XVII.

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La nuit avait envahit ma chambre depuis de nombreuses heures quand un sursaut m'arracha à mes rêves. Le sommeil planait dans ma chambre tel un fantôme se nourrissant de mes peurs les plus profondes. .

Dans l'obscurité, je ne discernais rien, juste les réverbérations des vagues qui s'échouant plus bas donnaient une teinte bleutée au plafond de ma chambre. Il était quatre heures du matin sur mon téléphone quand je vis qu'un numéro inconnu avait essayé de me joindre une quinzaine de fois. Trois messages sur mon répondeur.

Une appréhension s'insinua en moi tel un serpent vicieux, grignotant mes organes les un après les autres. Portant l'appareil à mes oreilles, mon ventre se serra brusquement.

- Vous avez trois nouveaux messages répéta une voix trop parfaite pour être humaine.

J'appuyais machinalement sur la touche 1, les doigts tremblotants à moitié réveillée

- Hier à 23 : 03 : Maïa ! c'est Helenia, On a un soucis avec le patient en isolement rappelle moi... c'est assez urgent.

J'appuyais sur le 2 pour écouter le message suivant,

- Hier à 23 :35 : C'est encore moi. Bordel qu'est ce qui t'a pris ?! Tout le monde cherche à te joindre ici. Rappelle moi si tu veut pas avoir d'ennui.

une inquiétude profonde se répandit dans mes veines.

- Aujourd'hui à 2 : 00 Maia, ici le professeur Hermanst à l'appareil. Pour votre premier jour on peut dire qu'on nous l'avait jamais faite celle la ! Nous avons un gros problème, Je vous prierais de revenir si tôt que vous entendrez ce message. L'heure est grave, il vous faudra assumer les conséquences de vos actes.

Mon sang ne fit qu'un tour en entendant la voix de mon supérieur. Qu'est ce qui avait bien pu se passer pour que l'hôpital m'appelle en pleine nuit sur mon numéro personnel ?

Alors en raccrochant l'appréhension et l'inquiétude laissa place à l'effroi et la peur. L'image du patient allongé et attaché me revint instantanément en mémoire. Je n'avais pas le choix, il fallait que je me rende à l'hôpital.

Il était quatre heure trente du matin, quand je fermais la porte de la maison encore endormie.

La cité de nuit était lugubre, peu de personnes fréquentables traînaient dans les rues désertes éclairées par les lanternes des gondoles accostées. De minuscules lumières flottantes au gré des flots semblait danser sur les vagues silencieuses. On aurait dit un spectacle de lucioles se dandinant pour le plaisir des yeux des courageux. Bravant la nuit noire, seule La pleine lune continuait sa course à travers le ciel jouant à cache-cache avec des nuages solitaires.

Malgré ce spectacle unique le froid me glaça les os. Je tentais tant bien que mal de me réchauffer en soufflant sur mes mains gelées. La vapeur qui s'échappa de ma bouche se fixa sur ma peau puis s'évapora l'espace d'un instant.

Chaque pas, martelant le sol ravivait mon angoisse plus je me rapprochais de l'hôpital.

Je vis non loin de la un homme à moitié endormi sur sa gondole-taxi, , une bouteille de rhum était couchée à ses pieds à moitié vide et un lourd manteau lui recouvrait le corps

J'hésitais à le réveiller vu son état d'ébriété apparent mais l'absence d'âme qui vive à la ronde acheva de me convaincre. Je lui tendit un billet de cinquante dollars qui ne manqua pas de le réveiller instantanément,

- Mazette ! Avec ça je vous emmenerai au bout monde ma p'tite dame !

Ça ira merci, lui répondis je en montant sur la gondole en bois vernis toute bancale.

- Et vous voulez aller où à une heure pareille ?

- Le St Michael's Hospital.

L'embarcation fendit les flots noirs en direction de l'hôpital alors que je finissais ma nuit sommeillant d'un œil à l'arrière de sa gondole.

Les lumière rouge de la face nord du bâtiment,  me réveillèrent quelques mètres avant mon arrivée où un attroupement de junkies étaient avachies.

Me frayant un passage  jusqu'à l'entrée, aidée de mon gondolier, je poussais la porte située sur le côté gauche du building réservé au personnel soignant. Je le remerciai chaleureusement et lui tendit un pourboire généreux. Il m'embrassa les mains puis repartit dans la nuit noire telle une ombre qui n'avait jamais existé. Avec ces sous il aurait sans doute de quoi se nourrir pendant un bon mois, mais je ne me faisait pas d'illusion en sachant qu'il allait finir sa nuit dans la taverne du coin une nouvelle bouteille de rhum à la main. 

Quelques minutes plus tard la porte du service apparut devant moi. Je soufflais un bon coup afin d'évacuer toute la peur qui obscurcissait ma vue et pénétra dans le service. 

Un mauvais pré-sentiment me submergea , je savais que j'allais regretter certains de mes choix.


Airstronomy ( EN COURS D'EDITION SORTIE 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant