Partie 1 (prologue)

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Je fais face au grand miroir de ma penderie en soufflant. Comme d'habitude depuis 3 mois, je suis en retard pour le lycée. Chaque soir, je programme mon réveil afin d'avoir le temps de me préparer, et chaque matin, la douleur est trop grande et je passe mon temps à pleurer plutôt que d'enfiler mes vêtements, ou bien je suis trop fatiguée pour me tirer du lit et ma chère maman n'est plus là pour m'enlever la couette. Mon choix est rapide, il se porte sur mon vieux sweat bleu à capuche, mon Jean à trous et mes vieilles bottes en cuir noirs. C'est de loin ma tenue préférée depuis quelque temps : simple, rapide à enfiler et qui se fond facilement dans la masse. Si ma mère était encore là elle aurait soupiré face à cette tenue que je n'aurais jamais portée auparavant. J'hausse les épaules devant mon reflet, mes cheveux sont en bataille et je ne suis pas maquillée, tant pis, on fera avec. Je passe mes doigts dans ma chevelure brune tout en claquant la porte de mon appartement. Ma montre m'indique que la sonnerie a déjà dû retentir. Je devrais me dépêcher, j'en ai bien conscience, mais, pourtant je marche d'un pas tranquille, trainant les pieds, admirant ma rue et les maisons qui la bordent. C'est un quartier assez tranquille, typiquement américain, de la belle pelouse verte, des demeures parfaitement entretenues et le journal ainsi que la bouteille de lait posés au pied des portes. C'est pour cela que ma mère a voulu acheter un appartement ici, elle ne voulait pas d'une maison, cela aurait été trop grand pour nous deux, mais elle souhaitait un cadre de vie agréable, reposant. 

Je suis en retard de dix minutes lorsque le lycée se dresse enfin devant moi, imposant par ces murs gris. Il a la forme d'un L et un chemin de gravillons mène à l'entrée où quelques retardataires se pressent. D'imposantes fenêtres sont tournées vers la rue et la pelouse qui encercle le bâtiment. Quelques bancs sont posés ici et là. Un nouveau soupire sort de ma gorge. Je n'ai aucune envie de m'y rendre, comme à peu près tous les étudiants je suppose, sauf que moi, ce n'est pas pour les mêmes raisons. Non pas, que je n'aime pas étudier, ce n'est absolument pas le cas, mais je sais déjà que madame Flowers - la professeure d'anglais- va me faire un sermon sur la ponctualité, puis finir la larme à l'oeil en parlant de ma mère, ce qui me mettra en colère. Je déteste que l'on parle de ma chère maman, et encore plus les hypocrites comme elle, alors que je fais tout pour essayer d'avancer dans ma vie. Je décide donc de sécher son cours, sachant que je n'aurais aucun mal à le rattraper vu mes facilités en anglais. C'est d'ailleurs pour cela que j'ai choisi la filière littéraire, j'adore lire, écrire, me plonger dans un autre univers, pratiquer plusieurs langues, je trouve cela fabuleux ! Je n'ai jamais aimé les sciences, c'était beaucoup trop compliqué, tous ces calculs, ces formules...Très peu pour moi ! Pourtant, ma mère était une scientifique, elle était médecin. Elle était remarquable et était très connue ici, elle avait mené de nombreuses recherches, sauvé beaucoup de vies. Je l'admirais plus que n'importe qui d'autre. Je parle d'elle au passé, car elle est morte il y a 3 mois dans un accident de voiture en revenant d'une consultation. Je n'aime pas me remémorer cette soirée. Ca me fait toujours mal et je n'en suis pas encore remise, je doute même que cela soit possible, je dois juste apprendre à vivre avec cette nouvelle cicatrice, apprendre à la refermer mais à la garder sur ma peau telle une trace indélébile. Le problème c'est que j'ignore comment faire cela. Sa disparition a laissé un grand vide, ma mère et moi étions très complice, nous ne faisions rien l'une sans l'autre, notre relation était fusionnelle. Sa perte a été très douloureuse, je n'y étais pas préparée et chaque jour qui passe sans elle est un jour de plus où je suis malheureuse et où je me demande pourquoi la terre m'a repris celle que j'aimais plus que tout au monde, celle qui était prête à donner sa vie pour aider les autres. 

Au lycée, j'évite d'en parler, disons que je garde mes pensées, mes tourments, ma tristesse enfouie en moi le temps que dure les cours. C'est pour cela que je suis en colère lorsque madame Flowers en parle, je ne veux pas que les autres voient mes fêlures, mes craquelures, mes faiblesses, mes bleus. A l'enterrement, certains m'ont dit "chanceuse" car j'avais héritée d'une grosse somme d'argent, d'un appartement et d'une voiture, ce sont des paroles que je ne veux plus jamais entendre. Car tout l'or du monde, ne remplacera jamais ma mère. 

Peut-être aussi qu'elle et moi étions très proches car je ne connais pas mon père. Maman me disait toujours que c'était mieux ainsi, qu'il avait sa vie et que nous n'en faisions pas partie. J'ignore pourquoi et je n'ai jamais réellement cherché à le comprendre. Je ne sais même pas qui il est, quel est son nom, ni ce qu'il fait dans la vie. C'est un inconnu. Maintenant que ma mère n'est plus là, que je me retrouve seule, orpheline, triste et abattue, je me rends compte que j'aurais aimé avoir une figure paternelle sur laquelle me reposer, quelqu'un à qui confier mes peurs, mes doutes, mes souvenirs, quelqu'un avec qui j'aurais pu évoquer ma chère et aimante disparue et qui la connaissait autant que moi. Mais, je ne sais rien de lui, et je ne peux compter que sur moi même. 

Je n'aurais jamais imaginé un seul instant que tout pouvait changer au détour d'une ruelle, que ma vie pouvait basculer pour le meilleur ou pour le pire par une simple décision. Car oui, en choisissant de sécher ce cours, ma décision me fit basculer entre l'enfer et le paradis, entre Cupidon et Satan. Le pas est faible mais l'impact est grand. Aujourd'hui, tout va changer. 

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L'histoire commence vraiment à partir de la partie 4 environ !

Un Jeu DangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant