XIII - Nuit noire

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[ Attention !

L'épisode qui suit traite de sujets sensibles en lien avec les violences sexuelles et le syndrome post-traumatique.
Si vous êtes victimes de pareilles situations, s'il vous plaît, n'hésitez jamais à demander de l'aide aux organismes professionnels de votre région. ]

Treizième épisode
« Nuit noire »


Le silence est maître lorsqu'on voyage avec Daryl Dixon. Je ne m'en pleins pas, non. Je tiens simplement à préciser que ce n'est pas tout à fait le cas lorsqu'il est contrarié. Appuyée contre la voiture je le regarde jurer entre ses dents serrées devant la fumée blanche qui s'évade de sous le capot qu'il maintient en l'air.

La nuit est froide, je suis fatiguée et ce mec est grincheux comme pas possible. J'ai l'impression de voyager avec une copie de moi-même et je ne suis pas certaine d'apprécier l'expérience. Nous avons roulé un bon moment avant que le moteur ne fasse des siennes. Je crois même que nous avons beaucoup trop progressé pour le but de notre mission. Je n'avais rien contre... Avant que le véhicule ne s'arrête abruptement pour une raison inconnue. Maintenant nous avons des dizaines de kilomètres en trop à corriger à l'aide de nos pieds.

J'entends un claquement sourd lorsque mon garde du corps personnel lâche prise en grognant :

- C'est foutu.

Je soupire. Il était temps qu'il capitule. Vingt minutes déjà que je me refroidie les fesses à attendre qu'il comprenne.

- Super. Quel est le plan, maintenant ?

Il ramasse petit à petit ses affaires.

- On suit la route. On pourra peut-être s'en dégoter une autre. Dans le cas contraire, faudrait trouver un endroit pour la nuit. On y verra plus clair de jour et ce sera plus sécuritaire.

Je hoche la tête. Qu'elle idée stupide de partir si tard, aussi. J'ai envie de m'étendre sur le sol et de roupiller. Si ce n'était du froid je crois que je le ferais vraiment. J'appelle Vita qui ouvre les yeux et se lève pour nous rejoindre. Nous voilà de nouveau sur la route à marcher comme des âmes errantes. À la différence que cette fois, nous sommes accompagnées.

Je crois que j'ai mal jugé Daryl. Ce n'est pas un sauvage. Je dirais plutôt une espèce motard déchu avec un sale caractère et de bonnes aptitudes de survie. Ce n'est pas tellement mieux, mais je crois que c'est plus près de la vérité. Toujours est-il que, vu de près, il n'est pas si effrayant. Bon, bien sur, être son ennemie ne me paraît pas spécialememt agréable, mais tant qu'il ne voit pas d'obligation à me tuer il est aussi terrifiant qu'un adolescent en rébellion constante contre toute forme d'autorité. Aussi effroyable qu'un furieux petit puceau pré-pubert qui passait sans doute son temps à surfer avec toute sortes de substances illicites. Je rigole toute seule en y repensant, ce qui me vaut un regard en biais de la part de M. le puceau. Je cesse de rire, loin d'avoir envie de lui expliquer ce qui me fait marrer. Je passe quand même à un poil près de lui demander s'il s'est déjà envoyer en l'air. En y réfléchissant bien je me dis que, vraiment, la fatigue limite grandement mes chances de survie.

Après quinze minutes de marche, je baille aux corneilles. Pendant quelques secondes, j'ai l'impression de perdre l'équilibre et bat des paupières pour essayer de me ramener sur la route. La fatigue devient aberrante. Pour essayer de la chasser, je fais quelque chose qui ne me prend que très rarement : je tente de faire la causette.

- Pourquoi tu voulais m'accompagner ? Demandais-je enfin.

Il ne bronche même pas. Il n'a pas l'intention de me répondre, je sais bien, mais je n'ai pas envie de m'endormir debout. En bonne tête dure que je suis, je le fixe avec insistance. Il m'ignore royalement. Il ne sait pas à quel point il a de la chance ce que j'ai décidé de poser cette question , apparemment.

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