3ème Jour

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Le matin.

 Iris me réveille brutalement. 

J'ouvre les yeux sur un ciel doré par le Soleil.

J'ai l'étrange impression de me réveiller dans un autre monde. Comme lorsque l'on émerge d'un rêve et que l'on ne sait pas si tout est réellement terminé. Cet état où l'on a conscience d'être conscient mais où la réalité semble abstraite.

Ici le ciel est d'un jaune très inhabituel tandis que la voix de ma soeur me somme de me lever pour observer l'arène.

Je prends donc appui sur mes coudes et m'adosse au tronc d'arbre près de moi. Je contemple alors un paysage apocalyptique qui me fait frissonner. En plus d'être cuivré, le ciel est zébré par les nuages d'un noir profond. Une lumière ambrée envahit l'arène ce qui rend le paysage particulièrement effrayant. Au loin, le fleuve est d'un rouge écarlate, comme si le sang de milliers de cadavres c'était répandu dans les eux troubles de la mangrove.

C'est alors que je repense aux symboles gravés sur la stèle dans les ruines. Le premier représentait des vagues. Nous avions tout de suite pensé à une inondation ou un tsunami mais peut-être que l'évènement devait affecter les sources d'eau de l'arène. Ce qui expliquerait que la seul point d'eau connu de tous se soit transformé en torrent sanguinolent. C'est avec horreur que je me souviens qu'il ne nous reste plus d'eau dans la gourde et que de toutes évidences, nous ne pouvons pas aller la remplir au fleuve.

- Vous croyez que c'est réellement du sang ? Demande Iris.

- Je ne sais pas Iris. Répond Djale en lui posant sa main sur l'épaule. On ferait mieux d'aller voir au cas où il faudrait trouver d'urgence une solution pour boire.

Je me relève doucement, m'appuyant sur le vieux tronc d'arbre. Je regarde Djale, attentif. Cela ne lui ressemble pas d'être aussi tactile. Je veux dire, on dirait qu'il essaie de me faire passer un message. D'abord il pose sa main sur l'épaule de ma soeur, ensuite il l'aide à se relever et la prend dans ses bras. Peut-être que je deviens fou mais j'ai l'impression qu'il essaie de se détacher de son caractère solitaire et égoïste pour se tourner vers une sorte de solidarité envers ma soeur et moi. 

Nous rassemblons nos affaires et commençons à descendre la pente de la montagne en direction du fleuve pourpre. Je ne sais pas si cette absence totale de bruit est sensée être rassurante ou effrayante. 

Pendant que nous marchons sur le sol rocailleux, je repense à tout ce qui me fait défaut. Il est vrai que je reproche beaucoup de choses à tout le monde, à Djale, à Ilda... mais je ne pense jamais à me remettre en question. Depuis la moisson, je me sens très agressif, trop peut-être. Les jeux sont en train de me changer mais j'ai l'impression que c'est le prix à payer pour rester en vie. A vrai dire, je ne sais même pas si je veux survivre ou faire gagner ma soeur. Au fond de moi, je sens comme une présence qui m'indique que je dois la sauver mais d'un autre côté je sais que je ne dois pas me voiler la face... Iris a très peu de chances de s'en sortir. 

Je repense alors à Ike et James, mes deux petits frères. Je ne m'imagine pas ne plus jamais les revoir. Le souvenir de leur sourire et de leurs mains sur ma peau. Quand nous jouions ensemble dans les près. Nous nous roulions sur l'herbe fraiche en riant à gorges déployées. Ils essayaient de se sauver quand je tentais de les attraper. Leurs cris mêlés à leurs rires, leurs souffles sur mon visage, le bouquet de pissenlit que cueillait Ike pour notre mère, tout cela me traverse et me dévore de l'intérieur. Comme un chant qui se perd dans l'infini, comme les aigrettes d'un pissenlit qui s'éparpillent dans le vent, ces souvenirs commencent à disparaitre. Je secoue la tête comme pour me débarrasser de toutes ces pensées. Je m'efforce d'oublier ma vie au district 7 pour ne pas vouloir gagner à tout prix. Je dois garder en tête que c'est ma soeur qui doit rester vivante et non moi. 

Les 42ème Hunger Games : Comme si nous n'avions pas vécuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant