The Eternal Games

VII - Fièvre

Point de vue: Isalyss

Chaud.

Tu avais chaud.

Froid.

En fait non, tu avais froid.

Chaud. Froid. Chaud. Froid.

C'était insupportable, tu ne cessais d'osciller entre chaud et froid, comme si quelqu'un s'amusait à te mettre dans un four puis dans une chambre froide et ainsi de suite. 

Et ces frissons ! Et ces bouffées de chaleur ! Et cette chair de poule ! C'était horrible.

Cette personne ne pouvait-elle donc pas cesser de jouer avec ton corps ?! Bon sang ! 

Tiens ... ne serais-ce pas une voix ? Il te semblait que si.

Mais que disait-elle ? Tu ne comprenais pas ... tu ne comprenais rien. C'était comme si tes oreilles étaient complètement bouchées et que quelqu'un t'appelait au loin ! La voix était si faible, si douce, si ... enfantine. Pourquoi un enfant t'appellerait-il ? Aucune idée.

Et puis d'abord que t'arrivait-t-il ? Bah ça devait pas être important. Si ?

Tu avais beau réfléchir tout n'était que trou noir dans ta tête, comme un immense gouffre. Alors tu réfléchissais toujours plus, à tel point qu'un mal de crâne au début ténu puis de plus en plus douloureux te tenaillait. Tu voulus te saisir la tête entre les mains tellement la douleur était forte mais tu t'aperçu d'une chose: tu n'avais pas de bras. Ni de corps. Tu n'étais qu'un esprit, une conscience flottant dans une immensité monochrome. Tout était noir. 

Tu commençais à paniquer: pourquoi n'avais-tu pas de corps ?! Tout cela est bien trop étrange, tu ne comprends pas. Finalement c'était important le "que t'arrivait-il ?" car cette question se répétait en boucle dans ta tête, se superposant ainsi à ton mal de crâne. La douleur devenait si intense et que tu en aurais hurler si tu pouvais faire autre chose que penser. Tu te sentais sombrer dans ces abîmes sombres, te perdant petit à petit.

S'il vous plaît ... que quelqu'un t'aide !

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Point de vue: Eden

3 jours.

Cela fait 3 jours que grande-sœur est dans cet état.

J'ai peur. Peur de la perdre. De perdre la personne qui s'est toujours occupée de moi depuis le début de ces horribles jeux. Celle qui compte le plus au monde pour moi.

Je sais que je ne suis qu'une enfant et que sans elle je serai sans doute déjà morte.

Elle me manque. 

A ces pensées des larmes dévalent sur mes petites joues et je ne peux m'empêcher de pleurer comme l'enfant que je suis.

J'ai peut-être grandi un peu trop vite mais pas autant qu'Isalyss. Je l'ai vu dans son regard: il a changé. Elle n'a plus la même étincelle dans les yeux, elle est devenue adulte si vite. Elle a beau m'avoir demandé de ne pas grandir trop vite et de rester enfant, je me rends compte que ces paroles auraient dû être pour elle, elle qui me protège depuis plusieurs mois déjà et qui a tout sacrifié jusqu'à tuer quelqu'un pour nous sauver. C'est également elle qui se charge des cadavres que l'on croise sur la route, confiant à Tiphanie la tâche de rester avec nous, la protégeant donc également malgré qu'elle soit plus âges. 

Elle a beau dire que tout ça ne l'affecte pas, même une enfant tel que moi remarque que c'est faux, qu'au contraire ça la change en profondeur. 

Qu'est-ce que ça sera à la fin ? S'il y a une fin ... Je n'ose pas l'imaginer.

Je veux la protéger mais comment faire quand on à que 8  ans ? Quand on est aussi petite et maigrichonne que moi ?! Rien.

Enfin si, la seule chose que je peux faire est de la soutenir moralement et de la soigner du mieux que je peux de cette fièvre qui la ronge.

Alors je ferai tout pour qu'elle aille mieux et à son réveil, je ferai en sorte de revoir un beau sourire sur son visage, un vrai !

Je sais: je ne parle pas comme une enfant de 8 ans. Mais que voulez-vous, nous avons tous dû changer, même un tout petit peu. Isalyss a eu beau réussir à conserver mon âme d'enfant et ma joie de vivre, il lui est impossible de m'empêcher de parler en adulte. J'ai toujours aimé imité les grands mais maintenant je dois faire plus que ça ! Je dois être une grande contre son gré, le temps qu'elle revienne parmi nous.

Elle a l'air de tellement souffrir, ça me déchire le cœur. Elle ne mérite pas tout ça ! Pourquoi elle ?! Je sais qu'aucune personne de notre petite bande ne mérite d'être ici mais elle, elle ne cesse d'enchaîner les épreuves et de souffrir. Et pourtant elle garde toujours le sourire devant nous.

Elle est forte ma grande-sœur, si forte. Je l'envie. Plus tard je serai aussi forte et courageuse qu'elle ! Mais pour ça j'ai  besoin d'elle, je ne veux pas qu'elle nous quitte comme ça ! 

Alors ma grande-sœur de cœur, je t'en supplie ...

reviens !