XIX.

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Aucune émotion ne s'exprima sur son visage pendant les quelques minutes d'éternité qui nous séparait de son bureau. Sa mâchoire carrée était crispée,contractée et je pouvais voir ses poings serrés le long de sa blouse blanche. Une tension intense s'échappa du silence et se répandit dans l'air.

Malgré son physique de beau père idéal, tout en lui dégageait la droiture et l'impartialité. Aussitôt passée la porte de son bureau, il la ferma brusquement avant de s'asseoir à son bureau.

- Professeur Hermanst il me semble que je vous dois des explications ..

- Et comment ! me coupa t'il ! d'un air froid et calculateur

- Vous rendez vous compte que vos bêtises ont couté la vie à un de nos patient aujourd'hui ?!

- Je ...

- Laissez moi parler me coupa t'il ! Je ne veux plus entendre Un mot de votre part. Votre acte est impardonnable. Vous avez désobéi. Vous avez écouté vos émotions. Vous n'avez pas su dresser des barrières entre vous et les autres. Rien ne doit vous atteindre vous comprenez ?! Ces gens sont des fous, qui ne méritent pas d'être écoutés. Nous les soignons, nous les aidons. Rien d'autre ne compte.

- Nous les instrumentalisons ... ajoutais en relevant la tête, affrontant son regard.

- Pour leur bien ! Croyez vous que cela me fait plaisir d'attacher mes patients ? de les placer en isolement contre leur gré ?

- Comment est-il mort ?

- Il s'est déconnecté me lâcha t'il en plongeant ses yeux dans les miens comme pour me jauger.

La déconnection était un acte de suicide nouvelle génération disait t'on. C'était un acte presque courant dans les quartiers populaires. Il représentait la rébellion. Tantôt mis sous silence par le gouvernement, il pouvait aussi être utilisé à des fins politiques pour dénoncer ce vent invisible qui gagnait du terrain parmi les ennemis de la république. Il n'était pas rare de voir des cas isolés comme groupés florissant dans la cité. Mais cette fois ci c'était différent. J'étais horrifiée. J'imaginais l'homme que j'avais vu quelques heures plus tôt s'arracher ses fils le reliant à ses bouteilles d'air comprimé. Je l'imaginais suffoquant quelques secondes plus tard et tomber en une masse inerte sur le sol. La mort était rapide. L'air toxique s'insinuant dans ses narines, dans ses poumons, dans son corps, et détruisant tout sur son passage. L'agonie était silencieuse, mais cruelle. L'asphyxie inévitable.

- Parfois il faut savoir appliquer les règles de gré ou de force. C'est ce que votre père aurait du vous apprendre. Il n'en a visiblement pas eu le temps....

Comprenant que je devais me taire si je voulais espérer survivre à cet épisode. Je comprimai mes lèvres l'une contre l'autre. Je baissais la tête, penaude alors que j'aurai voulu la relever. Je lui aurai craché dessus si j'avais pu. A la place de ça je me mettais dans la peau de la bonne petite soldate qui rentre dans le rang. Mais jusqu'à quand ?

- Cela ne se reproduira plus. Je ferais ce que vous me dites ajoutai je .. A une condition : Je veux voir le voir.

- Impossible ajouta t'il visiblement mal à l'aise.

- Le corps a été envoyé au sous sol de la morgue et le rapport d'autopsie conclura à un suicide sans que vous y soyez mentionné. C'est votre seul et dernier avertissement qui vous coûtera une semaine d'arrêt. Vous n'aurez pas de deuxième chance..Heureusement que ce n'était qu'un fou après tout !

- Voyons, le bon coté des choses, au moins cela vous aura servi de leçon...

Profondément choquée, mon visage ne laissa pourtant transparaître aucune émotion. Feindre la tristesse c'était le mieux à faire pour le moment.

- Je tacherai de ne plus vous décevoir professeur ajoutais-je d'une voix tremblotante tandis que mon oxycaptor émit un Bip.

Je quittais la pièce quelques minutes plus tard, encore sonnée de enchaînement des événements, tous plus surréalistes les uns que les autres.

C'est le pas lourd que j'empruntais l'ascenseur privé des Douarton. Il était Six heure du matin. Si tôt les portes refermées, je plaquais mon dos contre la paroi métallique et me laissa glisser par terre.
En voulant faire le bien, J'avais tué un homme aujourd'hui. Et ce qui menaçait de m'achever, c'était que ma seule erreur avait été de trop écouter mon cœur.

Mais, j'avais maintenant une certitude. On tentait de me dissuader d'enquêter sur ce patient. Et quoi de plus attirant pour quelqu'un que des interdictions à franchir ?

La morgue serait mon premier point de départ. Il ne nous restaient plus qu'a élaborer un plan. 

En me rebranchant au réseau Oxy de Naos, je lui racontait toutes les découvertes et horreurs qui avaient accompagnaient ma journée. Mes idées tourbillonnaient tel un typhon dans ma tête martelant mon crâne : Que se cachait-il au sous sol de cette morgue que l'on ne voulait pas exposer au grand jour ?


Airstronomy ( EN COURS D'EDITION SORTIE 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant