partie 20

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Maxime nous observait, interrogateur. James ou plutôt mon père, s'approcha de moi en murmurant :

"_ Comment est-ce possible ? Tu n'as pas changé, pas pris une ride....

_ Je ne suis pas Sophie. Dis-je d'une petite voix que je voulais assurée."

Le sourire de James s'effaça, il était visiblement déçu. Il s'excusa et s'apprêtait à reprendre son chemin mais je dis d'une voix forte cette fois :

"_ Je suis sa fille."

Il m'observa alors plus en détail, chose que je détestais, et me demanda :

"_ Alors elle a refait sa vie ? Comment va-t-elle ?"

Son visage était fermé, inexpressif, comme s'il s'était fait depuis longtemps à l'idée de ne jamais revoir ma mère, qu'elle ait pu épouser un autre et être heureuse. J'aurais tellement aimé pouvoir lui dire que ma mère allait bien, qu'elle l'attendait chez nous, qu'elle l'aimait toujours. Mais non, ma mère était morte, il était trop tard pour que nous formions une famille. Une larme roula sur ma joue, j'avais imaginé des retrouvailles plus heureuses que celles-là. Je n'avais même pas encore eu le courage​ de lui dire que j'étais sa fille. Son regard se porta sur ma larme alors que je lui répondais enfin :

"_ Elle n'a jamais refait sa vie, ma mère vous a toujours aimé, James c'est bien ça ?

_ Oui c'est ça. Comment connaissez-vous mon nom ? Elle vous a parlé de moi ? Pourquoi parlez-vous de Sophie au passé ?"

Une deuxième larme dévala ma joue tandis que James était perdu face à ce que je lui disais, les questions semblaient fuser de toutes part dans sa tête. Il était temps que je lui dise qui j'étais vraiment, je n'avais pas fait ce marché, ce voyage pour rien. Maintenant que je l'avais retrouvé, je devais voir s'il était vraiment quelqu'un de bien, qui méritait l'amour de ma mère.

"_ Ma mère est morte il y a 5 mois. J'ai fait des recherches pour vous retrouver car...car vous êtes mon père."

Il s'appuya contre les portes de l'ascenseur, sous le choc, portant une main à sa bouche, ses yeux larmoyants. Je n'y avais pas été dans la douceur mais existait-il une manière d'annoncer cela ? Toute ma vie j'avais attendu ce moment,et enfin il s'offrait à moi. On imagine souvent la scène mais cela ne vaut jamais la réalité. Elle est toujours beaucoup plus riche en émotions, plus brutale.

"_ Ma...ma fille ? Tu en es sûre ? Répondit-il.

_ J'ai 18 ans. Ma mère était enceinte lorsque vous êtes parti. Elle vous aimait mais elle croyait que vous ne l'aimiez plus. Tout cela est la faute de votre mère. Elle m'a tout expliqué, c'est de sa faute si nous n'avons pas été une famille. Elle voulait que vous épousiez cette fille de politique, alors elle vous a éloigné, puis vous avez accepté ce mariage et elle en a profité pour éloigner ma mère lui disant que vous alliez vous marier, que vous l'aviez oublié. Pendant toute ce temps, elle a vécu dans notre ville, surveillant ma mère, veillant à ce qu'elle ne me dise rien, ne reprenne pas contact avec vous. Elle a enseigné à mon lycée. Vous êtes mon père cela ne fait aucun doute. "

James était resté appuyé contre les portes de l'ascenseur, les yeux embués de larmes contenues. Il approcha sa main de mon visage et caressa de son pouce ma joue trempées de fines gouttelettes salées. Les larmes avaient en effet dévalé mes joues et je n'avais rien fait pour les retenir. L'émotion s'était emparée de moi. Mon père était face à moi pour la première fois mais ce pouvait aussi bien être la dernière. Peut-être ne voudrait-il pas me connaître ? Peut-être était-il heureux ainsi, sans enfants, sans attaches ? Peut-être aussi qu'il ne croirait pas à mon histoire ? Je ne pouvais pas imaginer avoir accompli autant de choses sans apprendre à le connaître. Cette pensée même me semblait absurde.

Un Jeu DangereuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant