IX - Le sablier ne se renverse pas ...

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Le soleil faisait enfin son apparition au son de vos rires discrets. Voilà déjà plusieurs heures que vous parliez de tout et de rien, que vous riiez à en pleurer. Dans ces conditions là il était difficile de ne pas faire de bruit mais vous teniez bon. Tiphanie venait tout juste de te raconter la fois où son chat avait fait fuir son plan cul du soir à coups de griffes bien ciblés accompagnés de feulements sauvages. Tout ça pourquoi ? Parce que Paul, car c'était ainsi que son coup d'un soir se nommait, avait osé dire qu'il le trouvait moche. Le chat, ayant visiblement compris, s'était alors vengé et l'avait violemment chassé avant de revenir s'installer sur les genoux de sa maîtresse, la tête haute, visiblement très fier de lui.
Comment ne pas éclater de rire face à une pareille situation ? Il vous avait fallu cinq bonnes minutes pour vous calmer. Et pour cause: les enfants commençaient à remuer sur leurs lits, émergeant lentement de leur paisible sommeil. Eden, toujours allongée sur toi, fut la première à ouvrir les yeux et à te sourire, heureuse de voir qu'il ne s'agissait pas d'un rêve, que tout était réel: tu étais réveillée. Puis ce fut au tour des filles qui en te voyant se ruèrent sur toi, pleurant à chaudes larmes et écrasant au passage Eden. Cette dernière se débattait en riant, tentant vainement de reprendre sa place sur toi, seule. Quand à toi qui auparavant étais redressée sur tes coudes, tu avais cédé sous leur poids, finissant ainsi allongée au sol, riant aux éclats. Tiphanie ne tentait même plus de cacher son rire, plus qu'amusée par la situation. Il ne restait plus qu'une marmotte, étalée de tout son long sur son lit, débordant même sur ceux des filles. Les trois petites diablesses se concertèrent du regard et d'un accord commun se jetèrent sur Eddy et le réveillèrent à coups de chatouilles. Une exclamation d'indignation s'éleva sous les filles suivi d'un rire incontrôlé et de supplications.
Un sourire se forma sur ton visage, illuminant au passage tes yeux d'une douce lueur de bonheur. Voir une telle scène apaisait tes craintes et rallumaient la flamme de l'espoir en toi: tout n'était pas perdu. Les enfants étaient toujours des enfants capables de s'amuser comme les autres. Même s'ils n'étaient plus comme les autres ...
Tu détournas ton regard en direction de Tiphanie, souriante elle aussi, et lui posa enfin la question qui te brûlait les lèvres depuis ton réveil:

- Combien de temps ?

L'ambiance retomba aussitôt et les visages s'assombrirent. Certains fuyaient ton regard tandis que d'autres fixaient le néant, vides de toute vie. Tu ne comprenais pas leurs réactions et ça t'inquiétait. Seule Tiphanie osait te regarder droit dans les yeux, une pointe de tristesse dansant au fond de ses si jolies prunelles. Elle inspira profondément avant de lâcher d'une traite, d'une toute petite voix:

- 1 mois ...

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