Dead Land

XI - Explosion

Onzième épisode
« Explosion »

Les jours passent et le nouveau groupe reste tranquille. J'en ai appris beaucoup sur eux et leurs comportements grâce à Carl, mais... Je ne sais toujours pas quoi en penser.

Je ne m'approche pas vraiment d'eux et ils en font de même. C'est un peu comme si on avait une sorte de pacte silencieux. Je ne cherche pas à les faires chier et ils me laissent tranquille.

Enfin, quand je dis « ils » j'exclus Carl, bien entendu. Mon plan en soi n'était pas con. Me servir de lui, en apprendre sur l'ennemi et frapper fort en cas de problème. Le truc c'est que lui il cherche vraiment à être pote avec moi. Et je soupçonne que c'est pour se rapprocher d'Enid -seule adolescente pour trois mecs. Je sais bien que je le faisais moi-même, mais je n'apprécie pas l'idée qu'il se serve de moi pour parvenir à ses fins.

Douce ironie, quand tu nous tiens...

Selon Aaron, cependant, il y aurait des progrès dans mon attitude. Je crois surtout qu'il dit ça en espérant qu'il y en est réellement bientôt. Cette semaine, il a essayé, avec Spencer, de me trouver un boulot. Je n'ai pas osé leur dire que dans le monde d'avant je n'ai jamais pu garder le même taff plus de six mois, mais honnêtement, je crois qu'ils commencent à se douter de quelque chose. Mon problème, c'est que je n'écoute pas beaucoup les gens. Bref, j'ai passé la dernière semaine à retourner de la terre pour les jardins et c'était... Enfin... On ne va pas se mentir, avec les dernières canicules qui me plombaient sur la tête c'était vraiment dégueulasse. Et j'ai une sale tête de plouc avec un chapeau. Un peu comme Carl, avec son couvre-chef ridicule de shérif, sauf que moi je ne vis pas dans le déni. 

À l'heure actuelle, je marche en direction de la sortie de la ville en compagnie de Vita. J'ai l'intention d'aller chasser peut-être un peu. Explorer, piller des maisons. Tout pour sortir d'ici. Et, accessoirement, éviter les corvées de jardinage. 

« Kenna !

Je me retourne pour constater un Aaron sauvage trottinant vers moi, visiblement bien content de me voir.

- Mmh ?
- Où tu vas ?
- Dehors.

Je vois son teint s'assombrir.

- Comment ça dehors ?
- Ben... Dehors comme dans « dehors ».

Il me regarde, désapprobateur.

- Toute seule ? Encore ? Tu sais comment ça s'est terminé la dernière fois.
- C'est bon, cette histoire avec Rick, je te l'ai déjà dit : j'ai pas fait assez attention. Ça va maintenant, je fais gaffe...
- Et avec Carl ?

Je détourne le regard vers le sol à la suite de son allusion. Il y a trois jours, je suis sortie avec Vita. Carl m'a suivi et ça ne s'est pas très bien terminé. Disons que l'expression "plus on est de fous, plus on rit" ne fonctionne que très peu avec des Rôdeurs, comme les appellent les nouveaux. J'ouvre la bouche pour dire quelque chose, mais Aaron, qui a pris beaucoup trop d'assurance au cours de la semaine par rapport à moi, me devance :

- Désolé, Kenna, mais c'est non. Je ne te laisserai pas sortir toute seule.

J'écarquille les sourcils, choquée.

- T'es sérieux ?

Il me toise, le regard plein de défis.
Il est sérieux. Je soupire bruyamment, indignée.