XVII - Hantise

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[ Attention !

L'épisode qui suit traite de sujets sensibles en lien avec les violences sexuelles et le syndrome post-traumatique.
Si vous êtes victimes de pareilles situations, s'il vous plaît, n'hésitez jamais à demander de l'aide aux organismes professionnels de votre région. ]


Dix-septième épisode
« Hantise »

En un soupir, je pose lourdement mon sac sur le sol. La fatigue qui m'étreint est telle que je suis persuadée que si je ne dors pas bientôt, je vais y passer. Au cours de notre trajet, j'ai eu tout le loisir de comptabiliser mes heures de sommeil. Le résultat n'est pas très glorieux, je dois l'admettre.

Le soleil se couche bientôt, et ce cher Daryl a décidé qu'on monterait un campement pour la nuit. Je ne m'y suis pas opposée. Mes raisons sont plutôt variées, mais l'important est là. À l'heure actuelle, je crois qu'il installe un fil de protection autour du campement pour prévenir les rôdeurs. Moi, ma tâche consiste à installer la tente. Voilà un truc facile.

×××

Moi et ma grande gueule. Je suis sur le point de lui faire la peau à ce ramassis de toile. Je n'ai jamais fait ça moi : monter une tente. Tu parles d'une idée de con. Je grommelle en essayant de comprendre comment ça marche et derrière moi j'entends Thyle se retenir de rire.

Je lui lance un regard noir.

- C'est ça. Marre-toi au lieu de me filer un coup de main.
- C'était pile ce que j'comptais faire.

Je grogne.

- Insecte.
- Sorcière.

J'écarquille les yeux. Il vient de me répondre ? Je le toise de nouveau, l'air mauvais, alors qu'il me rend un sourire narquois. Je prends une grosse inspiration pour rester calme et, au même moment, Daryl refait surface entre les branches avec, sur son épaule, son butin de chasse : un lapin tout maigre. Je ne dis rien, cependant : au moins lui il sait attraper des lapins.

Vita, à mes côtés, le regarde la langue pendouillant. Depuis ce matin, elle ne le quitte pas des yeux et, de ce que j'ai vu, elle se débrouille toujours pour que lui et moi soyons à une distance raisonnable. J'ai déjà vu mon chien haïr des gens. Nicholas, par exemple. Elle ne déteste pas Daryl. N'empêche, ça l'embête bien quand il se retrouve trop près de moi.

L'homme nous regarde à tour de rôle, l'air de se demander si ça vaut la peine de demander ce qu'il se passe. La réponse doit sans doute être non puisqu'il continue son chemin sans rien dire. Je baisse le regard et reprends ma tâche sans ressentir le besoin de m'en plaindre, tout à coup. Tout ce que je veux, c'est de ne pas trop capter son attention.

- Hey Daryl ! Lance Thyle, tu sais installer une tente ? Kenna, elle est nulle.

Je déglutis et sens le rouge me monter aux joues. Vraiment, ce n'était pas obligé. Mes yeux, sous mes sourcils froncés, dérivent vers le gamin pour le menacer avant d'être attirés par cette impression d'être observée qui me prend. Timidement, je regarde Daryl qui lui me fixe avec intensité. Mon cœur accélère et l'alerte se déclenche dans mon cerveau. Tout mon système m'indique que ce n'est pas bon du tout. Quand il pose son matos et se lève, je me détourne, nerveuse.

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