2. La maison

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Pdv de Fleur :

On n'avait pas bien calculé le temps resté dans le club. Il était beaucoup plus tard. Je devais déjà être à la maison. J'avais pas de pression, j'en ai jamais. Mais ce soir je voulais vraiment pas voir mes parents. J'ai dit à Lil que mes parents n'ont pas d'autorité sur moi. C'est pas tout à fait vrai. C'est juste que je m'en fout. Sauf que si il savent que j'y suis allé avec une pote, se sera pas pareil. Là, ils auront un point de pression, il faut qu'ils pensent que j'y suis allé seule et que Lil n'a pas une "mauvaise influence" sur moi.

J'explique le problème à mon amie et ajoute :
- Je sais que c'est gonflé dire ça, mais je pourrais pas dormir chez toi ?
Au lieu de dire que je me tape un peu l'incruste, elle sourit :
- Ouais, c'est une bonne idée ! Y a personne d'autres chez moi, ma sœur a demandé à être en pension et elle y reste aussi le week-end avec ses amis. Donc on sera seules.

Je saute de joie et la prend dans mes bras. Je suis trop contente !

J'envoie un sms à mes parents pour leur dire :
«Je dors chez une amie ce soir, je vous aimes. (Vous inquiétez pas c'est bien moi qui vous que je vous aimes, prenez pas trop confiance quand même)»

Ensuite elle m'emmène au métro, on utilise nos cartes jeunes puis on monte dans un wagon.

C'est là qu'elle me demande :
- Tu veux manger quoi ?
Je m'attendais pas à la question. Devant ma tête, Lil me dit en riant :
- Ok, d'accord, c'est pas grave, on va faire les courses ! Par contre si t'achètes du porc je te l'offre j'en manges pas !

C'est à partir de cet instant que je me suis dit que je ne mangerai pas de porc ce soir, ni toutes les fois où je serais avec Lil.

On sort du métro. Y a "carrefour express" pas loin. Finalement, ni elle, ni moi, n'a d'inspi.

Elle me dit :
- Bon laisse tomber, on va chez moi.

Je rentre donc dans sa maison. Pas étonnant qu'elle ait accepté que je vienne chez elle. Sa maison est assez grande, être seule dedans, ça doit pas être super. Contrairement à ce à quoi je m'attendais, sa maison n'est pas vraiment bordélique. C'est personnel, mais rangé.

Je lui fait la remarque gentiment :
- C'est beaucoup mieux rangé que chez moi !
- Quand j'ai commencé à être seule ici, je me suis dit que je devais absolument rangée souvent, sinon j'allais être submergée.

Puis elle se dirige vers le téléphone. Je l'entend dire :
- Allô, Pizza Hut ?
Je sourit, elle continue :
- Pour 20h00 s'il-vous-plaît.
Elle me demande silencieusement ce que je veux. Je lui fait comprendre que je veux une Margarita.
- Une grande Margarita. Oui.

Elle donne son adresse, débite quelques formules d'au revoir et raccroche.

Puis elle revient vers moi et me demande de l'aider à descendre deux matelas qui sont à l'étage. On fait les lits dans le salon en face de la télé. On s'assoit, et on regarde un de ses films préférés "Hairspray" puis on entend sonner à la porte. Je consulte ma montre : 20h03. Elle va ouvrir, donne l'argent, prend la pizza, salut et ferme la porte.

Elle prend une bouteille de jus d'abricot dans le frigo ainsi que deux verres. Elle se met devant moi, pose les verres et la bouteille. Elle ouvre la boîte de pizza. On a toutes les deux un sourire plutôt effrayant pour d'autres gens, comme quand je m'apprête à frapper mon frère.

Elle m'annonce :
- Tu es prête à enchaîner films sur films en mangeant la meilleure pizza de ta vie ?
Oh que oui ! Plus que jamais !

Pdv de Lil :

C'est le paradis ! On bouffe de la pizza, on boit du jus d'abricot (d'ailleurs on dirait bien qu'elle apprécie) et regarde des putains de films ! Je m'étais jamais autant amusée ! Même quand j'allai à l'arme noire, sauf peut-être quand j'y suis allée avec Fleur, mais là c'est plus personnelle.

On sait plus quoi regarder et elle me dit :
- Ta sœur ne te manques pas parfois ?
Je ne répond rien puis affirme :
- Non, pas vraiment. C'est mieux comme ça. Avant elle me faisait des fucks, me traitait de pute, de salope, de pleurnicharde (parce qu'elle comprenait pas que je pleurait de rage cette conne) bref, comme une moins que rien. Elle me regardait toujours de haut. Et toi ? T'es fille unique ?
- Oulah ! J'aimerai bien ! Non. J'ai un frère que je hais, c'est un imbécile et à cause de lui j'ai perdu toutes mes amies. Ma sœur par contre je l'adore. On se ligue toutes les deux contre mon frère. Elle mord. Je lui apprend les parties sensibles.

On se regarde toutes les deux avec sourire sadique. Je prend le film "Insaisissables" de l'armoire et le commence. On continue à grignoter les restes de la pizza.

C'est là qu'elle me souffle :
- T'as pas peur pour ton avenir ?
- Ça m'est souvent arrivé... J'ai une pension de mes parents et j'ai commencé à économiser au cas où. Et j'ai découvert qu'on trouvait facilement du travail à l'arme noire. Net ou pas... Je prend les net. Évidemment. Sinon c'est une suite d'ennuis. Peut-être plus tard.
- Et ben... C'est super l'arme noire !
- Ouais, mais bon... C'est pas loin d'une secte quand même...
- C'est sûr...
Puis on retrouve notre moral. Je l'informe :
- Bon on va pas déprimer ! Demain, grasse mat' ! Tu dors chez moi, alors pas de cours de toute la journée !

Elle me sourit. Ses yeux pétillent. Je suis tellement contente de la rendre heureuse. C'est dingue ! Ça fait une journée que je la connais et je l'adore déjà ! Je me sens beaucoup moins seule. Il n'y a plus de tâche. J'ai une vie super et une super amie.

Je vais jeter la boîte de pizza maintenant complètement vide. Je met les verres à la machine à laver et la bouteille de jus d'abricot au frigidaire.

Je retourne devant la télé. On se glisse sous les draps et on continue notre film. On finit par aborder le sujet des garçons. En ce qui me concerne, c'est le calme plat depuis ma naissance. Fleur, elle a déjà eu quelques petits amis. Mais rien pour le moment. On finit par s'endormir vers 12h30...

La vie de 2 salopesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant