole, se laissent convaincre petit à petit. En moins d'une minute, la place semble comme vidée de toute forme de vie. Les pacificateurs n'osent pas intervenir, ne sachant pas vraiment quoi faire étant donné que la moisson est retransmise en direct dans tout Panem.

Les 42ème Hunger Games : Comme si nous n'avions pas vécuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant